Nombreux sont ceux et celles qui se retrouvent avec des sous-sols pleins d’eau à la suite d'une inondation : s'ensuivent alors des travaux de rénovation pour remettre en état les planchers et les murs et retrouver l’habitabilité des lieux.

Ce guide vous accompagne dans les bonnes pratiques à adopter pour la rénovation par l’intérieur de murs dans des zones à risque d’inondation, pour rendre les assemblages plus résilients en favorisant l’assèchement des matériaux. Ainsi, en cas d’un prochain événement d’inondation, les murs pourront résister à l’eau et la quantité de déchets post-sinistre sera réduite.

Problématiques de murs dans les assemblages courants

Avant de s’intéresser aux alternatives de résilience, il est important de comprendre les problématiques des assemblages passés et actuels, les pratiques de constructions les plus courantes et ce qui pose problème lors d’une infiltration d’eau.

Considérant une première période de construction entre 1950 et 1969, l’assemblage le plus courant était d’apposer un panneau de gypse sur une fourrure verticale, clouée dans le mur de fondation non isolé, tel que présenté à la figure 1. Cet assemblage présente un manque d’isolation et est aussi sujet à des problèmes de condensation. 

Assemblage de murs 1950-1969
Figure 1 - Assemblage typique d'un mur 1950-1969 @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

La deuxième période de 1970 à 1989 comprend un assemblage avec de l’isolant en laine de fibre de verre, seulement dans la partie supérieure du mur (voir figure 2). Ce dernier a l’avantage de limiter les dégâts en cas d’infiltration d’eau, puisque la laine ne devrait pas être en contact avec l’eau. Malheureusement, l’eau risque de stagner dans l’assemblage et de détériorer le gypse, empêchant le séchage et l’évaporation de l’eau.

Assemblage 1970-1989
Figure 2 - Assemblage typique d'un mur 1970-1989 @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

Par contre, cette tendance n’a pas duré, puisqu’entre 1990 et 2009, les murs sont isolés sur toute la longueur avec un isolant en laine de fibre de verre et un pare-vapeur derrière le panneau de gypse (voir figure 3). En cas d’infiltration d’eau, les montants de bois et la laine de verre sont confinés d’un côté par le béton et de l’autre par le pare-vapeur, l’humidité y est donc piégée et le risque de développement de moisissures est élevé.

Assemblage 1990-2009
Figure 3 - Assemblage typique d'un mur 1990-2009 @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

Enfin, entre 2010 et aujourd’hui, les maisons présentent souvent des assemblages comme sur les figures 4 et 5, avec ou sans pare-vapeur. Dans le cas où un pare-vapeur est présent, l’humidité est piégée, empêchant le séchage de l’assemblage.

Assemblage 2010-aujourd'hui
Figure 4 et 5 - Assemblage typique d'un mur de 2010 à aujourd'hui @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

Malheureusement, de tels assemblages de murs doivent être retirés après un sinistre d’inondation, au risque de compromettre l'intégrité des matériaux, et ainsi de développer de la moisissure et de la pourriture pouvant entraîner des problèmes de santé pour les occupants.

Comment rénover son sous-sol à risque d'inondation?

Pour des rénovations résilientes en zone à risque d’inondation, il est important d’assurer l’intégrité et la stabilité des matériaux après une infiltration d’eau. Pour cela, différents essais ont été effectués en laboratoire, où des assemblages et des matériaux ont été soumis à des périodes de mouillage pour simuler des conditions d’inondation. Des assemblages de murs ont été évalués pendant la phase de mouillage et de séchage, alors que les matériaux seuls ont été évalués seulement durant la phase de mouillage, en mesurant le taux d'absorption et le gonflement. Pour en savoir plus, consultez la vidéo suivante, détaillant tous les essais scientifiques menés par l’Université de Sherbrooke. En s’appuyant sur les résultats de ces essais en laboratoire, il a été possible d’identifier différentes stratégies pour améliorer la résilience des sous-sols québécois. De manière générale, les rénovations diffèrent et dépendent de deux facteurs importants : l’état des fondations et l’usage souhaité des pièces au sous-sol.

> Étape 1 : Évaluer l’état des fondations

Il est nécessaire de faire vérifier l’état des fondations par un professionnel qualifié afin de détecter des signes de dégradation, d’effritement ou de fissures.

Si les fondations sont en mauvais état, la meilleure pratique est d’isoler par l’extérieur. En effet, il n’est pas possible d’isoler par l’intérieur, puisque l’humidité va pénétrer plus profondément dans l’ouvrage, entraînant la dégradation des fondations sous l’action des cycles de gel-dégel.

Si les fondations sont en bon état, il est possible aussi bien d’isoler par l’intérieur que par l’extérieur, dépendamment des travaux prévus (ceux par l’extérieur sont plus complexes).

Types de murs fondations sous sol
Figure 6 - Exemples de différents types de murs de fondations au sous-sol @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

>> Étape 2 : Choisir le type d’isolant

L’isolation par l’intérieur peut être assurée de deux façons : soit avec du polystyrène extrudé collé directement sur le béton, ou bien avec du polyuréthane giclé. Il faut toutefois s’assurer que le mur de fondation est étanche : si ce n’est pas le cas, posez un matelas drainant alvéolé fixé mécaniquement sur toute la hauteur du mur, qui rejoint le drain français intérieur. Si vous le souhaitez et que la hauteur potentielle de l’eau n’est pas élevée, vous pouvez aussi installer de la laine de roche dans la partie supérieure du mur (section la plus froide de la fondation). Ainsi, le confort des occupants est amélioré et les pièces du sous-sol peuvent devenir habitables et accueillir des espaces de vie (chambre, séjour, salle de bain, etc.), à condition d’installer une finition résiliente, avec une cloison aérée et une finition amovible.

Options isolations intérieure d'un mur de fondation de sous-sol
Figure 7 - Options d'isolation intérieure d'un mur de fondation au sous-sol @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

>> Étape 3 : Poser une ossature de cloison aérée

Dès lors qu'un isolant a été installé à l'intérieur, il est impératif de poser un revêtement de finition afin de protéger l'isolant, qui est combustible. De fait, l’ossature de cloison est nécessaire pour fixer ce revêtement. Afin d’augmenter la résilience de ce type d’ossature, elle doit être aérée pour permettre à l’eau de s’écouler et de sécher en cas d’infiltration. Des dégagements doivent être laissés entre l’isolant et les montants, ainsi qu’entre la première fourrure et la lisse basse. Puis, pour limiter les surfaces de contact entre le béton et le bois, il est conseillé de positionner des espaceurs sous la lisse basse.

Ossature de cloison aérée
Figure 9 - Dessin technique et photo illustrant le principe de la cloison résiliente @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

>> Étape 4 : Choisir le type de finition pour résister à l’eau

Le revêtement de finition est une obligation pour la protection contre les incendies : il faut alors poser un revêtement de mur (gypse, béton ou contreplaqué au choix) et installer des plinthes amovibles. Ces plinthes sont montées sur des tasseaux angulés pour faciliter le retrait pré ou post inondation. De fait, si de l’eau entre dans le sous-sol, les plinthes pourront être retirées, afin de permettre à l’eau de s’écouler et à l’assemblage de sécher. Ces ajustements permettent d’éviter de générer une grande quantité de déchets et les propriétaires ne devraient pas avoir besoin de rénover leur sous-sol après une inondation. Dans le cas où la hauteur d’eau potentielle est élevée, il peut être envisagé d’installer des plinthes vissées à la jonction haute, entre le mur et le plancher du rez-de-chaussée.

Finition amovible
Figure 9 - Dessin technique et photo illustrant la finition amovible @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation

Finalement pour résumer, voici quelques situations détaillées :

Dessins techniques
Figure 10 - Dessins techniques en axonométrie représentant différentes situations de rénovation intérieure post-sinistre @Félix Paré et Emmanuel Cosgrove pour Écohabitation
  • La situation idéale avec une nouvelle dalle imperméable et isolée, un plancher chauffant, un mur résilient avec la cloison amovible permettant l'assèchement à la suite d'une inondation. Ce type d’assemblage permet d'accueillir l’eau en limitant les dégâts matériels.
     
  • La situation acceptable, pour ceux qui ne veulent pas couler une nouvelle dalle et qui souhaitent conserver leur dalle existante. Il est alors possible d’isoler et d’imperméabiliser par-dessus, en s’assurant de laisser un espace suffisant pour que l’air circule dans l’assemblage du plancher. Cette situation reste acceptable pour sa résilience aux inondations, mais entraîne une perte de hauteur sous plafond et une sensation désagréable de marcher sur du plastique.
     
  • La situation minimaliste, pour quelqu’un qui souhaite rénover sans isoler la dalle du sous-sol. Cette dernière risque alors de rester froide et de causer des problèmes de condensation.

Finalement, pour toutes les situations adoptées, pensez aussi à protéger vos équipements électriques en les surélevant à au moins 24 pouces, notamment les prises électriques, elles seront alors épargnées lors d’une infiltration d’eau et des coûts seront sauvés!

Pour en savoir plus sur le sujet, sur les détails techniques et les bonnes pratiques à adopter pour des rénovations résilientes aux inondations, consultez le webinaire Reconstruire mieux face au risque d'inondation : murs, planchers et autres bonnes pratiques

Vous en savez maintenant plus sur la rénovation des murs pour mieux résister aux inondations. Trouvez plus de pages sur la protection face aux inondations ci-dessous et dans nos guides sur la construction écologique.

Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable.