C’est un rapport du Comité consultatif sur les énergies renouvelables qui ne voulait pas sortir des tiroirs. Mais à l’occasion du départ de la ministre des ressources naturelles Nathalie Normandeau, le tiroir s’est entrouvert. Et la Presse révèle ce matin qu’il contient une proposition qui déplaît fortement à Hydro-Québec : le tarif de rachat garanti (feed-in-tariff) pour les énergies renouvelables. « Ce système offre un prix avantageux sur une longue période aux entreprises qui investissent dans la recherche, la mise au point et la commercialisation d'énergie vertes, comme le biogaz, la biomasse, le solaire photovoltaïque, le solaire thermique, les hydroliennes et les petites éoliennes », explique Paul Journet de la Presse. Sur les onze membres du Comité consultatif, seulement un est opposé à ce principe. Une quasi-unanimité qui dérange Hydro-Québec, soucieux de ne pas dépenser.

De nombreux pays pratiquent ce « rachat garanti » pour pousser les particuliers et l’industrie à adopter les énergies renouvelables, notamment solaires. A commencer… par notre voisin l’Ontario, en pointe sur le sujet. Mais au Québec, Hydro n’achète pas l’électricité solaire produite par des particuliers et petites compagnies, mais crédite simplement leur compte en kWh, et les crédits expirent après deux années seulement. Ce qui ne permet pas de rentabiliser le coût de l’installation, soit 10 000 $ au minimum! L’énergie solaire photovoltaïque coûte au Québec cinq fois plus cher que l’hydro-électricité…

Hélas, du côté de l’Ontario, ce programme très ambitieux, destiné à supprimer les centrales à charbon, a du plomb dans l’aile. Considéré comme trop généreux (l’électricité solaire est rachetée à hauteur de 44,3 à 80,2 cents le kilowattheure ), il n’a pas pour l’instant les résultats escomptés, la création de milliers d’emplois dans le domaine des énergies renouvelables. Hydro serait cependant bien inspiré de développer ce programme, à des tarifs peut-être plus modestes. Le Japon, l’Espagne, l’Union européenne mettent en place cette politique. C’est le sens de l’histoire.

Ce que pense Ecohabitation

Ecohabitation a bon espoir que ce rapport permette enfin la mise en place d’un tarif de rachat garanti. L’autoproduction d’énergies renouvelables aurait des incidences sur l’emploi, l’industrie, le PIB du Québec… au prix d’une légère baisse de revenus pour la société d’Etat d’Hydro-Québec ! Nous regrettons la vision à court terme de la société d’Etat, et souhaitons un changement de cap qui lui serait rapidement profitable.

A propos d'Hydro-Québec et d'efficacité énergétique, lire note étude "Rénovons nos maisons, pas la centrale nucléaire".