Les murs de votre maison jouent un rôle de protection : leur travail consiste à garder l'intérieur en dedans et l'extérieur… en dehors. Mais, alors que nous construisons généralement nos murs pour qu’ils puissent sécher en hiver, ils devraient plutôt être conçus afin qu’ils puissent sécher en toutes saisons. Voici pourquoi. 

L’humidité circule toujours des zones de haute concentration vers les zones à faible concentration. Sous notre climat canadien, ces différentes conditions s'inversent entre les saisons ; en hiver, l’air extérieur est froid et sec, alors qu’en été, il est chaud et humide. En parallèle, pour qu’un élément parvienne à sécher, un échange d'énergie doit avoir lieu. Lorsque nous chauffons une maison, l’air sèche vers l'extérieur ; quand on la refroidit, l’assèchement se produit plutôt vers l'intérieur (ou du moins il le devrait). Nos murs en climat de chauffage/climatisation tel que le nôtre devraient donc être adaptés à ces conditions, qui varient sur une période de 365 jours, et pouvoir sécher dans les deux sens.

COMMENT PERMETTRE AUX MURS DE SÉCHER ?

Une lame d'air dans le toit et le mur permettra à ces derniers de sécher
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Il suffit de prévoir un espace bien ventilé entre le contreplaqué (panneaux d'OSB, par exemple) et le revêtement. Une stratégie simple, mais cruciale, en toutes saisons et sous toutes conditions.

En créant un espace continu derrière le revêtement extérieur, ceci permettra à l'eau de s'écouler et à l'air de circuler. L'espace d'air entre le revêtement et le contreplaqué n'a pas besoin d'être grand. L’important est que le drainage soit continu et qu’il n’y ait aucune cavité où l'eau pourrait s’accumuler.

Abordables et facilement disponibles, les fourrures de 1x3 sont les plus couramment utilisées pour fixer les panneaux de contreplaqué. Mais un espace d'air aussi petit que 1/8ème de pouce fera le travail. Ainsi, en autant que votre revêtement puisse s’y accrocher, ou du moins atteindre le l'OSB grâce à de longues vis, ce que vous utilisez comme fourrure n'est pas tellement important. Assurez-vous toutefois que les matériaux soient de taille uniforme afin d’éviter que les murs aient un aspect déformé. 

Une paroi, ou panneau pare-pluie est également nécessaire afin que l'humidité qui s'accumule derrière le revêtement puisse s’écouler, se drainer, sans endommager les composantes du mur (l'espace d'air permettra à cette humidité condensée de s'échapper). 

LES PRATIQUES COURANTES À ÉVITER:

  • Calfeutrer le haut du revêtement à une planche couvre-joint : cela crée une impasse qui emprisonne l'humidité dans les murs.
  • Couper les planches trop court et combler l’écart avec du calfeutrage (caulking) : le calfeutrage finira par s’abimer, laissant l'eau pénétrer et, potentiellement, l’emprisonnera à l’intérieur. Plus les planches sont posées serrées, mieux c’est. Un certain rétrécissement se produira, mais cela permettra à l'eau qui s’infiltre de sécher. Assurez-vous toutefois de bien sceller toutes les extrémités des planches.
  • Installer les fourrures à l’horizontale : cela freinera les mouvements naturels de l’air (la convection qui se crée dans un mur se fait du haut vers le bas) et empêchera le drainage de l'eau. Si votre revêtement nécessite une fourrure horizontale, posez une première couche de fourrure à la verticale. Cela créera une cavité de drainage. Puis, posez une deuxième couche, à l’horizontal. Des fourrures posées en diagonale sont une autre option.
  • Poser des fourrures doubles dans les coins : les coins sont souvent inutilement fortifiés, alors qu’ils devraient être laissés ouverts afin de sécher. Si l'eau doit s'infiltrer dans les murs, ce sera généralement au niveau des joints et des jonctions tels que les coins. 
À éviter : les fourrures double dans les coins de mur
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EST-IL POSSIBLE DE GARDER L'EAU ET L'HUMIDITÉ LOIN DES MURS?

Certaines de nos pratiques de construction, initialement destinées à conserver les murs au sec, les garde au contraire plutôt humides. Par exemple, nous avons appris à utiliser le calfeutrage comme si c'était la panacée pour corriger toutes les erreurs et pour tout installer plus rapidement, et avec moins de précision. Les calfeutrants sont efficaces, au premier abord, mais ils se décomposent au fil du temps (plus rapidement sur les murs plein sud). Si bien qu’ils finiront par retenir l'eau à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur.

La majorité des matériaux, à quelques exceptions près, peuvent devenir humides sans que leurs propriétés soient atteintes … dans la mesure où ils puissent bien s’assécher par la suite.

En se donnant comme mission d’empêcher toute l'eau et l'humidité de pénétrer dans nos murs, on arrive plutôt à s’assurer qu'ils seront mouillés… et qu’ils le resteront! Les murs qui dureront le plus longtemps sont ceux qui auront été conçus pour gérer de façon réaliste l'humidité en lui permettant de sécher.

Une analogie à ce sujet, que nous devons au professeur John Straube de l'Université de Waterloo, peut vous aider à accepter cette défaite gracieusement : avec une valeur d'environ trois milliards de dollars, un sous-marin à missiles nucléaires balistiques de type Trident est l'une des machines les plus sophistiquées et coûteuses jamais réalisées. Malgré des fonds illimités et un accès aux technologies les plus avancées, l'eau fini tout de même par s'infiltrer et une pompe est nécessaire à son extraction. Conclusion: on ne peut réellement construire quelque chose sans fuites. L’important est donc de faire en sorte que les matériaux puissent sécher lorsqu’ils sont mouillés.