Les téléspectateurs connaissent bien Conrad Gosselin, patron d’Hénault et Gosselin, une entreprise qui fait connaître son expertise en réfection des sous-sols et des fondations via des spots de publicités. Mais c’est au Conrad Gosselin promoteur immobilier (sa compagnie se nomme Domaine Royal) que nous avons posé des questions sur son projet d’écoquartier à Rivière-du-Loup. Il y construit des maisons à deux niveaux qu’il veut certifier LEED, avec panneaux solaires photovoltaïques, au même prix que des maisons conventionnelles de même taille : 220 000$. Et avec dalle de béton flottante. A la fin de l'entrevue, un encadré sur les caractéristiques de la maison modèle, LEED Platine, et un point sur la vaste campagne médiatique qui accompagne ce projet d'écoquartier.

© Étincelle
Le tract distribué à Rivière-du-Loup © Étincelle

Écohabitation : – Nous vous connaissons comme un expert du sous-sol, et vous avez décidé de faire sortir de terre un écoquartier sans sous-sols. Pourquoi ?

Conrad Gosselin : - Une maison québécoise sur cinq souffre de problèmes de fondations et de sous-sols. Fissures, humidité, infiltrations d’eau, développement de champignons, désagrégation du béton, inondations... Avec les années, je suis devenu anti-sous-sols ! Les sous-sols sont souvent construits bien trop profondément. Si on veut un sous-sol... il vaut mieux surélever la maison. En Montérégie, les maisons inondées par la rivière Richelieu avaient toutes des sous-sols.

Écohabitation : – Pourquoi le sous-sol apparaît-il comme un élément incontournable pour les Québécois et les entrepreneurs ?

Conrad Gosselin : - Cela remonte à loin ! En fait, après la Seconde guerre mondiale, les Américains ont commencé à construire des maisons à même le niveau du sol, sans escaliers. La dalle de béton était posée sur le sol et il n’y avait pas de fondations. C’était ce que les femmes voulaient ! Et les Canadiennes ont voulu la même chose... Mais comme notre climat n’est pas celui du Midwest, la Société canadienne d’hypothèques et de logement interdisait la dalle flottante à même le sol et préconisait des fondations. Alors, pour maintenir l’accès immédiat à la maison tout en ayant des fondations... on s’est mis à creuser, de plus en plus profondément.

Publicité de l'entreprise Hénault et Gosselin, l'une des compagnies de Conrad Gosselin.

Écohabitation : – Les gens sont rassurés par les sous-sols et disent pouvoir y entreposer toutes sortes de choses. Que leur répondez-vous ?

Conrad Gosselin : - D’abord, sans sous-sol, on fait des économies ! Mes futures maisons de Rivière du Loup coûteront 15 000 $ de moins parce que le terrain est plus petit que celui généralement attribué ici, et 15 000 $ de moins supplémentaires  - donc 30 000 $ d’économie - grâce à l’absence de sous-sol. Ensuite, j’explique que le sous-sol apporte surtout des ennuis, et que je suis bien placé pour le savoir... Enfin, tous les objets stockés dans les sous-sols ne servent rigoureusement à rien. Dans mon futur écoquartier, il y aura une « écoremise » en arrière-cour pour ceux qui ont besoin d’un espace de rangement.

Écohabitation : – Que conseillez-vous aux personnes qui vont se faire construire une maison dans les mois qui viennent ?

Conrad Gosselin : - De construire leur sous-sol… hors-sol, avec une dalle isolée ! On peut poser la dalle à 1m60 du pavé de la rue. Évitez une trop profonde excavation, les ennuis viendront avec.

Écohabitation : – Vous allez donc contruire une dalle de béton flottante pour les maisons de l'écoquartier ?

Conrad Gosselin : - Oui ! Le dessus de la fondation sera à 1m au-dessus du pavé de la chaussée. Et cette dalle de béton flottante sera isolée. Cela suffit à éviter tous les ennuis liés au sous-sol.

Écohabitation : – L'écoquartier comprend pour l’instant une maison, en cours de certification LEED, que votre nièce et sa famille vont tester pendant une année. Quel est le calendrier prévu pour les 83 autres maisons que vous souhaitez construire ?

Conrad Gosselin : - J’ai besoin de savoir si la demande va suivre, c’est pourquoi j’organise des fins de semaine « portes ouvertes » dans la maison existante, avec distribution de questionnaires pour voir si l’habitation écologique peut séduire dans ma région. On va en construire une deuxième, quoi qu’il arrive. La troisième phase, si la demande est là, sera la construction de groupes de trois maisons en rangée sur quatre terrains : soit 12 maisons, toujours avec deux niveaux.  Puis, si tout va bien, en 2014-2015, les autres maisons sortiront de terre, isolées, jumelées, ou en rangée.

Principales caractéristiques écologiques du projet en voie de certification LEED situé au 34, des Serre-Freins à Rivière-du-Loup (maison modèle de l’écoquartier du Domaine Royal) :

* Construction sur dalle de béton de 6 pouces avec un fini céramique. Aucun sous-sol donc une économie de 15 000$;

* 30 m2 par occupant par opposition à 60 m2 par personne en moyenne pour le type de maison « manoir »;

* Récupération de 85% des déchets;

* Économie d’énergie de 60% par rapport à une maison conventionnelle. Le coût mensuel se situera entre 35 et 50 $;

* Économie de plus de 50 % d’eau potable, surtout grâce aux appareils ultraperformants (toilettes, douche, robinets et laveuses). La consommation projetée est de 140 litres par jour (moyenne européenne) alors que la moyenne québécoise est de 329 litres;

* Percolation de 100% des eaux de pluie sur le terrain (trottoirs et pavage perméables) et système de récupération des eaux de pluie du toit pour usages extérieurs;

* Finition intérieure : matériaux sans formaldéhyde et peinture sans COV;

* Échangeur d’air récupérateur de chaleur;

* Toiture en acier pour une très grande durabilité;

* Terrain ensemencé avec du trèfle blanc qui exige peu d’eau et d’entretien;

…et celles de l’éco quartier à venir :

* Potager communautaire;

 * Boisé préservé;

* Seules les voitures électriques ou hybrides pourront circuler à l'intérieur de l'éco quartier;

* Pavage perméable des rues et jardins de pluie pour la gestion durable des précipitations;

* Maisons jumelées, en rangées ou isolées.

 

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Le logo réalisé pour les portes ouvertes © Étincelle

Un plan médias efficace! Peu de porteurs de projets planifient une couverture médiatique aussi exhaustive que celle organisée par Conrad Gosselin, promoteur du Domaine Royal. Ceci est d’autant plus exceptionnel que sa maison modèle n’est qu’en voie de certification LEED Platine et n’est pas encore certifiée.  En fait, grâce à cette couverture, Conrad Gosselin mise en plein dans le mille pour mousser la vente de son écoquartier et développer ce nouveau marché. Un budget de 10 000 $  a été consacré à la publicité dans les médias écrits, radiophoniques et télévisuel. C'est l'agence « Étincelle » de Rivière-du-Loup qui a été mandatée pour créer un logo, des tracts et panneaux publicitaires, rédiger les communiqués de presse et organiser une conférence de presse.

Domaine Royal a lancé sa campagne publicitaire régionale à la radio et à la télévision du 16 au 24 octobre 2012, avec 120 spots publicitaires de 15 secondes à la télé (CKRT-TV et CIMT-TV) et 48 spots publicitaires à la radio. Le projet a bénéficié de plusieurs articles dans les médias écrits, sur le site de Radio Canada, dans Info Dimanche....

Mais le point fort, c'est l'organisation de portes ouvertes dans l'unique maison sortie de terre les samedis 20 et 27 octobre 2012 et les dimanches 21 et 28 octobre 2012. Lors de ces portes ouvertes, Domaine Royal distribue des tracts, invite les participants à répondre à un sondage où figure cette question : « Seriez-vous intéressé à acheter une maison écologique valant $220 000 ? », les rendant ainsi éligibles à un tirage d’une valeur de 500$. Lors des premières portes ouvertes, l'événement était commenté en direct par l'animateur star de Rivière-du-Loup, Daniel Saint-Pierre.

Pour en savoir plus sur les dalles de béton, consultez cet article d'Écohabitation.