Les sous-sols sont bien souvent exposés au risque d’inondation, et ce, pour diverses raisons. Comprendre les chemins de l’eau dans une maison peut aider à prévenir certains dégâts. Cet article ne vise pas à expliquer comment et par où l’eau peut entrer dans une propriété, mais plutôt à vous aider dans votre rénovation post-sinistre, lorsque l’eau s’est déjà faufilée chez vous et que vous devez vous attaquer à la partie de reconstruction. Nous vous proposons ici les meilleures alternatives pour des planchers de sous-sols durables, résilients et résistants à l’eau. Si vous souhaitez en connaitre plus sur les murs résilients, consultez notre guide sur les bonnes pratiques pour des rénovations intérieures de murs pour un sous-sol résilient

Construction post-sinistre : l’importance de reconstruire avec des planchers durables

Les sous-sols font partie de la culture québécoise et existent depuis bien longtemps. Cependant, leur fonction a évolué, laissant place à un usage de plus en plus axé sur l’aménagement de logements. En effet, du fait des problèmes d’abordabilité du logement, les sous-sols deviennent des surfaces habitables de valeur, malgré leur exposition au risque d’inondation. Ainsi, des sous-sols normalement faits pour protéger le bâtiment du froid et de l’humidité deviennent des espaces habitables, potentiellement sources de revenu supplémentaire, où les risques d’inondation et les dommages liés y sont élevés.

Bien trop souvent, un sous-sol sinistré doit être refait à neuf, puisque les matériaux généralement utilisés ne résistent pas à une infiltration d’eau. Les planchers conventionnels ne sont pas conçus pour tolérer l’exposition à l’eau. En cas d’inondation, ils se détériorent rapidement — moisissures, déformation, perte d’intégrité structurelle — rendant leur retrait et leur mise au rebut obligatoires. Quand vient le temps d’en faire le remplacement, il est important de choisir des alternatives de rénovation et de construction résilientes pour limiter la quantité de déchets à la suite d’inondations. De plus en plus d’assureurs offrent désormais des avenants ou des marges de manœuvre permettant aux propriétaires de reconstruire en mieux plutôt qu’à l’identique. Il est donc crucial de s’informer sur ces options et de veiller à intégrer des matériaux durables et des choix de conception adaptés aux risques. Ainsi, en repensant l’aménagement et la finition du sous-sol de façon à le rendre résilient aux inondations, on peut éviter d’importants dégâts — et souvent toute réclamation — lors des prochains événements d’inondation. 

Déchets de construction
Les inondations sont la source de beaucoup de déchets de construction. @Écohabitation

Les pratiques de constructions résidentielles que l’on retrouve souvent ne permettent pas de résister à un dégât d’eau et plusieurs problématiques peuvent en ressortir. Le premier enjeu est la composition du plancher et du sous-plancher, trop souvent en bois. En effet, l’une des pratiques de rénovation les plus courantes est de poser, sur une dalle non isolée et non imperméable, une membrane de polyéthylène, puis un isolant rigide en polystyrène expansé, le système de sous-plancher avec du contreplaqué et une membrane ethafoam, avant de finalement poser un revêtement en stratifié. Cette composition de plancher est illustrée sur la figure 1 et il existe certaines variantes avec du polyuréthane giclé, sans isolant ou bien avec les 2x4 à la verticale.

Composition plancher courante
Figure 1 - Composition de plancher courante @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

Cependant, lorsque l’eau entre dans un sous-sol aménagé avec ces matériaux, le revêtement de stratifié et le contreplaqué risquent de se déformer et de gonfler au contact de l’eau. Aussi, une portion d’eau risque de stagner dans les cavités, sous le système de sous-plancher : il sera alors nécessaire de retirer le tout pour s’assurer d’évacuer l’eau qui, autrement, pourrait compromettre l’intégrité des matériaux. Un autre enjeu concerne la dalle, qui n’est que très rarement isolée et imperméable : elle est alors sujette à des problèmes de condensation, dont nous traiterons un peu plus tard dans l’article.

Alternatives avec des matériaux résistants à l’eau

Ces options présentées ci-dessous sont considérées comme acceptables, mais pas tout à fait idéales. Le but est de limiter l’utilisation des matériaux putrescibles, en posant directement le revêtement sur la dalle de béton ou en y ajoutant un isolant entre les deux.

Pour la pose d’un revêtement directement sur la dalle, il faut choisir parmi les revêtements acceptables tels que : les carreaux de céramiques, le marmoleum ou le liège collé avec une colle pare-vapeur sans COV, ou bien des lattes de vinyle « clic » sans urée formaldéhyde (CARB III). Ces lattes doivent être retirées après une infiltration d’eau pour nettoyer et laisser sécher la dalle. Il est à noter que si un revêtement est posé, ce dernier doit s’arrêter avant la lisse du mur intérieur pour permettre l’assèchement du mur, qui lui aussi devrait être résilient.

Malheureusement, avec ce type d’installation, la dalle risque d’être froide et le confort thermique des occupants est alors touché. Au-delà de ça, la dalle est souvent exposée à des problèmes d’humidité et de moisissures. En effet, le béton, poreux, peut favoriser une infiltration d’eau par capillarité pouvant atteindre l’intérieur du sous-sol. Une imperméabilisation adéquate empêche cette humidité de pénétrer dans le sous-sol et une isolation thermique permet d’éviter un contact direct avec une dalle froide. Sans isolation, la vapeur d’eau présente dans l’air pourrait se condenser sur le plancher si la température du point de rosée est atteinte.

Dalle existante liege
Figure 2 – Situation avec une dalle froide non isolée @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

Pour des dalles relativement récentes et avec une plomberie conforme, l’option d’isoler par-dessus la dalle est tout à fait possible, il faut alors suivre les étapes suivantes :

  • poser un pare-vapeur sur la dalle de béton existante, le faire remonter jusqu’au mur et le sceller avec un ruban 3015 de 3M ou équivalent;
  • poser un matelas drainant et un isolant qui s’arrête à 1 po de l’isolant mural;
  • installer le revêtement imputrescible de votre choix.
Dalle dessin
Détails techniques pour une isolation par dessus la dalle @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

Ainsi, la dalle est isolée, apportant alors un confort thermique supplémentaire pour les occupants du sous-sol et limitant les problèmes de condensation et moisissures. Aussi, l’espacement de 1 po entre l’isolant du plancher et l’isolant mural permet de faire un appel d’air et de favoriser l’écoulement d’une eau résiduelle. Pour cela, le mur doit lui aussi être fait de façon résiliente, notamment avec une plinthe rétractable et amovible pour permettre un apport d’air et un assèchement. Cependant, un tel assemblage entraîne une perte de hauteur au plafond, à cause des différentes couches posées, ainsi qu’un moindre confort pour les occupants, dû à la sensation de marcher sur des panneaux de plastique.

Alternative idéale : une nouvelle dalle isolée et imperméable

L’alternative idéale est de casser la dalle pour en couler une nouvelle (pour des dalles non isolées et non imperméables, soit avant 2013). Ce sont des travaux coûteux en argent, temps et énergie, mais qui vous assurent d’avoir une dalle saine et durable, étape essentielle pour une démarche de résilience.

Voici les étapes clés pour la réfection d’une dalle de sous-sol conforme :

  • casser la dalle;
  • profiter de l’ouverture de la dalle pour faire des travaux de plomberie au besoin, puis recouvrir toute la surface de pierre concassée;
  • poser un isolant en polystyrène extrudé sur toute la surface;
  • sceller les joints d’isolant avec un ruban adhésif 3015 de 3 m (ou équivalent) ou bien un ruban de revêtement classique (pour cette option, il faudra alors aussi dérouler une membrane de polyéthylène sur l’ensemble de la surface);
  • couler la nouvelle dalle de béton.

Il est fortement recommandé de profiter de cette réfection de dalle pour y installer un système de plancher chauffant, puisqu’il sera compliqué de l’installer après coup : penchez-vous sur l’idée au bon moment!

Nouvelle dalle isolee
Figure 3 - Nouvelle dalle apparente isolée @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation
Nouvelle dalle apparente
Cassage d'une dalle de béton. @Écohabitation

La finition de cette nouvelle dalle peut simplement consister à laisser la dalle apparente, en y appliquant un densificateur et, optionnellement, un scellant. Ainsi, une infiltration d’eau n’aurait pas de conséquences sur les matériaux puisque la dalle finira par sécher sans avoir à retirer un matériau de revêtement. Dans le cas où on ne souhaite pas avoir de dalle de béton apparente, les revêtements imputrescibles cités plus haut peuvent être posés.

Le tableau ci-dessous permet une comparaison approximative des trois options présentées plus haut, affichant des prix au pi2 prenant en compte le coût du produit, la main-d’œuvre et un 20 % de contingence. Inévitablement, la réfection de la dalle est l’option la plus chère, mais elle est, pour nous, le meilleur choix possible. Vous ne risquez pas d’avoir de problèmes d’humidité à cause d’une dalle froide et vous gagnez de l’espace sous plafond puisque vous n’avez pas besoin d’empiler des couches de matériaux! Profitez-en pour y mettre un plancher chauffant pour garder vos pieds au chaud et, si le fini béton ne vous dérange pas, une infiltration d’eau ne risque pas d’abimer un revêtement. En bref, nous vous invitons à passer le cap et à refaire votre dalle, notamment si vous êtes encore assuré et que vous pouvez profiter du montant de l’assurance post-sinistre. En moyenne, les citoyens peuvent recevoir entre 20 000 $ et 30 000 $ de la part des assureurs. Si c’est votre cas, utilisez-les pour reconstruire de façon résiliente et non pas à l’identique. Les frais pourraient couvrir une grande partie de la réfection de la dalle.

 

Approximation du coût

Remarques

Option 1 : Dalle existante avec revêtement imputrescible et pare-vapeur (vinyle clic)

Considérant que :

Pare-vapeur : 0,2 $/pi2

Vinyle clic : 12 $/pi2

Au total, cette option revient à 12,2 $/pi2.

 

Simple d’installation, dalle froide, possible humidité et développement de moisissures

Option 2 : Dalle existante, isolation et revêtement par-dessus (vinyle clic)

Considérant que : Membrane drainante : 1,2 $/pi2

Pare-vapeur : 0,2 $/pi2

Isolant : 5,3 $/pi2

Vinyle clic : 12 $/pi2

Au total, cette option revient à 18,7 $/pi2.

Plutôt simple, bonne alternative pour des dalles existantes, perte de hauteur sous-plafond, sensation de marcher sur du plastique

Option 3 : Cassage de dalle pour une nouvelle isolée et imperméable, avec plancher chauffant et pas de revêtement

Considérant que :

Casser la dalle : 15 $/pi2

Plancher chauffant : 10 $/pi2

Nouvelle dalle : 30 $/pi2

Au total, cette option revient à 55 $/pi2.

Complexe et coûteux, aucun problème d’humidité, confort thermique assuré par l’isolant et le plancher chauffant

Pour en savoir plus sur le sujet, sur les détails techniques et les bonnes pratiques à adopter pour des rénovations résilientes aux inondations, consultez le webinaire Reconstruire mieux face au risque d'inondation : murs, planchers et autres bonnes pratiques

Vous en savez maintenant plus sur les matériaux de plancher résilients pour les sous-sols. Trouvez plus de pages sur la protection face aux inondations ci-dessous et dans nos guides sur la construction écologique.

Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l’habitation durable.