Afin d’aller plus loin et de donner des outils concrets aux décideurs et citoyens pour éliminer la voiture de nos quartiers, de nos villes et de nos vies, le Centre d’écologie urbaine de Montréal organise une série d’évènements sur cette thématique cette semaine.

Ce mercredi avait lieu une conférence sur les quartiers sans voitures. Imaginez votre quartier libéré de toute circulation automobile et dont les abords ne seraient pas défigurés par des stationnements asphaltés. Trois conférenciers, deux allemands et une norvégienne sont venus nous donner un avant goût de ce que pourrait être notre vie sans voiture. Ulrike Reutter, directrice de recherche du département Mobilité de l’ILS (Institut de recherche pour le développement urbain et régional de Dortmund en Allemagne ; Markus Heller, architecte et président de Autofrei wohnen (Car-free living) à Berlin ; et Christine Ericson, directrice du département de l’aménagement et du développement de l’Agence des routes et du transport de Norvège.

Cette conférence donnait un bon aperçu de ce qui se fait dores et déjà en Europe pour limiter ou complètement éliminer la circulation automobile dans certains quartiers. Les urbanistes allemands, par exemple, peuvent créer des zones « sans voitures » dans lesquelles les occupants n’ont pas le droit ni de circuler en auto ni même d’être propriétaire d’une voiture… S’ils décident d’en acheter une, alors ils seront contraints de déménager ! Dans le même ordre d’idée, depuis 1997, le code d’urbanisme de Berlin n’autorise aucun stationnement dans les nouveaux quartiers développés.

Ce type d’outils peut sembler trop contraignant… Comment peut-on oser s’attaquer à notre sacro-sainte liberté d’être l’heureux propriétaire d’une voiture ? Et pourtant, les expériences relatées pendant la conférence ont fait leurs preuves et sont de véritables réussites : comment se l’expliquer et surtout s’en inspirer pour donner un souffle d’air frais à nos quartiers congestionnés ?

 

Conditions favorables à l’aménagement d’un quartier sans voiture

La réussite d’un quartier sans voiture dépend de plusieurs facteurs. Le premier de tous : la localisation du quartier et la façon dont il est desservi par les transports en commun. Le deuxième : la mixité des usages, c’est-à-dire, la présence dans le quartier de tous types de services : habitations, écoles, magasins, bureaux, etc. Pour ces raisons et aussi parce qu’il est plus difficile de changer des habitudes déjà installées, les quartiers sans voitures qui réussissent sont la plupart du temps des développements de quartiers neufs.

Concrètement, quelles sont les solutions proposées aux habitants de ces quartiers pour remplacer leur voiture ?

 

Des stationnements sont la plupart du temps disponibles aux abords de ces quartiers pour des voitures partagées, les visiteurs ou les voitures des résidents (lorsqu’ils ont le droit d’en posséder une). Les transports doux comme la marche ou le vélo sont facilités car les rues sont aménagées pour eux et non pas par rapport au trafic routier : rues curvilignes, largeurs moindres, et très important : stationnements à vélo à foison, à la fois en intérieur et à l’extérieur.

Mais, me direz-vous, comment font ces gens pour ramener à la maison leurs courses, leurs bouteilles d’eau, leur frigo, etc ?! Les voitures partagées sont alors de bonnes alternatives tout comme la livraison à domicile. A vélo, il suffit parfois d’ajouter un « trailer » à l’arrière pour régler ce problème. Des chariots (ou diables) sont aussi mis à disposition dans certains quartiers car ils permettent de transporter de lourdes charges à pied.

Pour sortir de la ville, le transport en commun, la location d’auto, le cyclotourisme sont souvent les solutions préconisées : cela prend plus d’organisation et de planification que quand on a sa propre voiture, mais ça marche.

 

La preuve par exemple

Vous n’y croyez toujours pas ? De nombreux exemples développés pendant la conférence ont leur propre site Internet. Voici donc quelques références qui pourront vous donner l’eau à la bouche…

  • Amsterdam – Westerpark : GWL terrein
  • Vienna – Floridsdorf : Nordmanngasse --- www.schindler-szedenik.at
  • Cologne – Nippes : Stellwerk60 --- www.stellwerk60.de
  • Berlin – Mitte : Mauerprojekt Bernauer Strasse
  • Münster – Gartensiedhung : Weissenburg

Au final, les quartiers sans voiture présentés fonctionnent à pleine capacité. Pour certains, des listes d’attentes ont même été mises en place pour répondre à la forte demande. C’est que les quartiers sans voiture sont nécessairement moins bruyants et offrent une meilleure qualité de vie aux occupants. Ils sont aussi plus sécuritaires pour les piétons. Les enfants peuvent par exemple jouer dans la rue sans risquer de se faire frapper par une auto. L’espace d’ordinaire consacré à la voiture (stationnements, voies de circulation, garages) est utilisé pour créer des espaces de rencontre, des aires de jeux, des aménagements paysagers, etc.

Qu’attendons nous pour abandonner notre voiture ? Il est temps que nous nous mobilisions tous; collectivités, citoyens et élus, main dans la main pour « libérer tous ces piétons enfermés dans leurs voitures» !

Note : l'expression "libérez les piétons enfermés dans les voitures" est empruntée au collectif « rouler à vélo » qui organisait ce même soir l’événement « en vie sans ma voiture ». Opération presque théâtrale symbolisant la plus grave conséquence de la culture automobile : la mort.

Pour aller plus loin :

Le Centre d’écologie Urbaine de Montréal organisera d’autres activités cette semaine, notamment la piétonisation d’un jour de certaines rues qui sera un rassemblement de présentation de bonnes idées pour se passer de sa voiture, le tout dans une ambiance décontractée et festive.