La dépendance à l'automobile est souvent vue comme une fatalité pour les habitants d'agglomération de taille moyenne du Québec. Sherbrooke a passé à l'action pour changer cette vision des choses par l'adoption, le 6 février dernier, de son plan de mobilité durable.

Le plan de mobilité durable de Sherbrooke (PMDS), c'est quoi?

Un plan de mobilité durable, c’est une planification à long terme (10 à 20 ans), qui fait appel à tous les acteurs importants du milieu (citoyens, politiciens, employeurs, etc.) et qui vise à intégrer et améliorer tous les aspects de la mobilité durable, c'est-à-dire :

  1. La capacité pour les citoyens de se déplacer selon leurs besoins, tout en évitant de surconsommer les ressources naturelles, et de contribuer à la pollution et aux émissions de gaz à effet de serre.

  2. Cela veut aussi dire que le transport est accessible à tous, incluant les personnes à mobilité réduite ou à faibles revenus, tout particulièrement dans un contexte où les prix de l’énergie sont en constante hausse.

Établir un plan de mobilité durable, ce n’est pas seulement augmenter la fréquence de passage des autobus! Il faut aussi encourager le « transport actif » en aménageant des routes et des pistes cyclables conviviales pour tous, réduire l’offre de stationnement pour dissuader les gens d’utiliser la voiture, faciliter l’accès à l’auto-partage et au covoiturage, densifier le centre-ville et limiter l’étalement urbain pour avoir un territoire compact qui se prête bien aux transports en commun, et bien d’autres choses encore. 

Qu’en pensent les résidents de Sherbrooke?

Les Sherbrookois ont eu l’occasion de se faire entendre lors de plusieurs consultations publiques, et tous leurs commentaires ont été transmis au comité du Plan de mobilité durable de Sherbrooke sous la forme d’un rapport de consultation. Le sujet qui semble le plus préoccupant pour les citoyens est le développement du transport actif. Dans ce document, Johanne Beaulieu « juge que la sécurité et l’entretien des aménagements destinés aux cyclistes et piétons sont déficients ». Guy Mongrain souligne également que « la desserte cyclable est insuffisante dans l’arrondissement Lennoxville ». L’auteure de ce texte peut confirmer, après un séjour d’une durée de quatre ans en terre sherbrookoise, qu’il est effectivement ardu pour les cyclistes de faire leur chemin en toute sécurité sur les routes de la ville! D’autres, comme Nicolas Bessette, souhaitent qu’on améliore la desserte des grands centres commerciaux, qui sont « difficilement accessibles autrement que par la voiture. » 

Quels seront les résultats concrets pour l’environnement et la population?

On vise à faire passer l’utilisation de la voiture de 62 % à 52 % d’ici 2021. Par ailleurs, le PMDS s’inscrit dans le plan provincial pour atteindre la cible gouvernementale de diminution des émissions de GES du Québec à 20 % sous le niveau de 1990 d’ici 2020.

Toutefois, bien des avantages découlant du PMDS ne peuvent être évalués par de simples chiffres, tels que le sentiment de sécurité des cyclistes sur la route ou la capacité des familles à faibles revenus de se déplacer selon leurs besoins sans avoir besoin d’investir dans une automobile.

Lors de l’annonce de l’adoption du PMDS, la ville de Sherbrooke a promis la réalisation de plus d’une quinzaine d’actions découlant du plan dès l’année 2012. D’autres villes ont également suivi le chemin de l’action; la ville de Québec a adopté son propre plan de mobilité durable en novembre 2011 et Laval a déposé une version préliminaire du sien en juin 2011. Maintenant que la preuve est faite qu’il est possible de diminuer sa dépendance à la voiture même à l’extérieur de la grande ville de Montréal, il est à souhaiter que la tendance se propage partout en régions!