Depuis plusieurs années, il est possible d’observer une évolution importante dans la conception des toilettes, particulièrement en ce qui a trait à leur consommation d’eau. Alors qu’il y a une vingtaine d’années, la norme voulait qu’une toilette nécessite entre 15 et 20 litres d’eau par chasse, certaines entreprises offrent aujourd’hui des modèles à ultra-haute efficacité ne consommant pas plus de trois litres d’eau par chasse et ce, avec la même performance d’évacuation. Il s’agit d’une amélioration significative, considérant que la toilette a longtemps représenté – et représente toujours dans bien des cas – l’un des points de consommation d’eau les plus importants de la maison avec le bain et la douche. Or, les progrès techniques qui ont accompagné ces changements dans l’efficacité des toilettes n’ont pas été sans soulever certaines inquiétudes par rapport à la capacité de la plomberie à soutenir correctement l’évacuation faite par ce type de toilette, notamment dans le cas des vieux bâtiments.

Afin d’apporter un éclairage sur cette question, la spécialiste des enjeux de gestion des eaux Sara Finley, consultante chez GGB Associates et Écohabitation, a enquêté sur les problèmes potentiels de tuyauterie que pourraient causer l’installation de toilettes écologiques dans les vieux bâtiments. Pour mener à bien ce projet, elle s’est associée avec l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), qui compte près de 22 000 logements sous sa supervision.

Deux éléments ont été étudiés sur une période de quatre mois. D’une part, Sara a comptabilisé tous les appels liés à un problème de plomberie dans ces logements, catégorisé la source de ces problèmes ainsi que le type de toilette qu’ils affectaient (13 litres/chasse ou plus, ou 4,8 litres/chasse ou moins). Elle a d’autre part effectué le même recensement sur deux bâtiments précis construits avant 1980, puis à mi-chemin du temps de l’étude, elle a remplacé les toilettes existantes par des toilettes à faible consommation d’eau. Encore une fois, elle a par la suite évalué les raisons des appels concernant des problèmes de plomberie lorsque les nouvelles toilettes étaient installées.

Les conclusions de l’étude de Sara Finley remettent en question les réticences à installer des toilettes à faible consommation dans de vieux bâtiments. En effet, elle n’a pas observé de différence significative dans la capacité de la vieille tuyauterie à évacuer le nécessaire selon le type de toilette, et n’a également pas noté de problème de performance des toilettes à faible consommation d’eau par rapport aux toilettes consommant 12-13 litres par chasse. Ainsi, l’étude permet de conclure que si des problèmes d'évacuation ou de plomberie surviennent, la cause est plutôt une plomberie défaillante et non la toilette qui y est liée.

Pour appuyer cette étude, Sara a également entrepris une série d'essais en laboratoire en partenariat avec les professionnels du Centre des technologies de l'tau (CTE) et le cégep de Saint-Laurent. Armés d'un protocole de recherche conçu par un expert du domaine (Bill Gauley, MaP-Testing), l'équipe a monté un banc d'essai dans le laboratoire de l'École des métiers de la construction de Montréal (EMCM) pour tester la performance des toilettes à faible débit dans les situations dites « de pire des cas »; c'est-à-dire une tuyauterie en vieille fonte rugueuse de quatre pouce de diamètre, munie d'un clapet anti-retour en bronze, le tout avec une inclinaison de 1%, soit moins que les 2% habituellement exigés par le Code de plomberie. Ces conditions ont étés précisées par les experts en plomberie des partenaires institutionnels intégrés au projet, incluant la RBQ, la SHQ, l'OMHM et la CMMTQ.

Pour en voir plus, découvrez cette entrevue avec Sara Finley sur les lieux du laboratoire :

Les résultats peuvent être consultésdans dans ces articles: Tout sur... Les toilettes écologiques

Tout comme dans le cas de l’étude avec l’OMHM, le banc d'essai a permis de démontrer que l’ancienne plomberie a été en mesure d’évacuer adéquatement les rejets émis via une toilette à plus faible consommation d’eau. Cela confirme ainsi l’absence de lien entre l’augmentation des blocages et l’utilisation de toilettes faible débit dans un sous-sol avec une plomberie en fonte.

Dans l’optique d’une meilleure gestion de l’eau potable, ces conclusions sont encourageantes, puisqu’elles démystifient les liens entre plomberie et toilette, et ne donnent ainsi plus aucune excuse à l'installation de toilettes qui ne sont pas à haute efficacité. Il est permis d’espérer que le Québec suivra le chemin tracé par les autres provinces et adoptera les toilettes 4,8 litres par chasse comme le maximum autorisé par le Code de plomberie.

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