48 ans, souriante, simple et directe : Nathalie Dion vient d’être élue Présidente de l’Ordre des Architectes du Québec. Nous l’avons rencontrée dans les locaux de l’OAQ, au centre-ville de Montréal.

Écohabitation : - Au Québec, le recours à un architecte n’est pas obligatoire pour les maisons unifamiliales… Donnez-nous les raisons pour lesquelles c’est intéressant de faire appel à un architecte!

Nathalie Dion : - Un architecte va ajuster sa conception aux besoins du client; il va lui permettre d’accéder à une maison esthétique mais aussi fonctionnelle, et économe en énergie! Les gens ignorent que nous sommes responsables de l’enveloppe du bâtiment, et que nous faisons le lien entre les  différents corps de métier présents sur un chantier pour que tout soit cohérent... Si donner 4 à 10 % du montant de l’achat d’une maison à un agent d’immeubles fait désormais partie de l’hypothèque, alors pourquoi ne pas rajouter les coûts architecturaux? Ils permettent d’accéder à une maison de bien meilleure qualité et dont la valeur de revente sera plus intéressante.

Écohabitation : - Comment sensibiliser le grand public ?

Nathalie Dion : - Il me semble que notre visibilité dans le résidentiel est plus importante qu’avant, notamment grâce aux médias, aux suppléments et aux magazines qui publient des photos de belles maisons d’architectes… Mais les gens continuent de croire que l’architecte est là pour mettre en œuvre des idées très chères. C’est faux. Il faut inverser la tendance!

Écohabitation : - Est-ce que vous tentez de faire changer la loi, de telle manière que les architectes soient beaucoup plus présents dans le résidentiel?

Nathalie Dion : - Bien sûr! L'architecte n'est pas obligatoire dans l’unifamilial, et nous ne sommes présents dans le multi-logement qu’à partir de quatre étages ou cinq logements. Notre présence est bien moindre que dans la plupart des pays d'Europe par exemple. Nous demandons à faire baisser ces seuils. Le gouvernement nous consulte régulièrement… Mais pour l’instant ça n’a pas bougé.

© Girard-Côté-Bérubé-Dion
Future gare de Repentigny (train de l'Est), dessinée par Nathalie Dion © Girard-Côté-Bérubé-Dion

Écohabitation : - Est-ce que LEED est encore une certification d’avenir, selon vous?

Nathalie Dion : - C’est LE label. Incontournable. LEED force à réfléchir, à penser à tout, à l’isolation mais aussi aux supports à vélo! Mais le processus de certification est long et lourd, et certains constructeurs y renoncent même si leur bâtiment est parfait au plan écologique et éco-énergétique. Certains appliquent soigneusement les principes de LEED en décidant de ne pas faire certifier. Il faut aussi s’ouvrir à d’autres certifications, comme le Living Building Challenge.

Écohabitation : - Quel est votre point de vue sur le nouveau règlement énergétique du Code de construction du Québec?

Nathalie Dion : - Ce fameux chapitre 11, qui contraint les constructeurs à davantage d’efficacité énergétique, ne concerne que les bâtiments de moins de 600 m2 et de moins de trois étages. Or les immeubles commerciaux et institutionnels sont responsables de 67% des gaz à effet émis par tous les bâtiments confondus! J’aimerais donc que cette révision s’applique aussi aux gros bâtiments commerciaux et institutionnels…

Écohabitation : - À titre personnel, vous travaillez pour la firme Girard-Côté-Bérubé-Dion. Quelles sont vos réalisations récentes? 

Nathalie Dion : - Nous sommes spécialisés dans les transports en commun : nous concevons des gares (voir photo ci-dessus), des voies réservées pour les bus, des abribus… Nous travaillons aussi sur des projets de quartiers denses en banlieue.