L’air intérieur est cinq à sept fois plus pollué que l’air extérieur alors que l'on passe de 80% à 90% de notre temps dans les bâtiments! COV, poussière, monoxyde de carbone, moisissures, radon, plastifiants… Les polluants contenus dans nos habitations sont nombreux. Si certains composés sont interdits, comme l’hexachlorobenzène ou l’hexachlorobutadiène, il n’y a pas de réglementation concernant les teneurs en COV des matériaux de construction. 

Les concentrations de polluants peuvent varier d’un milieu à l'autre. Elles sont induites par divers facteurs, comme les types et la quantité de matériaux, le type d’implantation (structure, isolation), l’âge du bâtiment (ancien, neuf, rénové), l’étanchéité et le taux de changement d’air, le type de chauffage (bois, mazout, électricité), les activités anthropiques (cuisine, fumée de cigarette, produits de nettoyage, etc.), l’emplacement géographique (ville, proximité d’une industrie ou d’une autoroute), l’humidité relative, la température, les conditions météorologiques (saison, vent, pluie).

Dans nos habitations, on retrouve deux principaux polluants d’origine chimique, ou familles de polluants. Les composés organiques volatiles (COV) et le formaldéhyde.

Composés organiques volatiles : quels effets sur la santé?

Les COV causent différents symptômes chez l’être humain selon leur type, le temps d’exposition, la concentration, la fréquence, les mécanismes d’absorption (inhalation, ingestion, dermique/muqueuse, sang). Les symptômes varient de la simple irritation olfactive jusqu’au cancer (lors de fortes expositions), en passant par les troubles nerveux.

Comment savoir si le formaldéhyde atteint notre santé ?

Le premier effet du formaldéhyde est une irritation des voies respiratoires. Le contact direct du formaldéhyde avec les muqueuses ou la peau amènera des symptômes de démangeaison et rougeurs, voire des irritations, réactions allergiques ou dermatites. L’exposition peut subvenir de manière ponctuelle (exposition aiguë) ou répétée sur une courte période (subaiguë ou subchronique), ainsi que sur de longues périodes d’exposition (chronique) (Goyer et al., 2004).

L’exposition aiguë au formaldéhyde affecte immédiatement la conjonctive des yeux et des voies respiratoires supérieures à cause de ses propriétés physico-chimiques de solubilité. Elle débute par une irritation des yeux, du nez et de la gorge. Chez les personnes sensibles, des concentrations dans l’air de seulement 1 ppm de formaldéhyde induisent une irritation des yeux. Celles du nez et de la gorge apparaissent à des concentrations entre 1 et 2 ppm. À ces concentrations, les effets sont réversibles et, dans certains cas, une tolérance au formaldéhyde peut s’installer. L’exposition à une concentration élevée de formaldéhyde peut nuire grandement à la santé et induire de forts symptômes. Elle pourra occasionner des troubles de fonctions pulmonaires, augmenter la sensibilité du sujet et créer des bronchospasmes (crises d’asthme) ainsi qu’une apparition de bronchites chroniques. 

Si les experts n’arrivent pas à un consensus sur le potentiel de risque et la concentration chronique de ces polluants, la communauté internationale prône toutefois une approche de précaution à propos de l’impact que le formaldéhyde et les COV peuvent avoir sur l’homme (Goyer et al., 2004). 

Quels sont les polluants dans les maisons

POLLUANT RETROUVÉ DANS … EFFETS POSSIBLES SUR LA SANTÉ
Bisphénol A Plastiques, colles, PVC, époxy Dysfonctions sexuelles, cancer du sein, cancer de la prostate, effets sur la femme enceinte
Chloroforme Colles, caoutchouc, tissus Dépression du système nerveux central, cancérigène (classé 2B par le CIRC)
Éthylbenzène Colles, peintures, cires Irritation, dépression du système nerveux central, retard de développement (classé 2B par le CIRC)
Formaldéhyde Peintures, colles, bois aggloméré Problèmes respiratoires, irritation, allergène, cancer
Hexaldéhyde Panneaux de particules, peintures Irritation
Pentanal Caoutchouc Maux de têtes, vertiges, nausées, narcose
Phénol Isolants, panneaux de particules, colles, peintures Irritations, brûlures, maux de têtes, œdème pulmonaire, effets sur les systèmes nerveux et digestifs
Styrène Plastique, isolants Irritation, effets neurologiques, cancer
Tétrachlorothylène  Textiles, moquettes et colles Irritation, anesthésie, syndrome psycho-organique
Toluène Colles, peintures, vernis, moquettes, époxy, polystyrène, caoutchouc Irritation, effets sur le système nerveux central, troubles du langage, de l’audition et de la vision
Phtalates Plastiques, PVC Perturbateur endocrinien, irritations
Retardateurs de flammes Mobilier, isolants, textiles... partout! Troubles hépathiques et effets neuro-comportementaux

Les tableaux 2 et 3 qui suivent représentent, les taux d’émission de COV par différentes sources comme le PVC, le parquet, le plafond, les murs, l’isolation, la moquette et le linoléum. 

Tableau 2 : Facteurs d’émission minimum et maximum de COV pour certains matériaux de construction (μg.m-2.h-1) (source Nicolle, 2009) 

  PVC Parquet Plafond Murs
Acides  <1 - 22 4 - 20  <1 - 15 3 - 23
Alcools  <1 - 50 3 - 8 24 - 139 1 - 36
Aldéhydes 2 - 28 2 - 25 37 - 96 4 - 71
Hydrocarbures aliphatiques  <1 - 53 2 - 2 26 - 165 1 - 185
Hydrocarbures aromatiques  <1 - 137 2 - 65 46 - 165  1 - 204
Cycloalcanes 0 - 25 / 2 - 17 1 - 32
Ester  <1 - 497 4 - 13 6 - 167 2 - 158
Glycol / glycol éther  <1 - 235 1 - 51 5 - 399 5 - 183
Cétones  <1 - 16 7 - 29 8 - 67 1 - 14
Terpènes  <1 - 8 1 - 7 8 - 109 1 - 224

Tableau 3 : Facteurs d’émission minimum et maximum de COV pour des revêtements de sol (μg.m-2.h-1) (source Nicolle, 2009)

  Moquettes (6)* Isolant (2) Parquet (3) Linoleum (2)
Aldéhydes 22,6 - 80 12,2 - 90,4 36 - 52,8 46,7 - 96,4
Esters / 45,8 / 422,9
Halo-carbures 16,3 - 2,9 1,1 - 1,7 0,003 - 0,1 0,2 - 3,1
Hydrocarbures aliphatiques 2,8 - 126 203 54,8 - 196,4 36,7 - 48,5 2,3 - 1 241
Hydrocarbures aromatiques 2,3 - 58 510 11,9 - 46,7 0,45 - 3,8 1,1 - 20,9
Cétones 0,8 - 94,7 1 - 3,4 21,4 - 290,2 0,6 - 271,8
Alcool, éther de glycol 234,7 - 235 8,6 - 11,3 0,5 - 2,4  65,1 - 68,4
Cycloalcanes 3 456 - 21 335 / 1,7 - 2,5 322,9
Terpènes 0,4 - 3,1 1,7 - 1,8 1,6 - 11,6 /
Autres 1,7 - 9,6 2,7 - 3,0 5,2 - 8,2 13,5 - 54,1

()* : nombre d'échantillons analysés

La variation de la température et de l’humidité relative, voire le renouvellement de l’air, peuvent influencer ces valeurs et le taux d’émission de chaque source. Par exemple, si la température passe de 15 à 30 °C, le facteur d’émission augmentera de 1,25 à 129 fois, permettant la libération thermocinétique des COV dans les matériaux de construction (Nicolle, 2009). 

Les certifications des matériaux de construction

Afin d'éviter le plus possible ces polluants, il est possible de se fier a des certifications courantes pour les matériaux de constructions. Ces certifications guarantissent un taux plus bas ou l'absence de composés nocifs. Pour en savoir plus lisez notre article sur les certifications des matériaux ici.Découvrez aussi les normes qui s'apliquent au matériaux de construction.

Pour aller plus loin, vous pouvez vous informer sur les polluants utilisés dans les matériaux de construction, néfastes à la qualité de l'air de la maisonnocifs pour la qualité de l'eau ou qui menacent l'intégrité de la couche d'ozone.  Consultez toutes  nos ressources pour vous aider à vivre dans une maison saine et loin des composés chimiques, et, pourquoi pas, suivez la formation intérieur sain et écologique !