La maison Kénogami est posée au bord du lac du même nom, à 30 mn au sud-ouest de Jonquière, non loin de la frontière avec le climat  subarctique. Depuis l’automne dernier, elle s’élève progressivement en lieu et place de l’ancienne maison d’Alain Hamel (consultant en habitation écologique, formateur et administrateur d’Écohabitation) qui a complètement brûlé le 19 juillet dernier (2012) suite à un incident dans l’entrée électrique… Avec sa compagne France Picard, Alain a choisi de contrer ce coup du sort en construisant une maison solaire passive, c'est-à-dire orientée et conçue de telle manière qu’elle se passe presque de chauffage. 200m2 chauffés presqu’uniquement par le soleil au Saguenay-Lac-Saint-Jean! Une première, et une gageure.

Max Gag, CC
Le Lac Kénogami. Max Gag, CC

La dream team s’est alors mise en place : Alain Hamel, bien sûr; Lucie Langlois, architecte spécialisée en habitation écologique, présidente d’Alias Architecture et formatrice à Écohabitation ; Denis Boyer, le « geek énergétique », ingénieur spécialisé en énergie et développement durable, coordonnateur à Écohabitation ; et en guest star, Emmanuel Cosgrove, directeur de l’organisme.

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Voici les éléments essentiels sur la maison, par mots-clés… Dans quelques semaines, nous vous donnerons bien plus de détails!

Alias Architecture
Une maison qui fonctionne avec le soleil et les saisons. Dessin Alias Architecture.

Sèche-cheveux. 13 kWh / m2 par an : c’est le nombre de kilowattheures dépensés chaque année au mètre carré que les concepteurs de la maison Kénogami espèrent atteindre. Soit environ huit fois moins qu'une maison conventionnelle neuve construite dans la même région ! Grâce à une isolation et une étanchéité record (pour les connaisseurs, le facteur thermique des murs est de R85, R150 pour le toit, R56 pour les planchers; les changements d’air à l’heure sont de 0,3 CAH), le chauffage (une petite chaudière au gaz) ne sera mis en marche que quelques semaines par an, et la dépense en énergie correspondra à celle… d’un sèche-cheveux !

Panneaux photovoltaïques. Il est plus facile de produire sa propre énergie quand les besoins sont si faibles! Les panneaux solaires permettront de chauffer l’eau à hauteur de 60% - le reste sera chauffé par la petite chaudière à gaz-, de faire fonctionner l’éclairage, la pompe à eau et le ventilateur récupérateur de chaleur.

Mélèze. Alain a choisi de privilégier au maximum les matériaux locaux : ainsi, le revêtement extérieur est constitué de mélèze local et de briques de béton écologique couleur charbon fabriquées à Montréal. Autre produit québécois : du pin de la Beauce pour les poutres et moulures intérieures.

Eau de pluie. Alain, sa compagne et son beau-fils vont prendre des douches à l’eau de pluie! Préalablement filtrée, elle va pouvoir alimenter la douche, les toilettes, et irriguer le jardin. C’est le puits artésien qui alimentera les lavabos, l’évier et le lave-vaisselle.

Béton. Du béton à faible impact environnemental, fabriqué à la Baie, a été utilisé pour la douche, les comptoirs de la cuisine et de la salle de bains. Les scellants (colles) utilisés sont aussi à faible impact.

Potager intérieur. Oui, des légumes pousseront dans la maison  à l’année longue, grâce à l’installation d’un mur végétal irrigué!

Pour l’équipe, le défi principal était de parvenir à un recours très limité du chauffage à cette latitude. Il a fallu travailler d’arrache-pied sur la simulation énergétique… et renforcer l’isolation des fenêtres dont la performance était insatisfaisante! La maison sera terminée en juillet. D’ici là, nous vous en dirons davantage sur son aménagement, son principe énergétique, et sur les certifications auxquelles elle prétend (LEED Platine et Passivhaus). La maison Kénogami (ce qui rime avec défi.. et énergie…), vous n’avez pas fini d’en entendre parler!