Avec un ratio d’une piscine par 16 personnes, le Québec compte le plus grand nombre de bassins de baignades par habitant en Amérique du Nord: plus de 500 000! (source: Association des commerçants de piscines du Québec). Les propriétaires ayant décidé de s’en munir sont toujours de plus en plus nombreux.

Évidemment, l'impact environnemental d'une piscine n'est pas neutre: qu'elle soit creusée, semi-creusée ou hors terre, elle occasionne une grande consommation d'eau, l'utilisation de produits nuisibles à l'environnement, et éventuellement, une dépense énergétique supplémentaire. La piscine municipale ou encore la piscine naturelle représentent des choix plus environnementaux!

Pour ceux qui ont déjà une piscine chez eux, l'idéal est de suivre  les meilleures pratiques pour réduire l'évaporation de l'eau et la quantité d'énergie dépensée pour chauffer l'eau . Côté entretien, il existe principalement quatre systèmes pour traiter l’eau de la piscine (ou de son jacuzzi). Le plus connu, et le plus populaire, est bien entendu celui au chlore, mais des alternatives peuvent s’avérer intéressantes: au sel, à ionisation et à ozonation ultra-violet (UV). Que choisir?

1. Les générateurs de chlore

Le chlore est nuisible à l’environnement: non seulement il est très toxique pour les organismes aquatiques, mais il réagit aussi avec la matière organique présente dans l’eau pour former des composés organochlorés, également toxiques pour l’environnement.

Pour l'humain, ce bactéricide est irritant pour les yeux, la peau et les voies respiratoires et certains des composés organichlorés générés par la présecence de chlore dans l'eau sont des substances cancérogènes probables chez les humains (Environnement Canada, 2003). De plus, l’entretien est exigeant, puisqu’il demande d’ajuster la concentration de ce produit chimique dans l’eau presque tous les jours.

Mais comme il est peu coûteux et s’avère très efficace pour tuer les bactéries, cet halogène très abondant dans la nature est le plus populaire pour assainir l’eau des piscines et spas. Il est dans ce cas important d'utiliser des quantités minimales de chlore, et de réduire la fréquence et la durée des traitements, pour limiter les quantités de chlore résiduel rejetées dans les eaux de surface. Le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs a émis des recommandations supplémentaires, comme de préférer quelques traitements de courte durée à un traitement continu. Consultez les recommandations pour une utilisation sécuritaire du chlore.

Pour ces raisons environnementales et de santé, de plus en plus de gens se tournent vers d’autres moyens d’assainir leur eau. La piscine au sel gagne ainsi en popularité. Mais est-ce vraiment mieux?

2. Les générateurs de sel

La piscine au sel est tout simplement un bassin dans lequel on a déversé une grande quantité de sel en début d’année pour atteindre une concentration donnée (bien moins élevée que dans l’océan – en fait, on ne le goûte pratiquement pas) – normalement, environ 40 kilos de sel pour 10 000 litres d’eau.

Ces systèmes sont pourvus d'un dispositif qui fait passer un courant électrique à bas voltage dans l'eau salée, ce qui transforme le sel en chlore (le sel est du chlorure de sodium). Le vrai terme serait donc « chloration au sel ».

Les principaux avantages :

  • Moins de produits chimiques à manipuler
  • Plus doux pour les yeux et les cheveux
  • Nul besoin de rajouter du sel pendant l’été (sauf si la quantité d’eau change, due à l’évaporation ou une grande quantité de pluie, par exemple) car le système est en circuit fermé et le sel ne s’évapore pas.
  • Moins d’entretien que celles au chlore: une fois qu’elle est ouverte, la piscine au sel demande très peu de manipulations supplémentaires. Le pH doit tout de même être vérifié régulièrement.

Ces systèmes de traitement ne sont pas inoffensifs à 100 % (ça reste du chlore)! Il faut également ajouter des algicides, qui prendront le relais si le chlore vient à manquer.

Et, bien que l'eau d'une piscine traitée ainsi n'ait pas d'odeur incommodante et qu'elle soit moins irritante que l'eau traitée au chlore standard, ces systèmes rejettent pas moins de 100 kg de sel dans la nature environnante ou les égouts, lors des vidanges annuelles. Ce qui tend à contaminer les cours d’eau et la nappe phréatique et à empêcher la croissance des végétaux et des jardins environnants. De plus, le problème d'accumulation de chlore dans l'environnement demeure. Ainsi, à Toronto, il est interdit de déverser l’eau de la piscine ou du spa traité au sel dans les égouts depuis 2008.

Autre bémol? La corrosion (le sel est très corrosif). On évitera donc d’utiliser un tel système si la piscine comporte des éléments en acier ou en métal (rail, échelle, etc.). De même, un équipement qui fuit subira plus facilement les effets néfastes du sel. Ceci dit, si les installations respectent les normes et qu’ils sont bien entretenus, et que la chimie de l’eau est bonne, il ne devrait pas y avoir de problèmes.

Coût

  • Entre 800 et 2 000 $ à l’achat, sans l’installation.
  • 50 $ de sel par année.

On opte donc pour ce système principalement si l'on souhaite diminuer le temps accordé à l’entretien, ou si on a une certaine sensibilité aux voies respiratoires.

Un mot sur le brome. Cette option est de moins en moins populaire : moins irritant et moins odorant que le chlore, le brome coûte quatre fois plus cher que le chlore. 150 $ pour le l'appareil distributeur de brome, et 300 $ à 400 $ de produits par été.

D’autres options, plus saines...

Systèmes de traitement écologiques pour piscines © Jeff Dunham, unsplash

Plus récemment, trois systèmes alternatifs de traitement de l’eau sont apparus sur le marché: l’ozonation, l’ionisation et le rayonnement d’un réacteur UV. Même si, contrairement au chlore, ils nécessitent l’achat d’appareils supplémentaires, et donc que leur coût est plus élevé, ils séduisent notamment par leur faible impact sur l’environnement, puisqu’ils n'entraînent aucun rejet de sel et qu'ils réduisent l’utilisation de produits chimiques au maximum (jusqu’à 90 %).

Ces systèmes sont des systèmes d’appoint aux traitements chlorés, de sel ou de brome. Ils fonctionnent de manière passive, n’agissant que lorsque l’eau circule dans les appareils de traitement. Vous devez donc toujours maintenir un résiduel de désinfectant (chlore, sel ou brome) au niveau minimalement prescrit par la règlementation, ce qui réduira votre exposition et votre consommation d’agents désinfectants.

3. L’ozonation et le réacteur UV

L'ozonation est un procédé écologique utilisé dans de nombreuses usines de traitement de l’eau potable. Il est donc bien connu et fort efficace. Pour les piscines et spas, les générateurs d’ozone utilisent des électrodes ou des rayons UV pour transformer l’oxygène (O2) en ozone (O3), un puissant oxydant qui est ensuite introduit dans l’eau. Sa fonction est d’oxyder les matières organiques, mais n’est pas suffisant par lui-même. Ces systèmes doivent donc être utilisés avec des produits classiques, tel que le chlore.

Dans le cas du dispositif par rayonnement UV, l’eau circule dans un cylindre muni d’une lampe UV qui, à une fréquence de 254 nanomètres, permet d’éliminer 99,9 % des bactéries, algues et virus. Ce système pose moins d’impacts négatifs sur l’eau que les autres modes de traitement, et il offre un beau rapport qualité-prix.

Le générateur d’ozone avec UV est quant à lui fiable et compatible avec tous les types de piscines. Son procédé automatique ne demande pas de surveillance. Il ne dérègle pas l’équilibre de l’eau (ph), son entartrage est limité et il ne crée pas de corrosion! Il permet aussi de limiter les irritations à la peau, aux yeux et au système respiratoire.

Le système, encore peu connu, exige par contre un entretien régulier, et il faut remplacer les lampes UV environ tous les deux ans (125 $). Il coûte entre 1 200 et 2 000 $, et l’installation doit être effectuée par un spécialiste.

4. L’ionisation

Ici, des électrodes libèrent des ions métalliques, généralement de cuivre (un algicide) et d’argent (un bactéricide), qui permettent d’éliminer algues, bactéries et virus. Tout comme le procédé par ozonation, il permet de réduire la quantité de chlore et autres produits chimiques nécessaires à l’entretien (de 70 à 90 % de moins), mais les concentrations d’ions doivent être vérifiées sur une base régulière et les électrodes remplacées aux quatre ans (environ 160 $). Son coût varie entre 500 et 2 000 $ à l’achat. Compter environ 200 $ pour l’installation.

Le produit le plus connu est ClearBlue ; il se branche au système de filtration de votre piscine et libère des ions minéraux microscopiques qui contrôlent la prolifération d’algues et de bactéries. Cela permet de réduire le chlore, les algicides et les autres produits chimiques jusqu’à 90 %. L’ioniseur ClearBlue coûte moins cher qu’un chlorateur au sel et les piscines ClearBlue sont plus faciles à entretenir que les piscines traditionnelles au chlore ou au sel. Conçu et fabriqué par ClearBlue Ionizer, il est distribué au Québec par plusieurs compagnies, dont Opur à Montréal.

Comment entretenir sa piscine de manière plus écologique?

Bien que de nombreux propriétaires de piscines de notre province, à la saison froidre très longue, apprécient l’expérience d’une baignade chaude du printemps à l’automne, le coût de chauffage de l’eau peut être un inconvénient majeur. Et ce, même avec un système très efficace, tel qu’une pompe à chaleur pour piscines. Comment réduire les coûts, et les impacts écologique ? Toutes les réponses dans notre article sur le top 10 des manières économiques et écologiques de chauffer sa piscine.

Une alternative à la piscine: l'étang de baignade

La piscine naturelle, ou étang de baignade, l'option la plus écologique d'entre toutes © Taylor Simpson, Unsplash

En plus d'être l'option la plus écologique de toutes, la création d'un étang de baignade, ou piscine naturelle, crée un environnement des plus esthétiques. On a recours ici à une épuration dite biologique, souvent grâce à un marais d'épuration séparé de l'aire de baignade: des roches volcaniques et des plantes comme le roseau forment un système d’épuration naturel (en fait, ce sont les bactéries qui sont naturellement accrochées aux roches/plantes qui épurent l’eau). On crée un écosystème complet: les plantes (plutôt que les algues nuisibles) se nourrissent des nitrates rejetés dans l'eau par les micro-organismes et une cascade aide à oxygéner l'eau, prévenant aussi l'apparition d'algues. 

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