Les cuisinières au gaz représentent un risque sérieux pour la santé : les émissions de dioxyde d’azote (NO2) associées à leur utilisation sont en cause. En plus de demander l’interdiction de nouveaux branchements de ce type d’appareils, Écohabitation recommande aux propriétaires de cuisinière ou de plaque de cuisson au gaz de s’en débarrasser s’ils demeurent avec des personnes à risque (enfants et adultes asthmatiques, personnes atteintes de maladie pulmonaire obstructive chronique, personnes âgées, etc.).

Retour sur les dernières études liées aux impacts sur la santé des équipements au gaz

Dès 2013, une méta-analyse révélait des résultats sans appel, associant définitivement la présence d’une cuisinière au gaz à l'augmentation de l'asthme sévère... Et au besoin accru d'utiliser un inhalateur de secours chez les enfants. Même éteintes (à cause des pilotes allumés), y compris lorsque la hotte de cuisine est en fonction, les appareils de cuisson au gaz laissent échapper dans les maisons des contaminants nocifs, comme le dioxyde d'azote, le méthane et le benzène.

La cuisinière au gaz est la principale source d’émission de dioxyde d'azote (NO2) à l’intérieur d’une habitation. Or, les effets sur la santé de ce contaminant atmosphérique sont connus depuis des décennies. Selon Statistique Canada, une exposition de courte durée à des concentrations élevée de NO2 peut réduire la fonction pulmonaire et aggraver les symptômes de l'asthme. Une exposition prolongée à de faibles niveaux de dioxyde d'azote peut, quant à elle, augmenter le risque de symptômes respiratoires, surtout chez les enfants asthmatiques.

Ainsi, il a été prouvé que les ménages en Amérique du Nord courent un risque accru d'asthme lorsqu'ils choisissent d'utiliser une cuisinière à gaz. En décembre 2022, une nouvelle étude américaine a chiffré ce risque : elle estimait que les appareils de cuisson au gaz contribuent à près de 13 % des cas d’asthme infantile aux États-Unis. À noter qu’un pourcentage similaire de cas d’asthme chez les enfants est attribuable à l’exposition à la fumée secondaire du tabac dans ce pays...

Au Québec, une étude mesure l'impact du gaz sur la qualité de l'air intérieur 

Fin 2022, Le Devoir a mesuré pendant plusieurs mois les concentrations de dioxyde d’azote dans un logement familial équipé d’une cuisinière au gaz. L’expérience démontre, en cohérence avec la littérature scientifique, que la cuisinière au gaz expose les habitants de ce foyer à une quantité importante de NO2, en plus de contribuer aux crises d’asthme de l’enfant de 3 ans de la famille.

Aux vues des résultats obtenus, il semble même fondamentalement impossible de suivre certaines lignes directrices canadiennes en matière d’exposition au dioxyde d’azote lorsqu’on possède une cuisinière au gaz.

Les concentrations moyennes de NO2 mesurées sur plusieurs mois dans l’habitation de Montréal excèdent très largement les recommandations canadiennes pour l’exposition de longue durée, fixée à 20 µg/m3 (ce chiffre correspond à la masse de particules par unité de volume d'air). En novembre et décembre, alors que les fenêtres étaient maintenues fermées à cause du temps froid, la concentration moyenne mesurée était même presque cinq fois supérieure à la ligne directrice canadienne (95 µg/m3).

La ligne directrice canadienne pour les expositions de courte durée est fixée à 170 µg/m3, un niveau qu’il ne faudrait jamais dépasser sur une base horaire. Cause de ce seuil d'alerte : des concentrations élevées de courtes durées de NO2 peuvent causer de l’inflammation et des troubles respiratoires.

graphique qualité de l'air intérieur cuisinière au gaz
L'impact du gaz sur la qualité de l'air, illustré par le graphique du Devoir.            Image Le Devoir

Or, une telle concentration a été détectée au moins neuf fois dans le logement à l’étude entre les mois de septembre et décembre. Bien que le seuil de concentration au NO2 pour les expositions de courte de durée en vigueur au Canada n’ait jamais été violée sur une base horaire (les expositions élevées ne dépassaient jamais quelques minutes), ces résultats nous semblent tout de même troublants.

Il n’est pas possible de déterminer exactement quelle est la proportion de NO2 dans l’air intérieur directement liée à l’utilisation de la cuisinière au gaz, aux infiltrations de l’air extérieur (la circulation automobile est la principale source de NO2 à l’extérieur) et aux autres sources de NO2. Rappelons que ce polluant est généré lors de n’importe quelle forme de combustion. Toutefois, les données recueillies par Le Devoir démontrent des augmentations soudaines de dioxyde d’azote aux moments où la famille cuisine, soit vers l’heure du dîner et du souper.

À noter que Le Devoir précise que l’air de Montréal en hiver contient en moyenne une concentration d’environ 20 µg/m3 de NO2, avec certaines journées à 40 µg/m3 majoritairement dans les quartiers plus pollués.

En somme, la famille participante à cette étude est exposée à une concentration considérable de NO2, malgré le fait que la hotte était, à toutes fins pratiques, allumée systématiquement lors de l’utilisation de la cuisinière. Cette étude menée en 2022 au Québec confirme ainsi le risque pour la santé associé à l'utilisation de la cuisinière à gaz.

Consulter l'article du Devoir: Quelle est la qualité de l’air dans une maison équipée d’une cuisinière à gaz?

Verdict d’Écohabitation

Écohabitation, tout comme plusieurs experts environnementaux et de santé, encouragent la population à opter pour des appareils électriques, tels qu'une table de cuisson à induction et une cuisinière électrique, afin de réduire les incidences sur la santé pulmonaire des enfants et autres personnes vulnérables. De notre avis, il ne devrait tout simplement pas y avoir de cuisinière au gaz dans une maison comprenant une ou des personnes à risque, comme les enfants asthmatiques, les adultes avec des problèmes respiratoires connus ou encore des personnes âgées.

Nous sommes conscients qu’il n’est pas possible ni réaliste de procéder au remplacement de toutes les cuisinières au gaz pour des raisons entre autres monétaires, et/ou logistiques. De plus, l’idée ici n’est pas d’envoyer des appareils parfaitement fonctionnels à l'enfouissement, une option illogique économiquement, environnementalement et socialement. Idéalement, un électroménager en bon état pourrait par exemple être transféré ou revendu pour usage dans un logement ne comportant pas de personnes à risque (par exemple, occupé seulement par des adultes en bonne santé), moins à risque de développer des complications.

De plus, la cuisson par induction est souvent considérée comme l'une des technologies de cuisson les plus efficaces. Elle offre une instantanéité de chaleur et un contrôle de température très précis, deux qualités souvent évoquées par les cuisiniers vantant les vertus de la cuisson au gaz... Les plaques à inductions ont également l'avantage d'être plus faciles à nettoyer si une casserole déborde. Des avantages qui pourraient convaincre les inconditionnels du gaz. Pour approfondir la question, trouvez nos conseils pour le choix d'une cuisinière ici.

Autre élément à considérer : les cuisinières au gaz fonctionnant avec une veilleuse (ou pilote) toujours allumée, ou constante, émettent encore plus de NO2 que les cuisinières possédant un système d’allumage intermittent électronique, qui peuvent être programmées pour s’arrêter de manière automatique. Ces premières devraient donc être évitées le plus possible. Dans tous les cas, si vous possédez une cuisinière ou une table de cuisson au gaz à la maison, voyez les précautions à prendre pour réduire les risques des cuisinières au gaz sur la santé dans cet article.

Finalement, la combustion de tout combustible fossile libère du dioxyde de carbone dans l'atmosphère et contribue aux changements climatiques. L'utilisation de l'électricité est ainsi préférable, particulièrement pour cette application, car il s'agit d'une source d'énergie d'origine hydroélectrique, bien moins néfaste que les combustibles fossiles. En convertissant les maisons vers le 100 % électrique, nous contribuons à la décarbonation des bâtiments.

La hotte essentielle pour la cuisson au gaz
L'utilisation de la hotte est essentielle pour la cuisson au gaz   Photo Elina Volkova Pexel

Vers l'interdiction des cuisinières au gaz?

Comme nous l'avons déjà signalé, l’interdiction progressive du gaz dans les nouvelles constructions, mise en place dans plusieurs pays et États dans le monde, constitue une mesure importante dans la lutte aux changements climatiques.

Plusieurs villes américaines, comme New York et San Francisco, ont mis en place des mesures qui entreront en vigueur dans les années à venir et qui auront pour effet d’interdire l'installation de cuisinières au gaz dans les futures nouvelles constructions. 

Selon Statistique Canada, notre belle province compte 100 000 habitations dotées de cuisinières à gaz, et la mobilisation autour de la restriction de ces appareils gagne en importance. Plusieurs médecins et organismes demandent haut et fort d’interdire le branchement de tout équipement au gaz dans les nouveaux bâtiments. En février dernier, Montréal indiquait songer à interdire les nouvelles cuisinières au gaz dans les résidences et les commerces. Début avril, la Ville de Laval annonçait officiellement la venue d’un projet de règlement visant à imposer un moratoire sur l’installation d’appareils alimentés au gaz naturel dans le secteur résidentiel.

La législation interdit actuellement l'installation d'appareils de chauffage au mazout dans les nouvelles habitations. Écohabitation souhaite que le même sort soit réservé au gaz naturel et ce, partout au Québec. 

Trouvez plus de pages sur l'utilisation du gaz et sur les différentes sources d'énergie ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.

Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable.

Sources :

  • Population Attributable Fraction of Gas Stoves and Childhood Asthma in the United States, par Talor Gruenwald, Brady A. Seals, Luke D. Knibbs et H. Dean Hosgood III, paru dans Second Edition of the Air Pollution Impact on Children’s Health, décembre 2022
  • Portrait québécois de l’asthme : prévalence, incidence et mortalité de 2001 à 2016. Institut National de Santé publique, 2020.
  • Caractéristiques de la santé des enfants et des jeunes de 1 à 17 ans, Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes 2019, Statistique Canada, 2020.
  • L’asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) au Canada, Statistique Canada, 2018.
  • Methane and NOx Emissions from Natural Gas Stoves, Cooktops, and Ovens in Residential Homes
  • Lebel, E. D., Finnegan, C. J., Ouyang, Z., & Jackson, R. B. (2022). Methane and NOx Emissions from Natural Gas Stoves, Cooktops, and Ovens in Residential Homes. Environmental Science & Technology, 56, 2529‑2539
  • Seals, B. A., & Krasner, A. (2020). Health Effects From Gas Stove Pollution. Rocky Mountain Institute, Physicians for Social Responsibility, Mothers Out Front, and Sierra Club.
  • Abreo, A.; Gebretsadik, T.; Stone, C.A.; Hartert, T.V. The impact of modifiable risk factor reduction on childhood asthma development. Clin. Transl. Med. 2018