La mobilité active définit l’ensemble des modes de déplacements où la force motrice humaine est nécessaire. Si la marche et le vélo sont les deux principales façons de se mouvoir, d’autres, comme la planche à roulettes, le patin à roues alignées ou encore la trottinette, font également partie de cette catégorie de déplacements.

Pour les municipalités, la mise en place de mesures incitant au transport actif revêt une grande importance. Les enjeux sont le développement d'un cadre de vie plus agréable et plus sain pour leurs citoyens, mais aussi la diminution des impacts négatifs de l’activité humaine sur l’environnement.

Les municipalités peuvent donc intégrer la mobilité active dans l’application d’une vision durable et responsable de leur territoire, en repensant leur politique d’aménagement de manière à favoriser la proximité des lieux d’intérêts (commerces, écoles, loisirs, etc.) pour que les déplacements actifs puissent se faire plus aisément et en toute sécurité. Leurs propositions peuvent intégrer une alternative à l’usage de l’automobile ou une complémentarité, mais ne doivent surtout pas inspirer à une mise en opposition des différents modes de transport.

Parmi les nombreuses mesures à envisager, les municipalités peuvent, entre autres :

  • Créer des bandes ou des pistes cyclables;
  • Proposer un système de vélo-partage;
  • Sécuriser les espaces piétonniers (saillies de trottoir, signalisation);
  • Créer des corridors piétonniers;
  • Élargir les trottoirs;
  • Végétaliser les espaces pour les rendre plus agréables à marcher;
  • Proposer davantage de mobilier urbain pour le repos et la flânerie;
  • Implanter des supports à vélo dans des endroits stratégiques (proximité de commerces, etc.).

CONSTATS

La surutilisation de l’automobile comme moyen de transport pour de courtes ou de moyennes distances est aujourd’hui encore très répandue, compte tenu des habitudes de vie et du mode de consommation de la population, mais surtout des limites territoriales qui ont explosé. Ce fonctionnement à de nombreux impacts sur l’environnement, la santé des gens et d’importants coûts pour les municipalités.

Pour en savoir plus sur l'accès à la mobilité active :

Le plan d’aménagement d’ensemble (PAE)

Le plan d’aménagement d’ensemble doit refléter une vision claire et réfléchie du territoire afin de pouvoir y définir des objectifs d’aménagement et des critères d’évaluation qui permettront de mieux encadrer les projets. Le PAE doit donc prévoir la vocation préconisée par les municipalités en ce qui concerne les diverses zones et leurs usages, mais aussi définir leurs infrastructures et leur accessibilité.

Le plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA)

Le règlement sur les PIIA permet aux municipalités de mettre en place des critères qualitatifs d’intégration des espaces et de la trame urbaine dans un secteur, afin de valoriser et d’inciter les déplacements actifs. Il peut être très utile pour développer des terrains vacants ou sous-utilisés en les harmonisant avec les composantes de leur environnement proche dans le but de favoriser leur accessibilité.

Le programme particulier d’urbanisme (PPU)

Le programme particulier d’urbanisme (PPU) suit les lignes directrices du plan d’urbanisme (PU) en identifiant les interventions nécessaires dans un secteur particulier, notamment en ce qui concerne les réseaux de transports, les liens piétonniers ou le réaménagement des rues. Les municipalités peuvent donc proposer des mesures pour renforcer l’accessibilité de secteurs déconnectés en facilitant la mobilité active et les déplacements de proximité.

Le règlement de lotissement

Le règlement de lotissement est la première étape dans le processus de développement d’un territoire qui permet de l’aménager selon les normes et les conditions définies par les municipalités. Les normes peuvent par exemple porter sur la superficie et les dimensions des lots, mais d’une manière générale, elles doivent conditionner leur orientation et leur adaptation à l’environnement naturel (pente, eau, etc.).

Étude de cas

La ville de Chelsea possède un règlement de lotissement dans lequel on retrouve une disposition relative aux sentiers piétons faisant en sorte qu’un promoteur qui voudrait diviser son lot, ou le développer, doit céder à la municipalité une ou plusieurs emprises d’une largeur variable selon la zone où il se trouve. Cette application n’est toutefois valable qu’à partir d’une certaine longueur d’îlot, le but n’étant pas d’avoir un labyrinthe piétonnier au travers des îlots, mais plutôt d’encourager le transport actif en réduisant les distances nécessaires à parcourir pour les contourner. Le seul coût pour la municipalité se rapporte aux actes notariés devant être produits pour l’acquisition des lots créés.

SUBVENTIONS ET INCITATIFS FINANCIERS

En complémentarité avec les outils urbanistiques à leur disposition, les municipalités peuvent proposer quelques mesures financières incitatives telles que le remboursement d’une partie du prix de matériel destiné aux déplacements actifs (vélo, planche), la mise en place d’un système de vélo-partage gratuit ou encore proposer des périodes de rabais / gratuité pour le transport collectif (pour celles qui disposent d’un service).

Avantages

Subventionner l’achat de matériel favorisant le transport actif est une bonne manière d’encourager les citoyens à adopter des habitudes de vie nouvelles et plus saines, mais surtout de démontrer que les municipalités souhaitent s’impliquer au-delà de la simple proposition de mesures pour le bien-être de leur population.

À prendre en compte

Les mesures financières incitatives peuvent être soumises à certaines conditions et proposées dans le cadre d’un délai restreint pour augmenter leur efficacité, mais les municipalités doivent tenir compte de leur effet limité sur l’adoption plus régulière d’un mode de transport actif par les citoyens, étant donné qu’il s’agit là avant tout d’une volonté personnelle sur la compréhension et la nécessité de modifier des habitudes souvent très ancrées.

Étude de cas

En 2012, la municipalité de Rivière-du-Loup a mis en place un système de vélos en libre-service offert gratuitement à tous ses citoyens et aux touristes de passage, afin d’encourager le transport actif et écologique sur son territoire. Le projet a été financé par un apport de 12 000 $ de la Ville et par une subvention de 5 750 $ accordée par le Fonds Éco IGA, qui encourage les initiatives environnementales et les projets de développement durable un peu partout au Québec. La municipalité a par ailleurs développé un partenariat avec une coopérative locale afin de récupérer et revaloriser des vélos usagés, dont une très grande partie compose aujourd’hui le système de vélo-partage. Deux points de service sont actuellement ouverts et mettent à la disposition des citoyens des casques ou des cadenas. La ville de Rivière-du-Loup pense déjà à ajouter d’autres points de service dans l’avenir, ainsi qu’à développer des partenariats avec des entreprises pour inciter leurs employés à utiliser davantage le vélo.

COMMUNICATION ET SENSIBILISATION

Une campagne d’information municipale peut faciliter la mise en place des mesures favorisant les déplacements actifs et collectifs, démontrant concrètement les nombreux avantages qu’il est possible d’en retirer, que ce soit pour les citoyens ou les municipalités. Outre la convivialité (rencontres, découverte du territoire, appropriation des espaces) et l’efficacité de se déplacer dans un milieu sécuritaire et accessible à tous, les municipalités peuvent également insister sur les bénéfices pour l’environnement (baisse des GES, bruit) et la diminution des impacts sur la santé de la population (obésité, maladies respiratoires, sédentarité).

Pour cela, elles peuvent, entre autres :

  • Proposer un plan de mobilité active et le rendre disponible aux citoyens (papier et/ou internet);
  • Organiser des séances d’informations publiques sur la mobilité active (environnement, santé);
  • Promouvoir les mesures sur le site internet de la ville et les réseaux sociaux;
  • Organiser une ou plusieurs journées sans voiture au cours de l’année;
  • Définir des objectifs chiffrés pour une plus grande adhésion de la population;
  • Faire des campagnes de sensibilisation bénévoles;
  • Organiser des randonnées urbaines et des parcours à vélo dans la ville.

Avantages

Tout en appuyant les mesures envisagées, une campagne de communication et de sensibilisation efficace démontre aussi la volonté des municipalités d’appliquer les principes du développement durable pour la mobilité et de s’impliquer pour le bien-être de leurs citoyens, en leurs expliquant de manière vulgarisée les divers enjeux et solutions qui se présentent à eux.

À prendre en compte

Les municipalités doivent être prudentes dans leur communication pour ne pas donner une image négative des utilisateurs d’automobiles, en mentionnant notamment qu’une réduction des déplacements est souhaitable et non pas leur suppression. Elles devront par ailleurs expliquer qu’une cohabitation sécuritaire des différents modes de déplacements (piétons, cyclistes, automobilistes) est essentielle et doit être respectée par tous.

Étude de cas

En 2011, la Ville de Chambly s’est dotée, dans le cadre de sa politique environnementale, d’un plan de mobilité active qui favorise des moyens de transports actifs comme la marche ou le vélo à travers la création de nombreux projets tels que le prolongement de trottoirs, la création de pistes cyclables ou encore l’implantation de corridors scolaires. Pour la municipalité, ce plan de mobilité active représente un bon investissement pour réduire les gaz à effet de serre, tout en encourageant la population à adopter des habitudes de vie plus saines.