Les déchets plastiques relatent l’histoire de polymères puissants, capables de résister aux pouvoirs de dégradation de l’environnement, ce qui leur permet de voyager partout dans le monde et de faire des ravages sur la faune et les humains. Pour illustrer le phénomène, l’image du plastique dans les milieux aquatiques est forte. Surtout lorsque l'on sait que des fragments de ces produits trouvent leur chemin dans les tissus de certains organismes que nous consommons par la suite. Heureusement, la demande des consommateurs commence à changer et en conséquence, les détaillants mettent de la pression. De plus en plus de gens désirent un changement de l'industrie vers des produits plus sains, plus durables et à moindre impact environnemental.

Quelques chiffres sur le plastique

  • 634 milliards de livres (287 577 tonnes) de matières plastiques sont produites annuellement
  • 8 % de l’industrie pétrochimique est liée à la production du plastique
  • 70 % des principaux produits chimiques retrouvés dans l’environnement sont issus de la production de plastiques (éthylène, propylène, xylène, benzène, chlore, butadiène, méthanol) – soit 264,42 millions de tonnes métriques
  • 38 265 753 millions de livres (17 357 tonnes) de déchets éliminés sur site et hors-site, aux États-Unis, sont des matières plastiques (source : EPA agency)

Les plastiques, à base de combustibles fossiles, reposent principalement sur ​​des produits chimiques intrinsèquement dangereux (toxiques, cancérogènes, ayant un impact sur la reproduction et le développement, perturbateurs endocriniens, etc.). Des produits chimiques malsains, autant pour les humains que pour l'environnement.

Les risques inhérents aux plastiques abondent.

Le chlorure de polyvinyle (PVC) est fabriqué à partir du monomère de chlorure de vinyle (VCM) et de dichloroéthane, tous deux cancérogènes. Le polystyrène est fabriqué à partir du benzène et du styrène, tous deux également cancérogènes. Le polycarbonate est fabriqué à partir d’un puissant perturbateur endocrinien, le bisphénol A (BPA). Sans parler des retardateurs de flammes, que l’on retrouve maintenant partout. La liste est longue

Le moyen le plus efficace de réduire les risques associés à ces produits chimiques est encore de les éviter en premier lieu. Cela permettrait de limiter les consommateurs à leur exposition, bien entendu, mais également les fabricants et communautés exposés lors du recyclage, de l’enfouissement et de l’incinération. Utopique, l’abolition totale des plastiques? Oui, absolument. Il existe tout de même des solutions de rechange. 

Réduire l’empreinte écologique des plastiques est une entreprise difficile. Bien que des progrès significatifs aient été faits du côté de la production de produits chimiques plus sûrs et d’alternatifs intéressants, il reste encore beaucoup de place pour l'améloration. 

Une étude à ce propos est parue en juillet 2014 : The Plastics Scorecard ; Evaluating the Chemical Footprint of Plastics. Résultat de plusieurs années de discussions, débats, tests et études sur l’empreinte environnementale et l’impact sur la santé des plastiques, l’étude réalisée par Mark S. Rossi, Ph.D. et Ann Blake, Ph.D. vise à fournir des pistes concrètes afin de rendre les polymères plus durables et plus sains, autant en ce qui concerne leur fabrication et leur durée de vie utile que leur gestion en fin de vie. The Plastics Scorecard est à la fois une évaluation de l’empreinte de différents plastiques et un guide de sélection pour des alternatifs plus sains. Voici un aperçu…

STRATÉGIES À PRENDRE POUR RÉDUIRE L’EMPREINTE PLASTIQUE

Vers des produits plus sains dans l'industrie des polymères
© Plastic Scorecard, Clean Product Action, 2014

La figure ES-1, en présentant une analyse de l’empreinte des principaux plastiques retrouvés sur le marché, fournit une première piste de réflexion pour l’acheteur, le concepteur et le fournisseur. Si vous devez utiliser du plastique, optez pour l'acide polyactique, le polypropylène ou le polyéthylène, si possible. Idéalement, on évite le polychlorure de vinyle (PVC) et le polystyrène.

Une fois les meilleurs et pires plastiques identifiés, on doit :

  • Se demander : est-ce nécessaire? Par exemple, est-ce qu’un retardateur de flammes dans le matelas de mon bébé est utile?
  • Utiliser des additifs plus sains ou des polymères moins nocifs – Si l’additif est nécessaire, il y a des alternatives saines possibles et disponibles. Par exemple, l’industrie du PVC utilise généralement du phtalate comme stabilisant et du BPA comme antioxydant. Cependant, afin de d'améliorer son image, l’industrie a évolué très rapidement et est aujourd’hui en mesure d’offrir des produits de PVC sans ces ajouts nocifs, remplacés par des ajouts de polyoléfine (impacts minimaux sur la santé et l’environnement - voir aussi le uPVC).
  • Fermer la boucle en privilégiant les plastiques à contenu recyclé ou post-consommation – L’utilisation de contenu post-consommation a le potentiel de réduire considérablement l’empreinte totale d’un produit. 

EST-CE NÉCESSAIRE À LA PERFORMANCE DU PRODUIT ?

Plusieurs additifs sont introduits dans de nombreux articles à cause de lois désuètes, de raisons historiques ou encore, par une puissante industrie pétrochimique qui veut rester lucrative. Il revient donc au consommateur de faire ses propres recherches et de choisir des articles sans ajouts. Du côté des fabricants, une poussée en R&D, telle que celle réalisée par cette étude, peut aider à réduire l'utilisation des additifs. Même si les additifs s’avèrent nécessaires, il y a encore des solutions. 

 UTILISER DES ADDITIFS OU DES POLYMÈRES MOINS NOCIFS

POLYOLÉFINE : Polymère synthétique issu de la polymérisation d’une oléfine (mélange de carbone et d‘hydrogène). Hydrophobe, il possède une grande inertie chimique, mais est sensible aux UV et résiste peu à l’inflammation. 

Les principaux éléments affectant l’empreinte environnementale des plastifiants sont les additifs qui s’y retrouvent. Cela ouvre la voie aux produits issus d’une chimie plus «verte»; soit l’ensemble de principes qui réduit ou élimine l’utilisation de substances dangereuses lors de la conception, de la fabrication, de l’utilisation ou du rejet d’un produit. Ici, on ne parle pas nécessairement de bioplastiques, mais de produits pétroliers moins néfastes (voir graphique ES-1).

Pour bien comprendre l’impact de meilleurs produits plastiques, voici un exemple comparatif de sacs plastiques utilisés pour les intraveineuses dans les hôpitaux. 

Tableau 1 : Sac en PVC plastifié avec du xylène et des phtalates (DEHP)

Ingrédient chimique Poids Éléments chimiques – haute dangerosité
Polymère : PVC 68,80 % * *

Plastifiant (DEHP)

30,00 % DEHP 30,00 %

Antioxidants (incluant le BPA)

0,50 % BPA 0,50 %

Monochlorure de Vinyle

0,0001 % VCM 0,0001 %
Autres agents Inconnu Inconnu Inconnu
TOTAL 100 % Aux moins 3 éléments 35 %

 Ici le plastifiant est ajouté au PVC pour le rendre malléable, puisque ce dernier ne l’est pas naturellement. La polyoléfine est malléable et n’a donc pas besoin d’ajout de plastifiants. Voyons les résultats de cette modification dans le tableau 2.

Tableau 2 : Sac en polyoléfine  

Ingrédient chimique Poids Éléments chimiques – haute dangerosité
Polymère : composé de polyoléfine et de polypropylène 99,39 % * *
Autres agents (lubrifiants, peroxide, solvent, BPA-0,003%) Inconnu Inconnu Inconnu
TOTAL 100 % 0 élément 0 %

* Impact négligeable sur la santé et l’environnement (excluant les cycles de production et la gestion en fin de vie).

Le polyéthylène (PE) est un des polymères les plus simples et les moins chers à produire. Les utilisations les plus courantes sont les sacs de plastique, les bouteilles et les récipients souples (pour le shampoing, par exemple). Ils sont identifiés par les sigles "2" et "4". Leur impact sur la santé est négligeable.

Le choix de sacs plastiques en polyoléfine plutôt qu’en PVC aurait permis, entre 2008 et 2013, d’éliminer :

  • 1 543 467 livres de PVC
  • 673 023 livres de phtalates
  • 33 651 livres de BPA

FAVORISER LE CONTENU RECYCLÉ

L’utilisation de contenu recyclé élimine rarement complètement la nécessité de plastique vierge. Bien souvent, les entreprises ne peuvent pas utiliser du plastique recyclé à 100 %, généralement pour des raisons de performance. Ce qui nécessite l'utilisation - et donc la production continue - de certains polymères vierges. Reste que l’utilisation de contenu recyclé post-consommation a le potentiel de réduire considérablement l'empreinte d'un produit plastique et de contourner plusieurs des impacts liés à la fabrication des polymères. Un bon choix, donc.

LE CAS DES BIOPLASTIQUES

Issus de ressources renouvelables (maïs, patate, canne à sucre, huile, blé, etc.) les bioplastiques sont biodégradables et souvent recyclables. Leur production entraine moins de GES que celle des plastiques issus du pétrole (environ 68 % de moins)*. Leur production soulevant la question de la création d’une bioéconomie mondiale pouvant entrainer la déforestation, une surutilisation de terres arables et des problèmes au niveau de l’approvisionnement alimentaire, ils sont davantage préférables s’ils sont issus des sous-produits agricoles ou forestiers.

Malgré l’avancement de la recherche, les bioplastiques ont encore aujourd'hui un point dévarable : leur faible point de fusion. Une petite chaleur peut suffire à les faire fondre... Pas très pratique, surtout en ce qui a trait au bâtiment, que l’on veut le plus durable possible. On les utilise plutôt pour des emballages, sacs poubelles, articles jetables et dans le secteur de l’alimentation.

SECTEUR DU BÂTIMENT : EXEMPLE D’INITIATIVE PRISE AFIN DE LIMITER L’UTILISATION DE PLASTIQUES NOCIFS

Initiative : Perkins+Will Precautionary List (P+W, 2014)  

Pourquoi? : Fournir aux acteurs de l’industrie de l’information quant aux matériaux de construction et de meilleures alternatives.

Comment? : La liste comprend un total de 25 substances et groupes de substances rencontrés dans les bâtiments et identifiés comme ayant des impacts négatifs sur la santé. Elle offre des informations détaillées sur leurs effets sur la santé, ainsi que des solutions de rechange. 

CONCLUSION

Malgré l’impact important des plastiques et des plastifiants, il paraît illusoire de considérer le retrait absolu de ces produits omniprésents dans notre quotidien. Avec cette réalité en tête, l’étude reflète une promesse d'avancée intéressante pour une industrie plastique qui devra réduire, au moins un peu, son empreinte globale.

Pour en savoir plus sur le plastique :