Le Règlement modifiant le Code de construction pour favoriser l’efficacité énergétique, inspiré de la norme Novoclimat, est en vigueur depuis le 30 août 2013. Il concerne aussi bien les constructions neuves que les rénovations lorsqu’il s’agit d’un agrandissement ou de l’ajout d’un étage. Tous les bâtiments d’habitation de trois étages et moins dont la superficie au sol est de 600 m² et moins sont assujettis à ces nouvelles règles.

Il peut arriver que des particuliers ou des constructeurs souhaitent adopter des choix de construction qui ne soient pas directement conformes à ces nouvelles règles. Par exemple, il est possible (et pas forcément conseillé) de dépasser les 30% de superficie totale des ouvertures brutes par rapport à la superficie des murs au-dessus du sol (section 11.2.2.4.3), ou encore d’avoir des éléments du bâtiment avec des isolations thermiques moindres que celles du nouveau code (section 11.2.2.1). Dans ce cas, il faut être en mesure de démontrer que « la consommation annuelle d’énergie de la construction proposée ne dépasse pas celle de la construction de référence qui, elle, est conforme aux exigences [du nouveau règlement] » (soit une construction respectant le seuil minimal des nouvelles exigences).

Vous songez construire ou agrandir une habitation qui pourrait ne pas être conforme à la partie Efficacité Énergétique du Code?

Notre service d’ingénierie Écohabitation  propose  des études de conformité (avec conseils et propositions personnalisées) pour les maisons non standards et constructions alternatives désormais non conformes au Code. Contactez-nous pour une soumission ou pour en apprendre davantage sur notre offre de service.

Maisons en rondins ou bois rond

On se retrouve dans ce cas particulier avec les maisons de bois rond. En effet, les nouvelles exigences pour l’isolation des murs extérieurs sont RSI-4,31 / R-24,5 alors que les performances d’isolation des murs en bois rond sont aux alentours de RSI-1.76 / R-10[1]. De plus, bien qu’elle ne fasse malheureusement pas partie des exigences du nouveau code, « l’étanchéité à l’air revêt aussi de l’importance. Il est primordial de bien assurer l’étanchéité des angles et des intersections avec le toit, surtout dans le cas de plafonds cathédrale. Les maisons en rondins comportant de nombreux coins, joints et angles de toit peuvent consommer plus d’énergie qu’un modèle plus simple. »[2]

bois rond structure maison

Les constructeurs de maisons en rondins mettent souvent en avant le fait qu’ « une maison en rondins bien construite bénéficie de la masse thermique, [qui] désigne le phénomène par lequel les matériaux absorbent, emmagasinent et libèrent lentement la chaleur au fil du temps. Les murs et planchers de construction massive, en béton ou en rondins, se comportent de cette façon. » [2] Cependant, la Société Canadienne d’Hypothèque et de Logement (SCHL) souligne que cet avantage serait très limité au Québec en raison de la rigueur du climat en hiver, car « bien qu’il apparaisse clairement que les bâtiments à forte masse adoptent un comportement plus efficace par temps doux (au printemps et à l’automne), il est, par conséquent, peu probable que la masse thermique contribue à réaliser des économies au cours des mois d’hiver ».

Étude de conformité

Afin de déterminer la différence de consommation annuelle d’énergie d’une maison en bois rond par rapport à une construction de référence, notre service Énergie Écohabitation a modélisé un bâtiment type d’environ 120 m² de surface habitable sur le logiciel HOT-2000. Ce logiciel est le principal outil de cotation et d’analyse énergétique résidentielle du Canada. Il est notamment utilisé pour fixer la cote Énerguide des bâtiments, une mesure standard pour déterminer leur rendement énergétique (le nouveau code exige une cote Energuide minimale de 78 points sur 100).

Le bâtiment type a été élaboré à partir des plans existants d’une maison, et représente donc bien ce qui peut exister en réalité. Le modèle a été modifié pour refléter les exigences minimales du nouveau code de construction. Le pourcentage d’ouvertures par rapport aux murs de façade est de 10% pour ce bâtiment type. Le nouveau règlement autorisant d’aller jusqu’à 30%, un deuxième modèle a été établi pour arriver à ce pourcentage et observer les variations dans ce deuxième scénario. A partir de ces constructions de référence modélisées, des modifications ont été apportées pour représenter les caractéristiques de murs de bois rond : à savoir une résistance thermique moindre pour les murs extérieurs, et une moins bonne étanchéité à l’air. Les résultats de cette simulation apparaissent dans le tableau suivant.
Consommation électrique annuelle d'une maison en bois rond comparé à une maison respectant les seuils minimaux du code de construction.

consommation maison bois rond
Benjamin Zizi pour Écohabitation

On peut observer que la maison de bois rond a une consommation énergétique annuelle de 25% plus élevée que la construction de référence pour le scénario avec 10% d’ouvertures (portes extérieures et fenêtres), et de 13% plus élevée pour le scénario avec 30% d’ouvertures. Le surcoût de chauffage par rapport à la construction de référence serait de l’ordre de 324 à 525 dollars canadiens par an (le système de chauffage modélisé est un chauffage basique avec plinthes électriques).

Les sources de déperdition d’énergie d’une maison en bois rond par rapport à une maison respectant les seuils minimaux du Code sont de l’ordre de 80% dus à l’isolation insuffisante des murs, et de 20% dus à l’étanchéité insuffisante de toute la maison.

Ainsi, pour que le bâtiment soit conforme au nouveau code de construction du Québec, il faudra compenser ce surplus de consommation par des mesures adaptées et suffisantes, comme par exemple : diminuer la fenestration au Nord, mieux isoler les fondations ou les plafonds, améliorer l’étanchéité en scellant chaque fissure, installer du triple vitrage, etc.

C’est ce qu’a réussi à faire un fabricant de maisons en bois massif, l’entreprise « Habitation du Patriote » de Saint-Henri-de-Taillon, au Lac-Saint-Jean. En effet, ses constructions sont en bois rond usiné de 11 po (28 cm) de diamètre sur sa pleine longueur, ce qui permet « aux billots machinés de bien s’emboîter les uns sur les autres, car ils ont la même longueur, la même épaisseur et la même courbure. De plus, l’ajout de mousse entre les billots et de calfeutrant dans les coins scelle tous les joints. » (Voir cet article de notre ami André Fauteux dans La Maison du 21è Siècle) L’étanchéité à l’air est ainsi excellente, le test d’infiltrométrie indiquant un résultat de 0.4 CAH à 50 Pa.

L’entreprise a d’ailleurs obtenu récemment une dérogation permanente de la Régie du Bâtiment du Québec (RBQ) basé sur les améliorations suivantes : fenestration triple vitrage certifiée EnergyStar, étanchéité à l’air inférieure à 1.5 changements d’air à l’heure (CAH) à une pression de 50 pascals, des résistances thermiques de RSI-8.98/R-51 pour  le toit cathédrale, de RSI-5.20/R-29.55 pour la solive de rive, de RSI-3.58/R-20.3 pour les fondations, et de RSI-1.76/R-10 pour la dalle de béton. Toutes ces améliorations lui ont permis d’obtenir une cote Energuide de 81.

 

[1] La valeur de résistance thermique de ce genre de mur est de RSI-0.18 / R-1 par 25 mm (1 po) (Mackie, B. Allan. Building With Logs, Firefly Books Ltd, 1997, Willowdale – Ontario), ce qui correspond à une épaisseur raisonnable de 25 cm ou 10 po pour un mur donnant une résistance thermique de RSI-1.8 / R-10. La performance thermique du mur dépend entre autres facteurs de l’essence de bois, de la teneur en humidité, et de la qualité de construction.

[2] Foire aux questions : Maisons en rondins. SCHL (Société Canadienne d’Hypothèque et de Logement), http://www.lignati.com/docs/SCHL-BoisRond.pdf