La création d’infrastructures plus écologiques et le contrôle de leur implantation permettent aux municipalités de combattre les effets des îlots de chaleur et de jouer un rôle important dans l’application des principes du développement durable. Cela permet aussi de projeter une image avantageuse de leur territoire qui pourrait attirer de nouvelles activités, de futurs promoteurs et citoyens. Le développement de ces infrastructures et l’utilisation des matériaux écologiques, de même que leur potentielle association avec des mesures de verdissement (mur végétal, toit partiellement végétalisé, etc.) assure un meilleur contrôle de l’efficacité thermique et de la réflectivité (albédo).

Les municipalités peuvent appliquer de nombreuses mesures, parmi lesquelles :

  • Encourager l’utilisation de matériaux écologiques pour les constructions et les rénovations;
  • Densifier les secteurs d’intérêts (centre-ville, lieu d’activités, axe de transport);
  • Prescrire et mettre en place des trottoirs et saillies végétalisés, des zones tampons paysagées, etc.;
  • Développer des aménagements écologiques et durables comme des ilôts de biorétention, des marais filtrants et mettre en oeuvre des projets de verdissement participatif

CONSTATS

La surutilisation de certains matériaux tels que le béton et le ciment dans les infrastructures urbaines (bâtiments, stationnements, toitures, etc.) rend de nombreuses surfaces impropres à la végétalisation. Aussi, en emmagasinant trop d’énergie au cours de la journée puis en la restituant sous forme de chaleur, de par leur propriété thermique et de leur faible capacité réflective, ils participent à la formation des îlots de chaleur. Ce phénomène peut provoquer de nombreux désagréments auprès de la population, ainsi que d’importants problèmes de santé.

Mesures pour lutter contre les îlots de chaleur
Mesures pour lutter contre les îlots de chaleur. © Nature Québec, 2011.

 

Pour en savoir plus sur les mesures liées aux infrastructures urbaines :

OUTILS D'URBANISME ET RÈGLEMENTATION

Le programme particulier d’urbanisme (PPU)

Élaboré par les municipalités, il peut accompagner le plan d’urbanisme (PU) afin de préciser les objectifs d’aménagement de certains secteurs à développer ou à réhabiliter, dans lesquels l’implantation d’infrastructures urbaines durables est envisagée pour réduire les émissions de GES et les effets des îlots de chaleur urbains.

Le règlement de construction

Il permet aux municipalités de régir les constructions d’une manière générale,  de réglementer les matériaux à utiliser, d’établir des normes d’isolation, d’exiger la mise en place de mesures d’économie d’énergie ou de normes de performance énergétique. Les municipalités peuvent également prescrire l’utilisation de certains matériaux pour en favoriser d’autres et adopter des mesures encadrant l’installation de toits verts.

Le règlement de zonage et de lotissement

Ces deux règlements peuvent aider les municipalités à contrôler l’expansion des infrastructures sur leur territoire et à concentrer les développements dans des secteurs favorables à la densité, à proximité de grandes infrastructures de transport ou de centres d’activités, mais également à solliciter une meilleure performance écologique des infrastructures.

Le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA)

Le règlement sur le PIIA permet de prendre en compte les spécificités d’un milieu (topographie, végétation, architecture) par une approche basée sur l’évaluation de critères plutôt que de normes, afin d’intégrer de manière plus soucieuse des infrastructures à un site. Les municipalités sont en droit d’y stipuler l’utilisation de certains matériaux durables en fonction des préoccupations inhérentes à leur territoire.

Le projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI)

Le règlement sur le PPCMOI peut accorder aux municipalités le droit de réaliser un projet même s’il ne respecte pas un règlement d’urbanisme, à condition qu’il suive les objectifs du PU et certaines modalités d’intégration. Celles-ci peuvent être rattachées à des critères de développement durable tels qu’une bonne gestion des eaux de ruissellement, l’implantation d’un toit vert et d’aménagements extérieurs durables ou encore l’utilisation de matériaux de récupération.

Études de cas

Dans le cadre d’un PIIA, la municipalité des cantons unis de Stoneham-et-Tewkesbury (7329 habitants) a mis en place plusieurs mesures d’encadrement de son cadre bâti et de son implantation pour favoriser les habitations écologiques limitant les îlots de chaleur. Une place importante a été accordée aux espaces naturels (augmentation des espaces, végétalisation adaptée), à la gestion des eaux pluviales (pas de rejet/ruissellement d'eau dans la rivière voisine), à l’orientation des bâtiments (solaire passif) et à leur implantation (densité, terrain avec une pente moyenne inférieure à 20%).

Dans le cadre de son Règlement d'urbanisme (01-279) (article 87.2) et de son règlement sur la construction et la transformation de bâtiments (11-018), l'arrondissement de Rosemont-la-Petite-Patrie impose l'installation de toits blancs ou verts lors de la réfection de toitures plates ou à faible pentes: seuls les revêtements suivants sont autorisés :

  1. un toit vert
  2. un matériau de couleur blanche, un matériau peint de couleur blanche ou recouvert d'un enduit réfléchissant ou d'un ballast, de couleur blanche
  3. un matériau dont l'indice de réflectance solaire (IRS) est d'au moins 78, attesté par les spécifications du fabricant ou par un avis d'un professionnel
  4. une combinaison de revêtements identifiés en 1, 2 et 3.

SUBVENTIONS ET INCITATIFS FINANCIERS

Matériaux écolos, murs et toits végétaux, aménagement durables, tous peuvent faire l’objet de mesures incitatives de la part des municipalités. Par exemple, elles peuvent mettre en place des programmes d’aide au bâtiment durable pour les propriétaires d’une unité d’habitation ou encore accorder un montant équivalent au coût du permis, sous forme d’un montant fixe ou d’un remboursement d’un montant équivalent à une taxe.

Avantages

Les accompagnements financiers pour aider à la construction ou à la transition vers des infrastructures plus écologiques permettent aux municipalités de démontrer leur engagement à appliquer des mesures responsables. Ils sont également une source de motivation importante pour inciter à un changement de façon plus accessible. Elles peuvent s’associer avec des partenaires (banques, entrepreneurs, magasins de rénovation) pour augmenter ou diversifier ses offres.

À prendre en compte

Les programmes de subvention ou de financements incitatifs représentent un budget conséquent à mettre en place pour les municipalités. Elles peuvent donc déterminer les montants des aides de manière à respecter leur capacité financière à travers un programme flexible qui pourrait s’adapter à de critères précis (localisation, matériaux, conception, etc.), mais surtout évoluer en fonction du succès ou de l’échec des mesures.

Étude de cas

La ville de Victoriaville a mis en place un programme novateur de subventions et d’attestations intitulé Victoriaville - Habitation DURABLE, qui permet de rendre plus accessible aux particuliers les projets de construction ou de rénovation durables, c'est-à-dire écologiques et écoénergétiques. Chaque année, elle investit plus de 300 000 $ dans ce programme visant l’amélioration des pratiques de construction et du cadre de vie. Le programme est un vrai succès et évolue constamment pour répondre aux besoins des citoyens.

Les subventions peuvent atteindre 8 000 $ pour une nouvelle construction, 25 000 $ pour la construction d’un immeuble à logements et jusqu’à 3 000 $ pour un projet de rénovation.

La ville de Saint-Siméon a également mis en place des mesures intéressantes : c’est à voir, ici

COMMUNICATION ET SENSIBILISATION

La communication sur les mesures rattachées aux infrastructures urbaines pourrait, par exemple, s'orienter afin de présenter les inconvénients (perte d’énergie, mauvaise étanchéité, zone de chaleur) d’utiliser des matériaux traditionnels tout comme les avantages (économies d’énergies, durabilité) de les remplacer par des écologiques.

Dans tous les cas, les informations doivent être vulgarisées et accessibles pour tout le monde, car il s’agit là d’un domaine parfois très technique. Les municipalités doivent informer sur leurs intentions, à long terme, de généraliser ces pratiques de substitution pour lutter contre le phénomène des îlots de chaleur urbains. Il est également important de préciser en quoi les mesures permettront d’engendrer de nombreux bienfaits pour la communauté et les particuliers (confort, valeur de la maison, etc.).

Aussi, en favorisant l’installation d’infrastructures plus vertes et plus durables, les municipalités projettent une bonne image d’elles-mêmes ; celle d’entités soucieuses d’encourager les pratiques du développement durable pour répondre aux enjeux environnementaux tels que les îlots de chaleur et de diminuer les impacts de l’utilisation parfois abusive de matériaux peu écologiques. La promotion de l’engagement des municipalités peut s’élargir à d’autres acteurs que les citoyens (promoteurs, investisseurs, professionnels en aménagement).

Pour cela, les municipalités peuvent, entre autres :

  • Former certains responsables municipaux avec des programmes de formation (Écohabitation);
  • Élaborer et distribuer un pamphlet informatif (illustrations, tableaux comparatifs, etc.);
  • Faire des campagnes de sensibilisation bénévoles;
  • Organiser des séances d’informations publiques sur le sujet;
  • Établir par un communiqué un bilan détaillé des résultats des mesures;
  • Développer des outils promotionnels (vidéos, site internet informatif, communiqués dans les médias, etc.);
  • Créer un répertoire d’entreprises, de fournisseurs et de partenaires.

Avantages

Proposer une campagne d’information et de promotion à différentes échelles (locale, régionale) pour un public varié (citoyens, promoteurs) est intéressant pour les municipalités et peu difficile à mettre en place. Elles peuvent insister sur le côté novateur et responsable des mesures envisagées, en n’omettant pas les possibles retombées financières.

À prendre en compte

La communication concernant le développement d’infrastructures durables et les îlots de chaleur doit faire partie d’un programme avec des objectifs concrets établis sur les besoins municipaux.

Étude de cas

Le programme de communication mis en place par la municipalité de Victoriaville pour l’accès à des projets de constructions durables a bénéficié d’une médiatisation efficace et diversifiée, qui a permis au projet municipal d’obtenir un grand succès. En plus du site internet spécialement conçu pour le programme et des communiqués de presse, de nombreuses publications ont vu le jour dans d’importants médias (Radio-canada, TVA) et des capsules vidéo promotionnelles ont été tournées. La diversité des supports a permis à la municipalité de Victoriaville de cibler un public très large et donc, d’augmenter ses chances de promouvoir son projet.

Pour en savoir plus sur le programme de Victoriaville :