Quel est l’effet de la biométhanisation sur l’effet de serre ?

L’effet général de la production et de l’utilisation de biogaz est très bénéfique. Même si le processus de biométhanisation produit un biogaz constitué principalement de deux importants gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone et le méthane, cette production est considérée comme neutre ou bénéfique pour le réchauffement climatique. En effet, le dioxyde de carbone rejeté correspond à celui qui a été capté pendant le cycle de croissance de la matière organique, son émission s’intègre donc dans le cycle de vie naturel de la biomasse.

Le méthane (CH4), lui, est un gaz dont les effets sur le climat sont de 21 à 25 fois plus important que ceux du dioxyde de carbone (CO2), c’est pourquoi on préfère le brûler en torchères dans les lieux d’enfouissement sanitaires qui produisent du biogaz en conditions anaérobiques afin de limiter son impact sur l’effet de serre. Les unités de biométhanisation rendent possible la récupération de ces mêmes matières organiques avant leur enfouissement (donc pas de production de méthane dans les lieux d’enfouissement), et leur valorisation sous forme énergétique. On produit alors une énergie renouvelable de substitution à des énergies fossiles plus polluantes.

Après méthanisation, le digestat produit est également valorisable pour l’enrichissement des sols, ce qui permet de réduire ses besoins en engrais azotés chimiques, plus polluants.

Est-ce que la fermentation des matières organiques produit des odeurs désagréables ?

Le biogaz sent indiscutablement mauvais. Mais la biométhanisation, soit le raffinement du biogaz,  ne crée pas d’odeurs, et contribue même à les réduire. En effet, la digestion anaérobique des matières organiques se déroule en milieu confiné. La gestion des nuisances olfactives est donc limitée au transport des déchets (camions étanches spécifiques), à leur stockage (bâtiments en dépression où l’air ne peut sortir que par des unités de désodorisation à haute efficacité), et lors de l’épandage du digestat qui est beaucoup moins odorant que les mêmes déchets non méthanisés.

Quels sont les risques sanitaires liés à la biométhanisation ?

Certains substrats organiques (déjections, déchets d’abattoirs, …) peuvent comporter des germes pathogènes dangereux pour la santé humaine. C’est pourquoi les matières fertilisantes font l’objet de contrôles et de réglementations adaptées afin de limiter les risques de contamination[1]. Dans le cadre de la biométhanisation, la gestion des risques sanitaires est encore une fois facilitée par le confinement des procédés et permet de réduire de façon importante les organismes pathogènes. Selon la réglementation, il peut être exigé d’hygiéniser le substrat (avant, pendant ou après sa digestion) afin de le débarrasser de ses organismes pathogènes. Ceci peut être réalisé par une digestion thermophile à 55°C, ou encore par une pasteurisation (chauffage à 70°C pendant 1 heure). L’épandage du digestat comporte donc beaucoup moins de risques pour la santé que l’épandage des matières fertilisantes non méthanisées.

Les rejets atmosphériques, eux, sont équivalents à ceux du gaz naturel. Les éléments potentiellement toxiques rejetés à l’air libre (principalement le H2S ou sulfure d’hydrogène, un gaz mortel ; ainsi que les COV ou composés organiques volatils qui peuvent être cancérigènes ou contribuer à la formation d’ozone troposphérique) le sont dans des quantités contrôlées par la Loi sur la Qualité de l’Environnement (LQE), et sont en quantités trop faibles pour causer un impact sur la santé humaine et l’environnement.

Qu’en est-il des risques d’explosion des usines de biométhanisation ?

Le risque d’explosion se présente lorsque trois conditions sont réunies simultanément : un espace confiné, un déclencheur de combustion, ainsi que la présence d’un mélange d’oxygène-méthane avec une concentration en méthane de 5 à 15 % (en dessous de cette plage, il n’y a pas assez de méthane pour qu’il y ait une explosion, alors qu’au-dessus, il n’y a plus assez d’oxygène). Ces conditions sont rarement réunies lors de la bonne opération d’une unité de biométhanisation puisque la digestion se fait en milieu anaérobique, donc sans oxygène.

De plus, de nombreux dispositifs limitent davantage ces risques d’explosion. Par exemple une excellente étanchéité des matériaux et canalisations utilisés, des dispositifs de ventilation de l’air efficaces et adaptés, des détecteurs de fumée, ainsi que le contrôle et la surveillance de toute activité susceptible de créer une étincelle.

Quelles sont les obligations légales à respecter pour un projet de biométhanisation ?

La Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) encadre les activités susceptibles de contaminer l’environnement, ou « susceptibles de porter atteinte à la vie, à la santé, à la sécurité, au bien-être ou au confort de l'être humain, de causer du dommage ou de porter autrement préjudice à la qualité du sol, à la végétation, à la faune ou aux biens » (art. 20). Ainsi, les activités liées à la production, l’exploitation et l’utilisation de biogaz nécessiteront des certificats d’autorisation selon l’article 22 de la LQE[2].

[1] http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/matieres/mat_res/fertilisantes/critere/index.htm

[2] http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/programmes/biomethanisation/lignes-directrices-biomethanisation.pdf