De quoi est fait mon mur?

L'isolation n'est pas le seul élément important d'un mur. Un mur conventionnel comprend plusieurs couches. En partant du dehors, on a d’abord le parement extérieur (bois, brique...), le pare-intempérie (généralement une pellicule plastique perméable à la vapeur, mais imperméable à l'eau), le panneau de contreventement (typiquement OSB ou contreplaqué), puis l’isolant (un matériau qui isole du froid), ensuite le pare-vapeur (souvent une pellicule plastique qui empêche la vapeur venue de la maison de migrer dans le mur), une lame d’air, et enfin, le revêtement intérieur (panneaux de gypse, par exemple). Toute cette superposition, c’est votre enveloppe, celle qui vous permet de vous sentir chez vous comme dans un nid douillet.

On n'a pas parlé de pare-air ci-dessus, et pour une bonne raison. On appelle souvent pare-air la membrane qui fait l'étanchéité à l'air principale de la maison. Cependant, c'est sa mise en place et continuité qui sont importantes. On n'a jamais trop de redondance avec ses couches pare-air, tant qu'on fait attention à la migration de vapeur. On préfèrera donc toujours parler de système pare-air. La membrane pare-air principale des habitations typiques est la même que le pare-vapeur intérieur (typiquement au Québec, un polyéthylène est utilisé, qui est pare-vapeur, et aussi pare-air, si bien installé). Mieux comprendre le rôle du pare-air et du pare-vapeur ici.

Pour savoir si votre maison est étanche à l’air, vous pouvez passer la main autour de vos portes, fenêtres, entrées d’électricité, entrées de câblage... Mais rien de mieux qu’un test d’infiltrométrie! Il est réalisé systématiquement dans toutes les maisons qui s’apprêtent à être certifiées Novoclimat ou LEED. Il permet de détecter les fuites d’air, de les localiser, les quantifier, et de choisir l’intervention nécessaire. 

Les matériaux isolants pour vos murs

Voici une liste de matériaux isolants que les constructeurs peuvent vous proposer. Sachez peser le pour et le contre en termes d’efficacité et d’environnement.

Cellulose

  • Pour : On aime la cellulose, issue du recyclage de papier et de carton recyclé. C’est un très bon isolant, qui insonorise bien les pièces, et qui a une bonne performance anti-feu, malgré l’idée qu’on peut s’en faire! Enfin, son prix est peu élevé.
  • Contre : Pas facile à installer. (Deux modes d'application sont possibles, cellulose soufflée ou cellulose giclée). Elle n’est pas utilisable dans les sous-sols. Le sel de bore est utilisé comme retardateur de feu, et antifongique, et il est considéré comme écotoxique.
Cellulose
Cellulose. © Céline Lecomte

Uréthane giclé à cellules fermées

  • Pour : L’uréthane est un bon isolant, très pratique sur les murs inégaux (ex : murs de pierre avec infractuosités, lucarnes dans les toitures). Il joue également le rôle du pare-vapeur et du pare-air ! Son impact sur la qualité de l’air intérieur de la maison est correct.
  • Contre : Sur un plan écologique, ce matériau laisse à désirer. Cette résine est issue du pétrole, son extraction et sa production émettent des polluants (voir note sur les agents de gonflement en bas de l’article). Elle nécessite beaucoup d’énergies grises (énergies dépensées avant sa mise en service). Une fois installé, il est médiocre en termes d’insonorisation et de performance antifeu. Enfin... il est cher!
Uréthane giclé à cellules fermées
Uréthane giclé à cellules fermées.
© Céline Lecomte

Uréthane giclé à cellules ouvertes

  • Pour : Son impact sur la qualité de l’air est correct. Son efficacité en termes d’isolation est acceptable, mais moins grande que celle de l’uréthane giclé à cellules fermées (il est d’ailleurs moins cher). Ses agents gonflants ont peu d’impact sur les changements climatiques, ce qui améliore nettement son bilan écologique.
  • Contre : À l’exception de ses agents gonflants HFC, moins nocifs, il a les mêmes défauts écologiques et pratiques que son jumeau, l’uréthane giclé à cellules fermées (voir ci-dessus). En plus il ne joue pas le rôle de pare-vapeur...
Uréthane giclé à cellules ouvertes
Uréthane giclé à cellules ouvertes . © Joseph Santelli, Creative Commons.

Polystyrène expansé (PSE)

  • Pour : C’est une mousse blanche compacte, d’origine pétrochimique. C’est un bon isolant, sans nul doute. Son impact sur la qualité de l’air intérieur est correct. Il est polyvalent - utilisable pour les murs du sous-sol et les murs extérieurs - et assez facile à installer. Et il n’est pas cher.
  • Contre : Écologiquement, ce n’est pas grandiose : il est issu du pétrole, il nécessite des énergies grises importantes, et contient des ajouts ignifuges à base de brome qui sont persistants dans l’environnement ... Enfin, il n’est pas efficace en termes d’insonorisation.
Polystyrène expansé (PSE)
Polystyrène expansé (PSE)

Laine de roche

  • Pour : Écologiquement intéressante, la laine de roche est issue de roches volcaniques transformées en fibres. Elle est très efficace en termes d’insonorisation et sa performance antifeu est excellente. Elle est polyvalente, utilisable au grenier comme pour les murs. Son coût est moyen. Certains fabricants pratiquent le recyclage ; il est aussi possible de la réutiliser en fin de vie.
  • Contre : Le liant utilisé dans sa composition, à hauteur de 5 % du matériau, peut émettre des composés organiques volatils. Cependant, dans la plupart des cas, les émissions sont faibles. Par ailleurs, son extraction occasionne de la pollution, et la roche volcanique n’est pas un matériau renouvelable. Son plus gros inconvénient est son énergie grise, soit l'énergie utilisée au cours de son cycle de vie.
Laine de roche
Laine de roche. © Céline Lecomte

Laine ou fibre de verre

  • Pour : Issue d'un mélange de verre liquéfié et de sable, la laine de verre est avant tout très efficace en insonorisation, et c'est un excellent isolant. Elle a la même polyvalence que la laine de roche, et sa fabrication à partir de verre recyclé est un très bon point.
  • Contre : Le seul impact négatif serait son installation et le fait qu'il faut éviter de l'exposer à l'humidité, sans quoi elle va la stocker, puis d'affaisser.  
Laine ou fibre de verre
Laine ou fibre de verre.
© Céline Lecomte

Isolants naturels et écologiques

Ils arrivent lentement sur le marché canadien mais ils sont intéressants à maints égards.

  • Les matériaux d'isolation en chanvre existe principalement en laine, et peut donc être utilisé dans les murs et la toiture. Sa pose est très similaire à celle de la laine de roche, et ses performances hygrothermiques et isolantes sont très proches de celles des autres matériaux organiques (type fibre de bois ou cellulose).
  • La fibre de bois est disponible sous plusieurs formes et peut être utilisée pour les murs, le toit, et même le plancher si l'on cherche une isolation acoustique. Les panneaux de fibre de bois sont fabriqués à partir de copeaux de bois ou de bois rond extrait de la forêt, ce qui leur donne bon nombre d'avantages du côté écologique : faible énergie grise, bonne performance et matériaux renouvelables. 
  • La paille (pour les murs) est également un très bon produit sur le plan écologique, mais nécessite une charpente adaptée et n’est pas commercialisée. On la trouve donc… chez les agriculteurs. La pose est laborieuse et normalement réservée aux autoconstructeurs.

Le Thermofoil, un faux isolant !

Thermofoil
Thermofoil

Cette pellicule plastique ressemble au papier bulle utilisé pour protéger des objets cassables, elle est dotée en plus d’une couche d’aluminium. Son impact sur la qualité de l’air intérieur est correct, et il est facile à installer. Mais ce n’est pas un isolant, contrairement à ce qu’affirment nombre de fournisseurs ! C’est un simple pare-vapeur, qui pose de nombreux problèmes écologiques : émission de polluants lors de sa fabrication (pétrole, aluminium), beaucoup d’énergies grises, source non renouvelable. Il n’est pas performant contre le feu et c’est un piètre insonorisant. En plus... il est cher !

Quels sont les travaux de rénovation énergétique les plus rentables ?

Votre maison a besoin d'une meilleure performance énergétique? Avant de vous lancer dans des travaux d'isolation, commencez par de petits gestes, plus simples et rentables. Vous pouvez, par exemple, changer votre système de chauffage et de climatisation pour une thermopompe à haute efficacité, ajouter un scellant à vos fenêtres, installer de la robinetterie à faible débit, utiliser des ampoules LED... Bref, plusieurs autres actions peuvent être posées avant de vous lancer dans l'isolation de vos murs, car il s'agit de travaux complexes et coûteux.

Toutefois, si vous avez déjà optimisé la performance de votre résidence et que vous vous sentez d'attaque, vous pouvez compter sur le programme de subventions Rénoclimat, qui offre de l'aide financière pour les travaux d'isolation. En plus, pour avoir droit à l'aide financière, un spécialiste doit venir visiter votre résidence avant les travaux afin de réaliser un test d'infiltométrie. Grâce au rapport, vous saurez exactement ce que vous devez effectuer comme travaux pour améliorer l'efficacité énergétique de votre habitation et serez en mesure de déterminer si l'investissement en isolation en vaut la peine!

Vous en savez maintenant plus sur les matériaux d'isolation et leurs avantages et inconvénients. Trouvez plus de pages sur l'enveloppe de la maison ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.

Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable.