La notion d’agréabilité peut se définir par la perception des aménagements dans un environnement, que ce soit le sentiment de bien-être, la notion de sécurité, l’ambiance ou encore l’interaction avec les diverses composantes de l’espace. Elle est en lien direct avec les besoins des citoyens, leur sentiment d’appartenance et d’appropriation, et permet de privilégier le confort d’utilisation des espaces. L’expérience piétonne est ainsi améliorée. L’agréabilité renforce par ailleurs l’attractivité d’un territoire, ce qui peut lui assurer un développement économique et social non négligeable.

Angle des rues Adam/Pie IX, actuellement / avec le quartier vert Maisonneuve
© Ville de Montréal

Pour les municipalités, rendre agréable c’est également apporter une identité aux lieux afin de proposer un cadre de vie de qualité à leur population. Elles peuvent pour cela s’inspirer de certains critères relatifs à la pratique du Design Urbain, en créant une ambiance stimulante par des aménagements sécuritaires et végétalisés, un éclairage adapté, un mobilier urbain attractif, la présence d’agréments artistiques, mais aussi par une harmonisation du cadre bâti (hauteur, encadrement, façade, matériaux, affichage).

Pour cela, les municipalités peuvent, entre autres :

  • Élargir les trottoirs des grands axes et des rues commerciales;
  • Implanter davantage d’aménagements paysagers;
  • Créer une pépinière et un jardin communautaire;
  • Sécuriser les espaces piétons et cyclistes (affichage, revêtement, etc.);
  • Proposer des mesures d’apaisement de la circulation (saillies de trottoir, vitesse, etc.);
  • Entretenir le mobilier urbain existant et en implanter davantage (banc, poubelle, etc.);
  • Créer des infrastructures récréatives et sportives accessibles;
  • Se doter d’un éclairage convenable (sécurité, visibilité, économie d’énergie);
  • Harmoniser les affichages commerciaux (matériaux, couleurs, lettrage, etc.);
  • Mettre en valeur les points d’intérêts sur le territoire municipal;
  • Limiter la hauteur des nouvelles constructions et les harmoniser avec le cadre bâti existant.
Des affichages commerciaux harmonisés
© Philippe Cottaz

CONSTATS

La notion d’agréabilité n’est pas toujours prise en compte dans les municipalités, bien qu’elle réponde aux besoins d’appréciation du territoire que les citoyens côtoient chaque jour. Les espaces sont encore trop souvent utilisés comme un simple service visant à satisfaire une fonction, sans que soit nécessairement pris en considération leur potentiel d’agrémentation du cadre de vie.

Pour en savoir plus sur la notion d'agréabilité :

Le plan d’aménagement d’ensemble (PAE)

Le plan d’aménagement d’ensemble permet de définir les critères et les objectifs d’aménagement des municipalités qui permettront d’encadrer les projets de développement. Il peut comprendre, entre autres, les perspectives visuelles, la forme et l’architecture des bâtiments ou les aménagements paysagers. Les critères peuvent être proposés sous forme d'objectifs à atteindre (par exemple intégrer tous les espaces piétonniers dans un réseau vert) ou sous forme d'objectifs chiffrés (par exemple implanter au moins 20 % de surface végétalisée pour les nouveaux développements résidentiels).

Le règlement de zonage

Le règlement de zonage permet aux municipalités de contrôler la qualité des bâtiments, des enseignes et de l’aménagement paysager, mais également les dimensions, les matériaux de revêtement des constructions et l’affichage (dimensions, implantation, entretien).

Le programme particulier d’urbanisme (PPU)

Le programme particulier d’urbanisme permet d’intervenir au sein d’un secteur particulier, pour assurer par exemple le maintien et l'amélioration de la qualité de vie de la population, dans le cadre d’une revitalisation. Les municipalités peuvent donc y avoir recourt pour établir la nature, l'emplacement et le type des équipements et des infrastructures (mobilier urbain, équipements de loisir, etc.), mais aussi pour définir la nomenclature des travaux prévus (aménagement de parcs, de places publiques, de lien piétonnier, réaménagement de rues, restauration de bâtiments, etc.).

Le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA)

Le règlement sur les PIIA permet aux municipalités de conserver ou de donner une identité à un lieu, en mettant en place des critères qualitatifs d’intégration des espaces pour les rendre plus agréables et harmonieux en fonction de leur environnement immédiat.

Étude de cas

La municipalité de Val-David a instauré un règlement sur les PIIA qui lui permet d'assurer la qualité de l'implantation et de l'intégration architecturale sur certaines parties de son territoire, tout en tenant compte des particularités de chacune. L’objectif est de rendre certains secteurs plus agréables et harmonieux. Elle y parvient en favorisant une meilleure intégration de son cadre bâti dans le tissu urbain par la préservation ou la restauration des caractéristiques architecturales d’origine (matériaux, marges de recul, formes du toit, ouvertures, etc.), mais également en imposant certains critères qualitatifs sur les liens piétonniers, les aménagements paysagers, l’éclairage, les enseignes commerciales ou les perspectives visuelles.

SUBVENTIONS ET INCITATIFS FINANCIERS

Les mesures financières incitatives sont une bonne manière d’intéresser et d’impliquer la population pour améliorer son cadre de vie. Les municipalités peuvent donc en accorder par le biais d’un programme d’aides à la rénovation des façades et des enseignes commerciales, mais encore par un soutien financier à certaines initiatives citoyennes d’embellissement, en prenant en charge une partie des frais rattachés aux aménagements (travaux, matériaux, végétaux) ou en proposant un concours avec des récompenses.

Avantages

Les mesures financières incitatives permettent de concrétiser davantage certaines initiatives citoyennes en développant une collaboration entre les municipalités et la population. Elles peuvent s’établir pour des projets particuliers ou dans le cadre d’un plan municipal plus général.

À prendre en compte

Les incitatifs financiers représentent un investissement pour les municipalités, sans qu’il ne soit toujours possible d’en assurer les résultats à long terme, comme par exemple dans le cas du maintien de la propreté d’un aménagement paysager souhaité par une initiative citoyenne.

Étude de cas

La municipalité de Donnacona organise chaque année le concours « Maisons Fleuries » qui récompense les plus beaux aménagements paysagers des maisons par des récompenses de 100 $ pour les aménagements complets et de 50 $ pour les aménagements partiels (avant, arrière, côté), mais également par le don d’une graminée (emblème de la municipalité) à tous les candidats. Ce concours d’embellissement repose sur plusieurs critères essentiels tels que l’aspect général harmonieux des aménagements, la variété des végétaux, la propreté des lieux ou encore le souci environnemental (récupération d’eau, etc.).

COMMUNICATION ET SENSIBILISATION

Les municipalités peuvent proposer une communication efficace sur la vision de leur territoire et les objectifs à atteindre pour améliorer la qualité de vie, en insistant sur les mesures visant à rendre les espaces plus agréables, plus beaux et plus soucieux des besoins de leurs citoyens. Elles peuvent également insister sur l’intérêt d’avoir un territoire mieux aménagé par les retombées économiques potentiellement envisageables (tourisme, nouvelles entreprises et nouveaux résidents).

Pour cela, elles peuvent, entre autres :

  • Organiser des séances d’informations publiques et de concertation;
  • Promouvoir les mesures réalisées ou envisagées sur leur site internet et les réseaux sociaux;
  • Soutenir la création d’une société de développement commercial;
  • Organiser des concours d’embellissement et des journées thématiques;
  • Définir des objectifs chiffrés pour une plus grande adhésion de la population;
  • Faire des campagnes de sensibilisation bénévoles;
  • Renforcer l’affichage général (bannières promotionnelles, carte des points d’intérêt, etc.).

Avantages

Une bonne communication permet de sensibiliser les citoyens sur l’importance de l’entretien et de l’agrémentation des espaces qu’ils fréquentent, mais aussi de les inciter à participer à la réalisation de projets ou à proposer leurs idées pour répondre à leurs besoins.

À prendre en compte

Les mesures de communication sur les projets d’agrémentation des espaces envisagés par les municipalités doivent contribuer à mettre en valeur certaines demandes et initiatives citoyennes, mais aussi à définir des objectifs et des réalisations chiffrés pour simplifier l’information et susciter une adhésion plus importante de la population.

Étude de cas

Les commerçants du Quartier Latin, dans l’arrondissement de Ville-Marie à Montréal, ont créé une société de développement commercial pour contribuer à promouvoir le développement économique et culturel du secteur, en créant un environnement propre, sécuritaire et divertissant pour les clients et les résidents. Si de nombreux projets comme l’extension des terrasses sur le domaine public sont en cours d’élaboration, d’autres ont d’ores et déjà été réalisés avec la collaboration de l’arrondissement, tels que les bannières décoratives à l’effigie du quartier, les murales, les 5 000 heures dédiées à la propreté des lieux, les 120 bacs à fleurs installés ou encore le contrôle de la qualité et de l’installation du mobilier urbain. Ce projet de développement coopératif pour l’amélioration et l’agréabilité des espaces du Quartier Latin est soutenu par une campagne promotionnelle importante, que ce soit sur le site internet ou chez les commerçants.