Les plantes envahissantes font partie de la grande famille des espèces exotiques envahissantes, qui comprend des végétaux, des animaux et des micro-organismes qui s'établissent en dehors de leur aire de répartition naturelle et constituent une menace à l'environnement ou à la société. Contrairement aux espèces indigènes qui se trouvent dans le milieu naturel sans intervention, une espèce exotique a été introduite par l'activité humaine, de manière volontaire ou accidentelle. Les plantes exotiques sont introduite au Québec depuis des décennies de plusieurs façons, entre autres pour servir de plantes ornementales, pour l'agriculture, lors du transport de marchandise ou dans le cas des espèces maritimes, par les bateaux.
Une grande quantité de végétaux présents dans les milieux naturels et urbains du Québec sont exotiques sans pour autant poser de problème majeur. Beaucoup d'espèces introduites dans un nouveau milieu n'arriveront pas à s'y établir puisqu'elles ont besoin de conditions favorables spécifiques. D'autres pourront survivre sans pour autant devenir invasives. Ce qui distingue les espèces envahissantes est leur capacité à s'établir et à se reproduire facilement et à devenir un compétiteur nuisible important pour la flore locale.
Des plantes envahissantes dans les plates-bandes
Certaines plantes ornementales utilisées dans l'aménagement des plates-bandes ont tendance à envahir les alentours. Celles-ci peuvent aussi être appelées plantes envahissantes puisque vous pourriez avoir beaucoup de difficulté à contrôler leur croissance, certaines devenant de véritables plaies.
En effet, on pourrait croire qu'intégrer des végétaux dans nos plates bandes n'a pas de grandes conséquences et qu'il suffira de les enlever s'ils ne nous conviennent pas, mais la capacité de reproduction de certaines plantes pourrait vous surprendre! Pour éviter de passer de nombreuses heures de jardinage à gérer la croissance d'une plante envahissante, mieux vaut prendre le temps de bien s'informer sur cette caractéristique importante lorsque vous acheter des végétaux que vous ne connaissez pas, celle ci n'étant pas toujours indiquée sur l'étiquette des plantes vendues en pépinières.
Les grandes caractéristiques des plantes invasives et leurs impacts
Selon l’Union mondiale pour la conservation de la nature, les espèces exotiques sont la deuxième menace en importance sur le plan de la biodiversité après la disparition de l'habitat. Les plantes envahissantes constituent une menace majeure pour nos écosystèmes en modifiant les habitats des animaux, en repoussant les espèces végétales indigènes, en freinant la régénération des forêts en plus de poser d'importants problèmes aux exploitations agricoles et aux cours d'eau. Leur impact peut aussi se faire sentir sur la santé humaine dans le cas de végétaux comme l'herbe à puce ou plus encore de la berce du Caucase, qui cause de graves affections cutanées. Les plantes envahissantes constituent aussi une menace financière, les travaux de gestion et d'éradication demandant des budgets importants et leur présence pouvant même affecter la valeur immobilière d'un terrain ou d'une habitation.
Trois grandes caractéristiques permettent à ces végétaux de supplanter les autres espèces dans les milieux naturels:
- Un très bon taux de reproduction, par exemple par la production d'une quantité supérieure de semences.
- La capacité à s'adapter à différents milieux, habitats ou climats. Certains végétaux envahissants, comme la renouée du japon, sont présents à de nombreux endroits du globe et sont une menace mondiale!
- Une très bonne résistance aux maladies ou aux prédateurs, entres autres par la présence de composés toxiques .
Quelques notions de base: les plantes qui produisent des rhizomes, ces racines qui courent sous le sol, comme la menthe par exemple, sont sujettes à être envahissantes. C'est aussi le cas pour celles qui se reproduisent par stolons, ces tiges qui s'arquent pour retourner s'enraciner dans le sol.
Une liste des plantes invasives à éviter dans l'aménagement paysager
Le premier geste à poser pour combattre les dégâts causés par les plantes exotiques invasives et ainsi contribuer à préserver nos écosystèmes est de s'assurer de ne pas planter ces espèces lors de travaux de jardinage et d'aménagement paysager. L'utilisation de végétaux à des fins ornementale est un des grands moyens de propagation des végétaux invasifs comme ce fût le cas pour la renouée du japon, le nerprun, l'épine-vinette et l'érable de Norvège, tous introduits pour l'aménagement paysager. D'ailleurs, dans le cadre de la certification Leed pour les habitation écologique, une liste longue de plusieurs pages détermine les plantes envahissantes qui ne sont pas acceptées dans l'aménagement paysager. Nous vous offrons ici une liste très réduite d'espèces qu'il est préférable d'éviter:
- Alliaire officinale
- Angélique sauvage
- Anthrisque
- Balsamine de l'Himalaya
- Cynanche
- Euphorbe ésule
- Épine-vinette du Japon
- Égopode
- Érable de Norvège
- Euphorbe
- Genêt à balais
- Iris faux-acore
- Kentucky Bluegrass (gazon)
- Nerprun Bourdaine
- Nerprun cathartique
- Macleaya
- Monarde
- Mélilot jaune
- Oléastre à ombelles
- Peuplier blanc
- Salicaire commune
- Sorbaria à feuilles de sorbier
- Tamaris
La deuxième chose à faire pour diminuer la présence de végétaux envahissants est de s'informer sur les espèces présentes sur votre terrain afin de vous débarrasser des plante invasives qui s'y trouvent déjà ou qui s'y propageront par elle-même d'années en années. Ce n'est pas chose facile d'éliminer bon nombre d'entres elles, aussi vaut il mieux s'y prendre le plus tôt possible avant que la situation ne demande des moyens plus exigeants en temps, en énergie et même en argent. Nous vous présentons ici quelques plantes devenues problématiques au Québec, qu'il vaut mieux éliminer si on veut préserver la biodiversité.
La renouée du japon, une des pires invasives dans le monde
Reynoutria japonica ou Fallopia japonica
La renouée japonaise est si invasive qu'elle a réussi à se tailler une place dans plusieurs pays de la planète. Elle s'adapte en effet a de nombreux environnements différents et fait partie de la liste des 100 pires invasives dans le monde du Invasive Species Specialist Group. Elle est maintenant bien implantée au Québec.
C'est une plante qui aime les espace ouverts et l'humidité des fossés et des bords de chemins. Vous l'avez peut-être déjà remarquée car son apparence est singulière: sa tige fait penser à un bambou tacheté de rouge et sa taille est impressionnante. Son système racinaire, aussi dur que du bois,peut s'étendre jusqu'à 7 mètres autour d'un seul plant et il est si vigoureux qu'il peut devenir une menace aux fondations des habitations. En Angleterre, le problème est tel que sa présence sur un terrain amène une baisse de la valeur de la propriété évaluée entre 5 à 15%. Si vous en trouver chez vous, commencez tout de suite à travailler à son éradication avant que le problème ne prenne de l'ampleur. Son éradication est fastidieuse, le moindre petit bout de racine pouvant permettre à de nouvelles pousses de voir le jour.
Par contre, en attendant d'avoir réussi à l'éradiquer et si elle se trouve chez vous dans un endroit qui n'est pas pollué ( les bords de route n'en étant pas un!), vous pouvez déguster les pousses au printemps comme des asperges! Le goût ressemble, apparemment, plutôt à la rhubarbe. Elle est aussi reconnue par les herboristes et utilisée depuis longtemps au Japon et en Chine pour ses propriétés médicinales grâce à sa teneur en resvératrol, utilisée entre autres dans le traitement de la maladie de Lyme.
Le Nerprun bourdaine et le Nerprun cathartique
Ramnus frangulas ou Frangulas amnus et Rhamnus cathartica
Le Nerprun bourdaine est une plante assez commune autour des habitations dans plusieurs régions du Québec. Il est devenu un problème important dans les environnements forestiers où il peut envahir complètement les sous- bois, empêchant la croissance d'arbres indigène. Il tolère bien l'ombre et la pleine lumière, ce qui lui permet de tapisser complètement les espaces ouverts en bordure de forêt . C'est un exemple de plante introduite à des fins ornementales pour la création de haie brise-vent, qui s'est propagée grâce à la dispersion des graines par les oiseaux et à sa croissance rapide, jusqu'à 1 mètre par année! Le Nerprun produit des fruits tout au long de l'été et ses feuilles poussent très tôt au printemps, ce qui l'avantage face aux autres espèces et lui permet d'occuper facilement l'espace disponible. Il a aussi la particularité de produire beaucoup de rejets de souche lorsqu'il est coupé, son élimination est un travail de longue haleine!
Le Nerprun aurait servit dans le passé dans la fabrication de la poudre à canon et comme laxatif, cet usage étant réservé aux herboristes qualifiés puisque la plante est en fait toxique avant la transformation. Ses fruits ne sont donc pas comestibles, mais les oiseaux et les chevreuils s'en nourrissent. Le Nerprun a aussi des propriétés tinctoriales utilisées depuis des siècles. Il est reconnaissable a ses feuilles luisantes et à ses fruit qui passe du vert au jaune, puis au rouge et enfin au noir, plusieurs stades étant souvent présents à la fois puisque la fructification s'étale sur tout l'été. Son écorce est recouverte de petites stries pâles qui font penser à l'écorce de l'aulne.
Le Nerprun cathartique est assez semblable a son cousin et il est lui aussi envahissant.
Pour un dossier complet et pour identifier le nerprun: Guide gestion du nerprun bourdaine pour les propriétaires forestiers.
Le Roseau commun ou phragmite
Phragmites australis
Le phragmite est un roseau que vous avez sûrement déjà aperçu, sans réaliser qu'il est envahissant. Il colonise les fossés et est très présent sur le bord des autoroutes et des chemins car il aime pousser dans l'eau. Il est d'ailleurs assez facile à remarquer: il peut atteindre 5 mètres de haut! En ville, on en retrouve dans les parcs et les espaces naturels ou vacants et le bord des cours d'eau. Il a certainement des qualités ornementales, mais il faut savoir qu'il a la capacité de se reproduire très facilement grâce à ses rhizomes. Il élimine facilement les végétaux présents autour de lui et finit par envahir les lieux humides au point d'empêcher des animaux comme les tortues d'accéder aux plans d'eau. Les zones humides sont complètement perturbées par sa présence. Il faut donc s'assurer de ne pas en disperser les graines ni de les transporter par mégarde dans des zones protégées et surtout ne pas en ajouter intentionnellement dans votre aménagement! S'il y a du phragmite chez vous , il faudra possiblement que vous fassiez appel a un professionnel pour le déloger. Plusieurs roseau sont indigènes au Québec, il est donc possible de choisir une espèce qui n'est pas invasive si vous désirez ajouter des graminées élégants chez vous.
L'Épine Vinette, une plante ornementale jolie mais nuisible
Berberis thunbergii
L'Épine vinette est un buisson aux petites feuilles reconnaissable à ses petits fruits rouges et à ses épines. Plusieurs variétés d'Épine-vinette sont présentes dans nos aménagement paysagers pour leurs feuillages colorés. Celle-ci a été introduite au 19ième siècle comme plante ornementale et s'est depuis échappée grâce à la dispersion des graines par les animaux. Elle forme des bosquets denses en forêt, modifiant l'habitat de la faune locale et envahissant l'espace disponible au sol. Dans les massifs denses, la chute des feuilles modifie la chimie du sol. Si elle se retrouve d'elle même sur votre terrain, mieux vaut l'éliminer pour empêcher qu'elle continue à se disperser aux alentours. Elle aussi possède des propriétés médicinales et a été utilisée dans le passé comme plante tinctoriale. On peut voir sous l'écorce une belle couleur jaune dorée.
La Berce du Caucase, une plante géante et toxique
Heracleum mantegazzianum
La Berce du Caucase, en plus de prendre beaucoup trop de place là où elle s'installe, pose problème par sa sève qui crée de sérieuse réactions cutanées semblables à des brûlures. Présente au Québec depuis 1990, c'est une plantes immense facile à remarquer; elle peut atteindre entre 2 et 5 mètres de haut et ses feuilles jusqu'à 1,5 mètre de largeur ! Elle ressemble à l'Angélique, comestible et médicinale, et à la Berce laineuse, qui est indigène au Québec et ne cause pas de problème. Si on suspecte la présence de la Berce du Caucase ou d'une de ses semblables chez soi, il faut s'assurer de bien l'identifier. Si la plante présente est bel et bien la Berce du Caucase, alors il faudra s'assurer de se protéger adéquatement pour la manipuler en portant idéalement des vêtements imperméables ou de faire appel à des professionnels. Pour plus d'information consultez cette page du gouvernement du Québec.
L'Érable de Norvège
Acer platanoides
L'érable de Norvège est présent dans les villes et les villages du Québec et différents cultivars possèdent des feuillages colorés. Il ressemble à s'y méprendre à un érable à sucre et a tendance a prendre la place de celui-ci ainsi que des érables rouges dans les milieux naturels. La croissance de l'Érable de Norvège est plus rapide et plus hâtive que les autres arbres, lui donnant l'avantage sur les autres espèces indigènes. Par contre son bois n'est pas recherché pour la transformation. Selon l'Association des producteurs forestiers du Québec il vaut mieux choisir de planter des espèces d'Érables indigènes et éliminer au printemps les nouvelles pousses qui auraient poussé d'elles-même sur notre terrain.
Le Pétasite du Japon
Petasites japonicus
Une autre plantes aux proportions étonnantes, ses feuilles atteignent 80 cm de diamètre! Les jardiniers perdent rapidement le control de la croissance de ce pétasite énorme utilisé à des fins ornementales et vendu en pépinière. Il forme des colonies rapidement au printemps, ce qui empêche les autres espèces indigènes de croitre Et il peut s'échapper pour pousser en bordure des forêts ou des routes. On vous recommande vivement de ne pas le planter et de vous atteler à l'éliminer avant qu'il ne prenne trop de place.
Sentinelle, un outil de signalement pour contribuer à la lutte contre les espèces envahissantes
Le Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du gouvernement du Québec a créer un outil nommé Sentinelle où il est possible de déclarer la présence d'espèce envahissantes sur le territoire. Il contient une carte des différents signalements qui met en image l'étendue du problème, ainsi qu'un répertoire des espèces exotiques envahissantes, dont une section est dédiée aux plantes aquatiques et terrestres. C'est un outil d'identification pratique et assez complet qui vous permet de contribuer à la lutte contre les EEE.
Comment se débarrasser des plantes invasives
Si une plante envahissante est présente chez vous, il faudra vous armer de patience pour l'éliminer. Informez-vous sur les caractéristiques et les conséquences de l'espèce en particulier et agissez aussi rapidement que possible pour limiter les dégâts et pour freiner la propagation dans votre milieu. Nous vous offrons nos conseils et nos trucs pour vous en débarrasser des plantes invasives du Québec ici. Comme il est possible de faire plus de mal que de bien , par exemple en brisant les racines de certaines espèces, il vaut mieux savoir ce qu'on fait avant de s'attaquer au problème.
Vous en savez maintenant plus sur les plantes envahissantes et leurs dangers pour l'environnement. Trouvez plus d'information sur l'aménagement paysager écologique dans les articles ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.
Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable. |
Ces différentes organisations fournissent de l'information complémentaire pour identifier et mieux comprendre les enjeux liés aux plantes invasives:
- Conservation de la Nature Canada
- Conseil Québécois des espèces envahissantes
- Fédération des producteurs forestiers
- Arbres Canada.
Un petit truc d'entretien écologique que j'adore : récupérer l'eau sous la gouttière pour l'arrosage du jardin et mieux gérer les eaux de pluie! L'eau de pluie est douce, non chlorée et à température ambiante alors elle convient partfaitement à l'arrosage des plantes. On peut aussi faire du nettoyage avec. Avec le trop-plein on peut diriger les surplus de pluie vers les plate-bandes plutôt que vers les égouts municipaux ce qui n'est pas idéal...