Le programme de reconnaissance Living building challenge ne fait pas de concessions. Il est applicable à tous types de projets : rénovations, constructions neuves, aménagement paysager, ou même développements de quartiers. Pour se voir attribuer cette certification de haut vol, le projet doit passer à travers 20 mesures obligatoires regroupées en sept catégories ou « pétales » : site, eau, énergie, santé, matériaux, équité, et beauté. Fait surprenant et novateur : la beauté et l’esprit du projet font partie intégrante du programme et des éléments de design qui éveillent la sensibilité des occupants doivent être intégrés pour que le projet soit admissible à la reconnaissance. C’est que le « Living building challenge » (ou LBC) est un outil pour mettre en œuvre des « bâtiments vivants », inspirés de la nature, et fonctionnant avec « l’élégance et l’efficacité d’une fleur».

Les origines

A l’origine, le LBC est l’initiative du Cascadia Region Green Building Council, la section Pacifique nord du Conseil du Bâtiment durable du Canada et du USGBC. L’équipe qui a planché sur la mise sur pied du programme est partie du principe du biomimétisme selon lequel la nature et le vivant sont tellement efficaces que copier leur fonctionnement pour des réalisations humaines amène à une meilleure performance.

La démarche adoptée par l’équipe est résumée ainsi : « Imaginez un bâtiment conçu et construit pour fonctionner avec autant d’efficacité et d’élégance qu’une fleur : un bâtiment conçu selon les caractéristiques de son écorégion, qui génèrerait tous ses besoins en énergie via une source renouvelable, qui capturerait et traiterait toute l’eau générée sur le site et ce avec un résultat à la fois efficace et rempli de beauté. ».

Le challenge…

Le LBC cherche à faire sauter les barrières de nos esprits et à pousser plus loin nos projets de design et de construction durables en nous montrant qu’une autre société est possible : un monde plus juste où les ressources seraient partagées de façon équitable.

La certification n’est attribuée qu’après une année entière de fonctionnement car les performances du projet sont testées sur quatre saisons. De plus, l’équipe du projet doit rassembler et présenter tous les documents prouvant que le projet répond à toutes les exigences du programme.

Les 20 prérequis nécessaires à l’obtention de la certification ont tous déjà été mis en application sur des projets de design ou de construction et ne sont donc pas des défis technologiques insurmontables. Par contre, tous ces aspects n’ont jamais été réunis sur un même projet et c’est en cela que le LBC est un véritable challenge. Celui-ci est un peu à l’image de Roger Bannister qui fut le premier à courir un mile en moins de quatre minutes alors que cet exploit semblait hors de portée de l’espèce humaine.

Les maisons les plus écologiques du monde : aucune concession

Le LBC a décidément pensé à tout et les projets qui réussiront à relever le défi pourront se vanter d’être les plus écologiques et équitables au monde. Autonomes en eau et en énergie, sans aucune empreinte carbone ou écologique, construits avec les matériaux les plus sains disponibles, optimisés pour la mise en valeur des déchets, accessibles à tous, avec une capacité de production de nourriture, etc.

Un des points les plus entreprenants que le LBC impose est de bannir complètement du projet à certifier  des produits avérés ou présumés dangereux pour la santé ou pour l’environnement : PVC, amiante, plomb, mercure, retardateurs de flamme halogénés (comme le brome), les phtalates, etc. C’est le seul programme à ma connaissance allant si loin dans ce domaine. Qui plus est le LBC, est dans un processus d’amélioration continue alimenté par les retours d’expérience des projets en cours de certification. Ainsi, des questions pointues comme le confort acoustique, la protection contre les champs électro-magnétiques ou le bilan carbone ne sont pour l’instant pas abordées dans le LBC, mais le seront sûrement dans les prochaines versions de la certification.

Et ça coûte combien?

La question du surcoût des bâtiments verts reste complexe car elle dépend beaucoup du type de projet, de sa localisation, du climat, de l’équipe, etc... Tout comme pour un bâtiment classique, en fait! Une étude intitulée « The living building financial study » publiée par le Cascadia Region Green Building Council en 2002 donne une bonne idée des surcoûts et retours sur investissement générés par les projets LBC.

Difficile à détailler ici, cette étude se montre encourageante quant au développement de bâtiments vivants à grande échelle. Elle met aussi l’emphase sur le rôle que le coût de l’électricité et de l’eau jouent pour calculer les périodes de retour sur investissement d’un projet de ce type puisque autonome en énergie et en eau il coûtera très peu en opération.

Une vague d’optimisme

Ce programme est la preuve optimiste qu’une transformation révolutionnaire de l’industrie du bâtiment est possible en plaçant les bons outils dans les mains de personnes passionnées, sensibles et bien informées. Une soixantaine de projets sont déjà en cours de certification dont une dizaine au Canada. Cet été, quatre premiers projets devraient recevoir la certification dont un projet résidentiel canadien situé à Victoria, sur l’île de Vancouver. Pas encore de projets québécois enregistrés… A vous de jouer!

Les 20 prérequis du programme

  1. Sélection responsable du site : Le projet ne doit pas être implanté dans un habitat écosensible (milieux humides, forêt vierges, etc), ni sur des terres agricoles (à moins que le projet soit une ferme). Il doit aussi être hors de la zone de crue centenaire.

  2. Agriculture urbaine : le projet doit prévoir des espaces réservés à la production de nourriture.

  3. Échange de l’habitat : pour chaque acre développée, une acre doit être affectée à la compensation d’habitat naturel.

  4. Vie sans voiture : le projet doit contribuer à ce que les déplacements à pied ou à vélo soient privilégiés et doit se situer à proximité de services.

  5. Eau net zéro : l’eau utilisée dans le bâtiment et sur le site doit être de l’eau pluviale ou de l’eau grise traitées sans procédés chimiques (excepté quand cela n’est pas permis par les lois de la région où se situe le projet).

  6. Écoulement des eaux : 100% des eaux pluviales et des eaux grises du bâtiment doivent être traitées sur place et réintégrées dans le projet.

  7. Énergie net zéro : 100% des besoins énergétiques du bâtiment doivent être satisfaits par la production sur place d’énergie renouvelable.

  8. Environnement civilisé : tous les espaces intérieurs doivent avoir des fenêtres ouvrantes pour donner accès à la lumière naturelle et à l’air frais.

  9. Air sain : les entrées doivent être équipées de systèmes retenant la saleté, certains espaces comme la cuisine et la salle de bain doivent avoir leur propre système de ventilation, le renouvellement de l’air doit atteindre la norme ASHRAE 62 et des détecteurs de monoxyde de carbone ainsi que des moniteurs surveillant le niveau d’humidité et la température doivent être installés. Les projets LBC sont non fumeurs.

  10.  Biophilie : le projet doit intégrer des éléments qui nourrissent l’attraction humaine pour les systèmes naturels : formes ou motifs inspirés de la nature, lumière et espace, lieu favorisant les échanges, etc.

  11. Liste rouge des matériaux : partant du constat que les produits les plus dangereux (DDT par exemple) ont d’abord été utilisés en toute insouciance avant d’être finalement interdits, le LBC préfère appliquer le principe de précaution et a dressé une liste rouge de produits qui ne devront pas faire partie du projet à certifier : formaldéhyde ajouté, ignifugeants halogénés, polychlorure de vinyle, etc.

  12. Empreinte carbone globale : les équivalents CO2 générés lors de la construction et pour la fabrication des matériaux doivent être compensés par le financement de projets de fixation du carbone (plantations, etc).

  13. Industrie responsable : tout le bois utilisé pour le projet doit soit être certifié FSC (Forest Stewardship Council) soit provenir du site même, soit être récupéré.

  14. Matériaux et services locaux : les matériaux et services nécessaires au projet doivent provenir d’un rayon ne dépassant pas 400km pour des matériaux lourds, 2400km pour des consultants, 14400km pour des équipements en énergie renouvelable, etc.

  15. Conservation et réutilisation des matériaux : L’équipe de projet doit considérer l’emploi de matériaux récupérés, trier les déchets du chantier et faire un plan pour optimiser la récupération en fin de vie du bâtiment.

  16. Échelle humaine : le projet doit rester à échelle humaine, privilégier des designs qui favorisent l’humain plutôt que la voiture, créer des espaces qui facilitent les échanges et interactions.

  17. Démocratie et justice sociale : les chemins et les aménagements extérieurs doivent être accessibles à tous.

  18. Droit à la nature : le projet ne doit pas bloquer ou diminuer l’accès du voisinage à l’air frais et au soleil. Le projet doit laisser à tous l’accès aux voies d’eau.

  19. Beauté et esprit : intégrer des éléments de design pour rendre le projet de bonne qualité esthétique afin d’améliorer le bonheur des occupants, célébrer la culture et l’esprit du lieu.

  20. Inspiration et éducation : le public doit pouvoir avoir accès au bâtiment au moins une fois et du matériel éducationnel doit être distribué au public.

Vous en savez maintenant davantage sur la prestigieuse certification LBC. Sachez que vous pouvez relever le défi au Québec, car les documents ont tous été traduits en français et la certification adaptée à notre Province. Aussi, découvrez les maison les plus écologiques du monde inscrits au LBC :