La question des surcoûts de construction est une des premières à être posée lorsqu’on aborde le sujet des maisons écologiques. Et d’autant plus si les dites maisons visent la prestigieuse certification LEED qui labellisera leur vertitude! A croire que les maisons écologiques doivent forcément avoir un signe de piastre collé sur leur fronton.

Gestes écolos gratuits

Le préjugé selon lequel habiter une maison saine et écologique serait réservé exclusivement aux gens aisés reste difficile à combattre. Pourtant, le système d’évaluation LEED Canada pour les habitations, qui mesure la performance écologique des constructions résidentielles, reconnaît plus de 50 mesures qui diminuent l’empreinte écologique d’une maison et qui n’ajoutent aucun coût à la construction. Parmi celles-ci :

  • concevoir son réseau de plomberie de façon compacte (pour économiser l’eau et l’énergie);
  • ne pas construire de garage attenant à la maison (pour éviter qu’il pollue les pièces de vie);
  • boucher tous les conduits lors du chantier (pour y éviter l’accumulation de la poussière);
  • réduire ses déchets de chantiers;
  • concevoir un vestibule d’entrée assez large (pour permettre aux visiteurs d’enlever et de ranger leurs souliers);
  • orienter la majorité des fenêtres du sud-est au sud-ouest (pour bénéficier au maximum des apports thermiques du soleil).

Atteindre le niveau Or de la certification LEED est possible sans surcoût

Une étude menée en 2009 par les consultants américains Jay Hall Associates (jayhall.com) a même démontré qu’il est possible d’atteindre le niveau Or de la certification LEED sans dépenser un cent de plus par rapport à un chantier d’habitation classique. Le but de l’étude était en fait d’aider Habitat pour l’Humanité, cet organisme à but non lucratif dont la mission est de construire à moindre coût et à l’aide de bénévoles des maisons revendues à prix coûtant à des familles aux revenus modestes, à déterminer la faisabilité de certifier LEED tous ses projets d’habitation. Grâce à cette étude, l’organisme fait maintenant certifier LEED la quasi-totalité de ses projets.
 
La firme de consultants a passé au crible plus de 100 mesures reconnues par le système LEED. Elle en a déterminé le coût global de chaque mesure en tenant compte non seulement de son prix initial mais aussi des éventuelles économies — d’énergie, par exemple — qu’elle pouvait engendrer. Le tout fut ensuite ramené à un coût mensuel net sur l’hypothèque.
 
Par exemple, supposons que votre banque vous accorde une hypothèque de 200 000$ payable sur 25 ans à un taux d’intérêt de 5 %. Maintenant, imaginons que vous décidiez d’ajouter 2 000$ à votre hypothèque pour rendre votre future maison la plus hermétique possible et effectuer un ou des tests d’infiltrométrie pour vous en assurer. Cela ne vous coûtera que 12 $ de plus par mois sur votre hypothèque. Par contre, grâce à cette mesure, vous diminuez votre consommation d’énergie de 10 %, ce qui vous fait gagner 15$ par mois. En somme, les 2 000 $ investis dans l’étanchéité accrue de votre maison ne constituent donc pas une dépense car ils génèrent un profit mensuel net qui ira en s’accroissant avec les hausses inévitables du prix de l’énergie. Il serait dommage de vous en priver!
 
À l’inverse, d’autres mesures écologiques reconnues par le système LEED ne sont pas du tout rentables. Un bon exemple en est l’installation d’un système photovoltaïque produisant de l’électricité à partir de la lumière solaire. Ce type d’équipement est encore trop dispendieux pour que les économies d’énergie qu’il engendre puissent permettre de récupérer l’investissement initial avant plusieurs décennies.
Il est essentiel de démêler les différentes options écologiques qui s’offrent à nous lorsque l’on se lance dans la construction d’une maison. Sinon, l’on risque de tomber dans le piège du château écologique bourré de techno-gadgets impossibles à rentabiliser.

La maison écologique abordable est de taille raisonnable, elle repose sur une conception intelligente et efficace, et mise avant tout sur d’importantes économies d’énergie.

Le choix de matériaux durables est souvent rentable aussi. Par exemple, une toiture en acier inoxydable est 30 à 50 % plus chère à l’achat qu’une toiture en bardeaux d’asphalte. Néanmoins, son surcoût initial est largement compensé par la durabilité de l’acier : cette toiture verra passer un minimum de trois générations de toitures en bardeaux d’asphalte avant de devoir être refaite. Bref, à long terme, un toit en tôle vous coûtera moins cher qu’un toit en bardeaux d’asphalte qui devra être refait avant que vous n’ayez fini de rembourser votre hypothèque…
 
Obtenir la certification LEED avec un budget restreint? Oui, c’est possible! Les logements sociaux en cours de certification LEED au Québec en font la démonstration avec un budget prévu ne dépassant pas 100 $ du pied carré. Leur recette? Une conception intelligente, des choix raisonnés, une vision à long terme.