L'actualité s'emballe sous l'effet du Sommet Action Climat 2019 et les enjeux environnementaux occupent le devant de la scène. Alors que les dirigeants de ce monde se réunissent à l'Organisation des Nations unies (ONU), l'opinion publique se passionne. Les citoyens des cinq continents démontrent qu'ils sont de plus en plus concernés par l'urgence climatique, Montréal et le Québec entier ne font pas exception. Avec un bilan embarrassant, l'urgence de l'action fait son effet.

Où en sont les États? Bilan embarrassant

Années après années, Sommets après Sommets, les scientifiques publient des études qui vont toutes dans le même sens: l’écart entre les objectifs et la réalité s’accroît. À l'occasion du Sommet Action Climat de l’ONU, les plus grands organismes climatologiques ont publié un rapport qui ne peut laisser indifférent.

Alors que les pays avaient élaboré leurs propres plans d’action en faveur du climat conformément à l’Accord de Paris en 2015, il s'avère que la somme de ces plans est insuffisante pour limiter la hausse du réchauffement climatique à un niveau largement inférieur à 2°C (Source: ONU).

Ce rapport, intitulé Unis dans la science, souligne plusieurs faits importants:

  • la température moyenne mondiale de la période 2015–2019 devrait être la plus élevée jamais enregistrée
  • l'étendue de la banquise arctique en été a diminué à un taux d'environ 12 % par décennie entre 1979 et 2018
  • la perte de masse des glaciers pour 2015–2019 est la plus élevée jamais enregistrée pour une période quinquennale
  • l’élévation du niveau de la mer et l’acidification de l’eau de mer se sont accélérées
  • les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint des records. En 2018, les émissions de dioxyde de carbone ont augmenté de 2 % pour atteindre un niveau record de 37 milliards de tonnes de CO2.

En fait, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne montrent toujours aucun signe de ralentissement, et l'année 2018 affiche le triste record de production et de consommation de pétrole dans le monde (Source: Le Monde).

Le bilan dressé au lendemain du premier jour du Sommet déçoit: la Chine et l'Europe ont simplement réitéré leurs objectifs pris lors de l'Accord de Paris, et seuls 66 pays, essentiellement en développement, pesant pour 6,8% des émissions, ont annoncé de nouveaux engagements.

Où en est le Canada? Dans son inventaire national, présenté en avril à l'ONU, le pays dresse un bilan timide: entre 2005 et 2017, les émissions canadiennes ont diminué de 2 %, avec des variations entre les provinces. C’est bien loin de l’objectif fixé aux termes de l’Accord de Paris, où le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de GES de 30 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005 (Source: Radio-Canada).

Il est donc nécessaire d'accélérer tous les financements climatiques confondus pour réorienter l'économie drastiquement.

“C'est mon obligation - notre obligation - de tout faire pour mettre fin à la crise climatique avant qu'elle n'entraîne notre fin. Le temps presse. Mais ce n'est pas trop tard ». ─ António Guterres, Secrétaire général de l'ONU.

De plus, Monsieur Guterres a rappelé que même si l’on réussit à baisser les émissions, les effets dramatiques du changement climatique sont déjà là. « L’adaptation est donc devenue une priorité absolue et une condition essentielle pour augmenter la résilience des pays et des communautés et éviter la souffrance humaine », a-t-il souligné.

Les Jeunes prennent la parole

Les jeunes ne se satisfont pas de l'immobilisme. Les discours politiques ne les convainquent pas, le manque d'action concrète et drastique les alertent et le peu de résultats les poussent à réclamer des actions immédiates. Nombreux sont ceux qui s'engagent, particulièrement depuis l'an dernier, alors que Greta Thunberg initiait en novembre 2018, la Skolstrejk för klimatet (« grève de l'école pour le climat »). Ce mouvement est depuis devenu une mobilisation mondiale de centaines de milliers jeunes.

Le Sommet de l'ONU a notamment été marqué par l'intervention de la jeune activiste : « Nous vous tiendrons responsables » a lancé la jeune suèdoise aux dirigeants présents à New York, prévenant qu’à défaut, la jeunesse leur « montreront la sortie ». Ses mots résonnent encore dans l'opinion publique, alors que toute action réellement impliquante se fait encore attendre.

Wanjuhi Njoroge, du Kenya, s’est aussi exprimée, au nom des « millions de jeunes en Afrique dont l’avenir reste incertain à cause de la crise climatique ». La jeune femme pense que le mouvement mondial des jeunes en faveur du climat « causera une révolution » et salué le fait que les jeunes soient désormais présents à la table des négociations. « Ce que nous demandons en tant que jeunes, c’est que nos voix et propositions doivent influer sur ces décisions », a-t-elle dit.  

« La justice climatique et environnementale est une question de droits de l’homme, de justice sociale et de souveraineté nationale en lien avec les ressources naturelles ». ─ Bruno Rodriguez, activiste argentin de 19 ans, lors du Sommet Action Climat.

Neutralité carbone d’ici 2050

La communauté scientifique l'affirme: pour réussir à mettre fin à la crise climatique, il faut à tout prix réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici 2030 ; atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ; et limiter la hausse de la température globale à 1,5 degré Celsius d’ici la fin du siècle.

Un défi pour le secteur de la construction se dessine: l'initiative Bâtiments Zéro Carbone pour Tous de l'ONU a vu le jour, engageant à rendre les nouveaux bâtiments 100% zéro carbone d'ici 2030 et les bâtiments existants d'ici 2050. Cet objectif pourrait générer un investissement de 1 000 milliards de dollars dans les bâtiments «conformes à Paris» dans les pays en développement d'ici 2030. Pour cela, les banques de développement multilatérales et des institutions financières privées se sont engagées à aligner leur financement des bâtiments sur l'Accord de Paris et les politiques climatiques nationales.

 © ONU

Ambitions pour la Ville de Montréal

La VIlle de Montréal s'est illustrée au Sommet pour le Climat à New York. Invité à faire un discours, Valérie Plante y a annoncé une vision ambitieuse et plusieurs initiatives adoptées par la métropole:

  • réduction des émissions de GES de la Ville de 55% d’ici 2030 (plutôt que des 45% prônés par le secrétaire général de l’ONU)
  • notamment en réduisant la place de l'auto solo, en augmentant la mobilité active et en rendant les bâtiments carboneutres
  • interdiction du chauffage au mazout d'ici 2030

Valérie Plante a également révélé avoir renoncé à un projet immobilier qui menaçait la biodiversité et les zones humides sur le territoire de Montréal. Choisir la préservation de la nature face à la pression immobilière et aux enjeux financiers constitue un choix courageux encore trop peu courant.

Enfin, elle a salué la norme des bâtiments Zéro Carbone (Zero Carbon Building) du Conseil du Bâtiment durable du Canada (Consultez notre article). Cette initiative vise à appuyer les efforts du Canada de réduire d’ici 2030 les GES du pays, soit de 30 % par rapport aux niveaux de 2005.

Au Canada, le CBDCa a récemment présenté au gouvernement fédéral trois propositions pertinentes afin d’accélérer la transition vers la construction et la rénovation de bâtiments à faibles ou à zéro émissions (Consultez notre article).

Semaine mondiale du bâtiment durable

Comme pour accompagner le mouvement, le Conseil du bâtiment durable des États-Unis (US Green Building Council) organise la Semaine mondiale du bâtiment durable (World Green Building Week).

C'est la Semaine pour le Climat que le USGBC a choisi pour contribuer à décarboniser l'économie d'ici 2050 et de garder le réchauffement global en-dessous des 1,5 degrés. L'occasion d'attirer l'attention sur le potentiel des bâtiments durables dans la lutte aux changements climatiques. Atteindre des objectifs environnementaux, créer des communautés durables et vibrantes ainsi que de soutenir l'économie: voilà des possibilités offertes par des bâtiments carboneutres.

À cette occasion, des activités, conférences et événements se dérouleront partout dans le monde. La société d'architecture Lemay représente le Québec dans cet événement global. Lors de sa Journée Nette Positive, le 25 septembre, Lemay réunira des experts, des professionnels, des chercheurs et des étudiants pour des présentations et débats autour des thèmes de la santé, du bien-être, de la protection de l’environnement et des réductions des émissions de carbone. Toutes les activités de la Semaine du bâtiment durable.

Agissez, faites entendre votre voix

Ce vendredi 27 septembre à midi, les citoyens, entreprises et organismes sont invités à manifester. C'est la Grève mondiale pour le climat, un rendez-vous historique qui regroupera des centaines de milliers de personnes. Des entreprises fermeront exceptionnellement leurs portes (dont Écohabitation), des manifestations auront lieu partout. Consultez les lieux de rendez-vous partout au Québec.

Greta Thunberg se joindra à la manifestation de Montréal, qui débutera au Parc Jeanne Mance sur l'avenue du Parc à midi.