Une Powerhouse, c’est un bâtiment qui produira plus d'énergie pendant sa durée de vie qu'il n'en utilisera pour l’ensemble de son cycle de vie! Il existe déjà de nombreux bâtiments à production positive, mais le standard Powerhouse est le seul à inclure le cycle des matériaux, la production énergétique, l'exploitation du bâtiment, la rénovation et la démolition dans son bilan énergétique! Bref, les Powerhouses se démarquent des Passive Houses en compensant leurs coûts énergétiques d’opération ET de construction tout au long de leur cycle de vie.

Les critères de la norme sont nombreux et détaillent, par exemple, comment le bilan énergétique à vie doit être calculé, toujours en supposant une phase opérationnelle de 60 ans. Les critères précisent également que la production d'énergie du projet doit provenir de sources renouvelables situées sur le bâtiment ou le site, ou de la mer à proximité du site.

Un standard à l’image de LEED®?

Un peu. Le standard Powerhouse est bien un ensemble de normes qui vise ultimement une certification. Mais le concept Powerhouse est entièrement axé sur l'énergie et le climat. La certification LEED® couvre un aspect plus large des problèmes environnementaux. C’est pourquoi les bâtiments certifiés Powerhouse vont également rechercher d’autres certifications vertes, tel que LEED®, pour construire des bâtiments vraiment très écolos.

Notons aussi que ce standard n'est pas de tierce partie (alors que LEED® l'est), puisqu'il a été mis sur pied par une coalition de compagnies, comprenant la société de développement Skanska, le bureau d'architecture Snøhetta, la société immobilière Entra, le cabinet de conseil Asplan Viak, le fabricant d'aluminium Sapa og et l’OBNL environnementale Zero.

Une première école Powerhouse

Powerhouse Drøbak Montessori Secondary School © Snohetta

Récemment, le groupe Powerhouse a ouvert en février 2018 les portes de l’un de ses premiers projets de construction Powerhouse. L’école secondaire Powerhouse Drøbak Montessori.

Construite à Drøbak en Norvège, les toits en pente de l’école sont munies de panneaux solaires. Équipé dn plus d’une pompe géothermique, le bâtiment est ainsi en mesure de produire plus d'énergie pendant sa durée de vie (près de 30 500 kWh par an) que la quantité totale d'énergie qui sera finalement utilisée pour sa construction, son fonctionnement et sa démolition.

L'école, qui est probablement la plus verte au monde, a été conçue en utilisant des stratégies passives, telles qu'un volume de construction compact et une isolation extérieure accrue. Selon le site Web du groupe Powerhouse, l'école nécessite moins d'un quart de l'énergie des installations conventionnelles de même taille. La coalition a d’autres projets réalisés, ou en cours. Ça vaut le coup d'oeil !

Qui peut construire sous le standard Powerhouse?

N’importe qui. En autant de collaborer avec les membres du groupe Powerhouse et que l’environnement s’y prête. En effet, pour concevoir un projet et le faire certifier, au moins deux des sociétés affiliées doivent être impliquées. Elles assureront un suivi et un contrôle avant et pendant la construction et, une fois le projet achevé, ils vérifieront les performances pour compléter le processus de certification.

Et c’est possible ici même au Canada, car le groupe Powerhouse entend faire évoluer la norme et en l’appliquant notamment sur des projets à l'étranger. Ils entendent également explorer les moyens de mettre en œuvre des technologies intelligentes et développer une version pouvant être appliquée à l'échelle du quartier. Il suffit de prévoir un emplacement adéquat. En effet, certains endroits, tel qu’un secteur urbain très dense, risquent de ne pas offrir d’espace suffisant pour mettre en œuvre certains éléments clés de la conception.

Canada: Powerhouse ou Carbone Zéro du CBDCa?

Nous sommes définitivement à l'heure de la discussion sur le carbone. Justement, il y a un peu plus d'un an, le Conseil du Bâtiment Durable du Canada lançait officiellement la nouvelle norme sur les Bâtiments à Carbone Zéro.

Non seulement la certification est attribuée par tierce partie, le programme a été de manière particulièrement réfléchie: après avoir consulté 50 personnes œuvrant dans 40 organisations du secteur de la construction, le CBDCa a fait une phase de test avec un programme pilote de deux ans, dont les résultats ont aidé à perfectionner le programme avant qu'il ne soit divulgué sur le marché. La démarche est donc vraiment solide. 

Projet québécois de l'école Paquin à Saint-Eustache, certifié Carbone Zéro. Crédit: Grenon Viau Bastien Gosselin aRchitectes en consortium

Tout comme Powerhouse, le programme Carbone Zéro du CBDCa prend en compte le carbone intrinsèque du bâtiment et celui occasionné par l'opération du bâtiment. Mais dans son fonctionnement, il présente d'autre arguments de son sérieux et sa pertinence:

  • il est transparent: son monitoring à la fine pointe comporte des indicateurs de l'intensité énergétique pour inciter à la conception de bâtiments très efficaces, fiables et résilients ;
  • il force à la réflexion sur la consommation en pointe, quand l'impact environnemental du réseau électrique est plus important: un indicateur de la demande d'énegie de pointe encourage l'utilisation de mesure d'écrêtementde la demande de pointe ;
  • enfin, les outils d'évaluation prennent en compte le facteur carbonique du réseau énergétique, qui a toujours pénalisé le Québec dans ce type de certification.

Le secteur du bâtiment (bâtiments industriels, commerciaux et résidentiels) doit être entièrement "neutre en carbone" d'ici 2050 pour espérer atteindre les objectifs de l'accord de Paris sur le climat, selon le réseau mondial World Green Building Council (WGBC). Ainsi, Powerhouse est une initiative tout à fait dans l'air du temps, mais au Canada elle ne devrait pas détourner l'attention que le Programme Carbone Zéro du CBDCa a initié en mai 2017. 

Sources