Mise à jour le 10 juillet 2017 - Avec l’engagement canadien sur la réduction des émissions de GES d’ici 2030, il est probable que le nombre de programmes et incitations financières visant à réduire l’empreinte carbone des habitations augmente, puisqu’ils contribuent significativement à surmonter les obstacles financiers à l’adoption de mesures permettant de réduire leur consommation.

Le recensement de 2011 a révélé que les foyers consomment 1,4 million de térajoules (TJ) d’énergie par an (…), avec 105 gigajoules (GJ) par foyer en moyenne.

On estime qu’en 2011, les 13,9 millions de foyers canadiens ont émis 45 Mt CO2e (mégatonnes d’équivalent de dioxyde de carbone). Le fait d’encourager les propriétaires à effectuer des rénovations écoénergétiques constitue une énorme occasion de réduire la

consommation (…) ce qui se traduira par une réduction des émissions de gaz à effet de serre. (Rapport du Conseil des consommateurs du Canada, 2017, p.17)

 

Une étude récemment menée par le Conseil des consommateurs du Canada, intitulée Incitations aux rénovations écoénergétiques : risques et possibilités pour les consommateurs (mai 2017), donne un point de vue intéressant sur l'avis des Canadiens sur les programmes incitatifs à la rénovation écoénergétiqueAu Québec, les programmes de subventions Éconologis et Rénoclimat, le crédit de taxe Rénovert et plusieurs programmes de Gaz Métro qui ont fait l'objet du sondage aux consommateurs (plus d'informations sur ces programmes). Notre analyse.

Un Canadien sur deux aurait bénéficié d'un programme de rénovation écoénergétique

Selon cette étude, près de 50 % des consommateurs canadiens disent avoir participé à des programmes organisés par le gouvernement ou des services publics pour améliorer l'efficacité énergétique de leur résidence. La plupart d'entre eux se disent satisfaits des résultats. Les ménages à faible revenu soulignent par ailleurs le fait qu’ils n’auraient sans doute jamais entrepris les travaux sans les aides financières. 78 % des consommateurs concernés se disent favorables à de tels programmes, dont ils ont le plus souvent appris l’existence via leurs factures de services électriques, les promotions en magasin ou la publicité.

Qui sont ceux qui profitent des programmes?

Les travaux de rénovation écoénergétique permettent des économies à long terme, mais l'ampleur des investissements de départ freine trop souvent les propriétaires qui sont peu en moyens. L'étude souligne le rôle de levier financier important que jouent les programmes en rénovation écoénergétique.

Parmi les personnes interrogées qui ont bénéficié de l'aide financière d'un programme, 44 % ont affirmé qu’elles n’auraient pas fait faire la rénovation si l’incitation n’avait pas été offerte. Et le revenu du ménage s’est avéré être d'une influence déterminante: 74 % des personnes ayant un revenu inférieur à 50 000 $ par an ont affirmé qu’elles n’auraient pas fait la rénovation sans l’incitation.

Objectif: économies!

La principale raison qui a poussé les consommateurs à participer aux programmes d'aide est sans surprise la volonté d'économiser de l’argent sur leur facture énergétique mensuelle de services publics.

Plus précisément, 33 % des répondants ont dit qu’ils voulaient économiser de l’argent sur leur facture mensuelle, 19 % ont été motivés par leur besoin d’une nouvelle fournaise, d’un nouveau climatiseur, de nouvelles ampoules ou d’un nouvel appareil électroménager, et 18 % ont participé car ils voulaient l’argent du programme. Parmi toutes les réponses possibles, la motivation environnementale ou encore l'augmentation de la valeur immobilière de la propriété ont récolté chacune 7 % des réponses.


Mais tous les travaux de rénovation écoénergétique n'ont pas le même impact en termes d'économie! Quelles sont les mesures les plus rentables à mettre en oeuvre? Écohabitation, dans son étude Potentiel de négawatts des habitations québécoises, publiée en février 2017, a dressé le Top 10 des mesures les plus efficaces:

Paola Duchaine pour Écohabitation

Soulignons que le crédit d'impôt Rénovert ne donne pas de consignes quant aux travaux les plus rentables, à réaliser en priorité. Le choix est laissé aux propriétaires. Et leur choix se porte souvent sur le changement des fenêtres. Emmanuel Cosgrove, directeur d'Écohabitation, a confié en entrevue à Karl Rettino-Parazelli, pour son article Une première année en deçà des attentes pour le crédit RénoVert, paru dans le Devoir du 8 juillet 2017 : " Le problème avec ce type de travaux, dit-il, c’est qu’il faut attendre entre 20 et 50 ans pour rentabiliser l’investissement grâce à une réduction équivalente de sa facture d’électricité. Et puisque les économies d’énergie permettent surtout de consommer moins d’hydroélectricité, une énergie propre, la réduction de GES est minime, dit-il."

Ainsi, dans un programme ne dictant pas les travaux de rénovation écoénergétique à effectuer en priorité, le risque de ne pas maximiser la réduction des émissions de GES en fonction de l'investissement financier, est bien réel.


La satisfaction est au rendez-vous

La conclusion de cette étude révèle que, dans le cadre des programmes canadiens d'incitations aux rénovations écoénergétiques, de nombreux conseillers en énergie et rénovateurs font de l’excellent travail pour améliorer les maisons. Leurs clients propriétaires ont de meilleures maisons grâce à leur participation à un programme d’incitation, et le Canada s’est rapproché de ses objectifs en matière de changement climatique.

82 % des participants à un programme ont affirmé être satisfaits (51 % étaient très satisfaits et 31 % étaient satisfaits).

Il est aussi intéressant de souligner que 78 % des répondants, y compris la moitié qui n'avaient pas bénéficié des aides financières, étaient favorables au fait que le gouvernement finance des programmes permettant aux propriétaires d’augmenter l’efficacité énergétique des habitations. Ces constatations semblent indiquer que les propriétaires considèrent que les programmes d’incitation présentent suffisamment d'avantages pour être légitimés!

Des pistes d'amélioration 

La moitié des répondants au sondage n'ont pas profité de programmes encourageant la rénovation écoénergétique. Pour beaucoup, les causes évoquées sont structurelles et ne mettent pas en cause la pertinence des programmes: parmi les réponses reçues, 22 % ont affirmé que leur maison n’avait pas besoin de rénovations ou était neuve, et 12 % ont dit qu’ils avaient déjà rénové leur maison pour en augmenter l’efficacité énergétique.

Mais 14 % des répondants qui n'ont pas bénéficié de programmes ont invoqué le manque d’information (sur l'existence du programme ou sur son fonctionnement), 6 % estimaient que l’incitation offerte n’était pas assez élevée et 3 % ont été freinés par le nombre de formulaires à remplir.

Obstacles à la participation: l'avis des Montréalais

Les participants de Montréal ont identifié les freins suivants: 

  • crainte de ne pas recevoir une facture à temps de la part de l’entrepreneur
  • impossibilité de présenter une demande s’ils réalisaient le travail eux-mêmes (pas de facture), ce qui pourrait être plus économique
  • courte durée des programmes
  • le risque que les entrepreneurs facturent davantage pour la main-d’œuvre, annulant ainsi les économies
  • les projets plus petits ne seraient pas admissibles (montant minimum obligatoire)

Notons aussi que 7 % des personnes avaient peur de se faire escroquer et que 3 % craignaient que les travaux ne soient pas effectués correctement. « Nos chercheurs ont constaté que les consommateurs s'attendaient à être protégés dans le cadre de ces programmes initiés par le gouvernement et à être assurés d’un travail de qualité », a déclaré le président du conseil, Don Mercer. « De plus, ils veulent choisir leurs propres entrepreneurs, en s’assurant que le travail sera chargé et complété de façon appropriée». 

Selon l'étude, comme les programmes gouvernementaux utilisent l’argent des contribuables, ils sont donc responsables d’assurer une qualité dans l’exécution. Le rapport découlant de l’étude propose ainsi des recommandations liées à sept objectifs thématiques qui permettront d’améliorer la qualité et l’uniformité des programmes, soit de:

  1. Préciser la structure des programmes incitatifs;
  2. Assurer la disponibilité d'informations équilibrées et véridiques, issues de sources fiables et disponibles à toutes les étapes de la participation aux programmes incitatifs pour les propriétaires;
  3. Veillez à ce que des entrepreneurs et sous-traitants formés et qualifiés complètent le dans le cadre des programmes;
  4. Veiller à ce que des entrepreneurs et des conseillers en énergie spécialisés et qualifiés effectuent le travail dans le cadre du programme;
  5. Ajouter de l’assurance qualité aux programmes;
  6. Assurer que des programmes de garantie administrés par des tiers fassent partie du secteur de la rénovation;
  7. Assurer des pratiques étiques, équitables et loyales des entrepreneurs.

Ces résultats sont inclus dans le rapport Incitations aux rénovations écoénergétiques: risques et possibilités pour les consommateurs, publié par le Conseil des consommateurs du Canada, disponible en ligne. On y retrouve également une vaste revue de littérature, les questions posées lors de l’étude et les résultats et analyses y étant liés, le détail des entretiens effectués avec les groupes de discussion et leurs résultats ainsi qu’un appendice de tous les programmes existants au Canada.

À propos du Conseil des consommateurs du Canada

Le Conseil des consommateurs du Canada est le groupe de consommateurs les plus actifs au Canada à l'échelle nationale. Le Conseil aide les entreprises et le gouvernement à gérer les problèmes de consommation actuels. Il vise à créer un marché efficace, équitable, efficace et sûr. Organisé en tant qu'organisme indépendant à but non lucratif, le Conseil a été constitué par le gouvernement fédéral en 1994.