De quoi est fait mon mur ?

Un mur conventionnel comprend cinq couches. En partant du dehors, on a d’abord le parement extérieur (bois, brique...), le pare-air (pellicule plastique perméable à la vapeur qui limite les entrées d’air), puis l’isolant (un matériau qui isole du froid, voir le paragraphe suivant), ensuite le pare-vapeur (souvent une pellicule plastique qui empêche la vapeur venue de la maison de stagner dans les murs qu’elle risque de détériorer), une lame d’air et enfin le revêtement intérieur (panneaux de gypse, par exemple). Toute cette superposition, c’est votre enveloppe, celle qui vous permet de vous sentir chez vous comme dans un nid douillet.

Pour savoir si votre maison est étanche à l’air, passez donc la main autour de vos portes, fenêtres, entrées d’électricité, entrées de câblage... Mais rien de mieux qu’un test d’infiltrométrie ! Il est réalisé systématiquement dans toutes les maisons qui s’apprêtent à être labellisées Novoclimat ou LEED. Il permet de détecter les fuites d’air, de les localiser, les quantifier, et de choisir l’intervention nécessaire. Enfin, pour affiner vos connaissances, sachez que les spécialistes utilisent un « coefficient de résistance thermique » pour mesurer, par pouce, la performance de chaque isolant. Par exemple, la laine de roche a une valeur « R » de 4 et la cellulose a une valeur « R » de 3,7 par pouce d’épaisseur. 

D’où viennent les pertes de chaleur ?

Données issues du site de l’Agence pour l’efficacité énergétique.
Données issues du site de l’Agence pour l’efficacité énergétique. © Julia Chartier

 

Les matériaux isolants pour vos murs

Voici une liste de matériaux isolants que les constructeurs peuvent vous proposer. Sachez peser le pour et le contre en termes d’efficacité et d’environnement.

Uréthane giclé à cellules fermées

  • Pour : L’uréthane est un très bon isolant, très pratique sur les murs inégaux (ex : murs de pierre avec infractuosités, lucarnes dans les toitures). Il joue également le rôle du pare-vapeur et du pare-air ! Son impact sur la qualité de l’air intérieur de la maison est très correct.
  • Contre : Sur un plan écologique, ce matériau laisse à désirer. Cette résine est issue du pétrole, son extraction et sa production émettent des polluants (voir note sur les agents de gonflement en bas de l’article). Elle nécessite beaucoup d’énergies grises (énergies dépensées avant sa mise en service). Par ailleurs, il n’est pas facile à mettre en place. Une fois installé, il est médiocre en termes d’insonorisation et de performance antifeu. Enfin... il est très cher !
Uréthane giclé à cellules fermées
Uréthane giclé à cellules fermées.
© Céline Lecomte

Uréthane giclé à cellules ouvertes

  • Pour : Son impact sur la qualité de l’air est correct.Son efficacité en termes d’isolation est acceptable, mais moins grande que celle de l’uréthane giclé à cellules fermées (il est d’ailleurs moins cher). Ses agents gonflants ont peu d’impact sur les changements climatiques, ce qui améliore nettement son bilan écologique.
  • Contre : A l’exception de ses agents gonflants HFC, moins nocifs, il a les mêmes défauts écologiques et pratiques que son jumeau, l’uréthane giclé à cellules fermées (voir ci-dessus). En plus il ne joue pas le rôle de pare-vapeur...
Uréthane giclé à cellules ouvertes
Uréthane giclé à cellules ouvertes
© Bala structures

Polystyrène expansé (PSE)

  • Pour : C’est une mousse blanche compacte, d’origine pétrochimique. C’est un excellent isolant, sans nul doute. Son impact sur la qualité de l’air intérieur est correct. Il est polyvalent - utilisable pour les murs du sous-sol et les murs extérieurs - et assez facile à installer. Et il n’est pas cher.
  • Contre : Ecologiquement, ce n’est pas grandiose : il est issu du pétrole, il nécessite des énergies grises importantes, et contient des ajouts ignifuges à base de brome qui sont persistants dans l’environnement ... Enfin, il n’est pas efficace en termes d’insonorisation.
Polystyrène expansé (PSE)
Polystyrène expansé (PSE)
© Mike Reynolds

Laine de roche

  • Pour : Ecologiquement, on est bien au-dessus des matériaux cités plus haut. La laine de roche est issue de roches volcaniques transformées en fibres. Elle est très efficace en termes d’insonorisation et sa performance antifeu est excellente. Elle est polyvalente, utilisable au grenier comme pour les murs. Son coût est moyen. Certains fabricants pratiquent le recyclage. 
  • Contre : Le liant utilisé dans sa composition, à hauteur de 5% du matériau, émet des composés organiques volatils dont le formaldéhyde. Cependant, dans la plupart des cas, les émissions sont faibles. Par ailleurs, son extraction occasionne de la pollution. Et la roche volcanique n’est pas un matériau renouvelable. 
Laine de roche
Laine de roche. © Céline Lecomte

   Laine ou fibre de verre

  • Pour: Issue d'un mélande de verre liquéfié et de sable, la laine de verre est avant tout très efficace en insonorisation, et c'est un isolant très correct. Elle a la même polyvalence que la laine de roche, et sa fabrication à partir de verre recyclé est un bon point.

  • Contre: Son impact sur la qualité de l'air intérieur est un problème. On peut cependant trouver de la fibre de verre sans formaldéhyde (EcoTouch, chez Owens Corning, ou de Johns Manville).

Laine ou fibre de verre
Laine ou fibre de verre.
© Céline Lecomte

Cellulose

  • Pour : On aime la cellulose, issue du recyclage de journaux non distribués. C’est un bon isolant, qui insonorise bien les pièces, et qui a une bonne performance anti-feu, malgré l’idée qu’on peut s’en faire ! Enfin, son prix est peu élevé.
  • Contre : Pas facile à installer. Elle n’est pas utilisable dans les sous-sols.
Cellulose
Cellulose. © Céline Lecomte

Isolants naturels et écologiques

Ils arrivent lentement sur le marché canadien mais ils sont intéressants à maints égards.

  • La paille (pour les murs) est également un très bon produit sur le plan écologique, mais nécessite une charpente adaptée et n’est pas commercialisée. On la trouve donc … chez les agriculteurs. La pose est laborieuse et normalement réservée aux autoconstructeurs.
  • Le chanvre (murs et toiture), plus cher que la paille et la fibre de bois, s’utilise avec du gypse, de la chaux et de la terre cuite. La charpente doit être adaptée, et la pose doit être exécutée par un spécialiste (ArtCan).
  • Le coton (murs extérieurs et intérieurs) est également un bon isolant, qu’on peut obtenir au Québec auprès de Jasztex Fiber.

De nouveaux matériaux isolants, déjà utilisés en Europe, sont à l’étude au Canada. Suivez l’actualité d’Ecohabitation pour vous tenir informés…

Le Thermofoil, un faux isolant !

Thermofoil
Thermofoil © Mike Reynolds

Cette pellicule plastique ressemble au papier-bulles utilisé pour protéger des objets cassables, elle est dotée en plus d’une couche d’aluminium. Son impact sur la qualité de l’air intérieur est correct, et il est facile à installer. Mais ce n’est pas un isolant, contrairement à ce qu’affirment nombre de fournisseurs ! C’est un simple pare-vapeur, qui pose de nombreux problèmes écologiques : émission de polluants lors de sa fabrication (pétrole, aluminium), beaucoup d’énergies grises, source non renouvelable. Il n’est pas performant contre le feu et c’est un piètre insonorisant. En plus... il est cher !