Biologiste et diplômé de la maîtrise en sciences de l’environnement de l’UQAM, Nicolas Mainville se spécialise dans les enjeux de conservation de la biodiversité, de respect des droits autochtones et de l’amélioration des pratiques forestières depuis plus de quinze ans. Responsable de la campagne forêt au sein de Greenpeace depuis 2009, il est aussi directeur de Greenpeace au Québec depuis août 2012. Entrevue avec un de nos co-invités d'honneur du colloque 2015.
 

Écohabitation : De quelle façon vous sentez-vous interpelé par la mission d’Écohabitation?

Nicolas Mainville – Notre empreinte sur l’environnement est intimement liée à notre style de vie et à nos choix de consommation. C’est pourquoi la recherche de solutions afin de diminuer cette empreinte est d’une grande importance, sachant que notre humanité est présentement confrontée  à une crise écologique sans précédent. Le mouvement mondial dans lequel s’insère la mission d’Écohabitation est selon moi un des plus inspirants qu’il y a, alliant consommation responsable, matériaux écologiques, efficacité énergétique et nouvelles innovations. Je me sens donc interpelé directement, par le biais de mon travail de biologiste et de responsable de la campagne forêt chez Greenpeace.
 

Écohabitation : Et qu'en est-il du thème du colloque 2015, « Ma maison en santé »?

NM – C’est en premier lieu au niveau familial que je me sens directement touché par la question des risques à la santé dans nos maisons. En tant que père de trois jeunes enfants, dont l’univers gravite énormément autour de notre maison, leur offrir une habitation saine est pour moi un des meilleurs legs pour leur santé à long terme. De plus, je suis personnellement interpellé par la question des moisissures et de la qualité de l’air dans les bâtiments. Mon père Claude Mainville, décédé il y a quelques mois, était un pionnier en la matière et il a travaillé sur cette question pendant des décennies. M’ayant inculqué les principes fondamentaux reliés à ce dossier dès un très jeune âge, mon père aura été une grande source d’inspiration et c’est avec fierté que je participe à ce colloque dont le thème nous est si cher.
 

Écohabitation : Quels sont vos coups de cœur dans la programmation du colloque?

NM – La formule 2015 du colloque est excellente, car elle permet d’approfondir le dossier fort important de la santé. Bien que plusieurs autres présentations me semblent fort intéressantes, je crois bien que celle du Dr Auger sera mon coup de cœur personnel. Selon moi, son expertise et ses connaissances approfondies sur la qualité de l’air sont d’un grand intérêt pour le public.
 

Écohabitation : Qu’est-ce qui est le plus important pour la santé de votre famille à la maison?

NM – Tant pour la santé physique que mentale, la proximité avec la terre et la nature est pour moi un incontournable. Potager, arbres et verdure sont tellement importants pour les enfants (et les plus grands) afin de connecter avec les éléments, nous alimenter de façon saine et nous rappeler l’importance de la nature. J’ajouterais à ça que la qualité de l’air dans nos maisons a un immense impact sur notre santé et ce, de manière parfois insoupçonnée. Il est donc essentiel d’assurer cette qualité en maintenant une bonne aération, une bonne luminosité et l’utilisation de matériaux  sains.
 

Écohabitation : D'ordre général, quel est le pire ennemi à la maison, selon vous, pour la santé de ses habitants? (Réf. Top 9 des polluants et contaminants à surveiller dans nos maisons)

NM – C’est sans contredit les moisissures. On les voit rarement, mais elles peuvent être partout, parfois très toxiques, et leurs effets sur la santé peuvent être très dommageables à long terme. 
 

 Billots de bois provenant de la Broadback Valley, une forêt en danger, 2011.
  Billots de bois provenant de la Broadback Valley, une forêt en danger, 2011

 

Écohabitation : En habitation durable, on promeut les matériaux de construction en bois certifié FSC, local, etc. Que répondez-vous à ceux qui préfèrent les arbres au naturel en forêt plutôt que dans une habitation écolo?

NM – En général, toute utilisation d'une ressource a un impact sur l’environnement. Selon moi, la question ne devrait pas être de savoir si utiliser le bois est bon ou mauvais pour l’environnement, mais plutôt si tous les bois et tous les matériaux ont la même empreinte écologique. Il est clair que le bois a d’importants avantages écologiques face au béton ou à l’acier, par contre ce ne sont pas tous les bois qui peuvent être considérés « écologiques ». Il y a tout un monde de différence entre du bois recyclé localement et celui provenant d’arbres centenaires d’une forêt lointaine dont l’exploitation entraîne la disparition d’espèces menacées. De façon générale, Greenpeace n’est pas contre l’utilisation du bois comme matériau, tant que celui-ci provient de forêts libres de conflit avec les Premières Nations, protégées adéquatement et dont l’exploitation est certifiée par la norme indépendante du Forest Stewardship Council (FSC). Cette norme prisée sur les marchés internationaux n’est pas parfaite, mais elle sert tout de même d’indicateur pour le respect de certains principes clés comme le consentement préalable, libre et éclairé des Premières Nations à l’exploitation forestière sur leurs terres ancestrales.
 

Écohabitation : Quels sont vos principaux défis chez Greenpeace?

NM – En tant que responsable de la campagne forêt chez Greenpeace, le défi #1 actuellement est d’assurer la protection des dernières forêts vierges du globe, dont celles en forêt boréale québécoise, tout en mettant en œuvre une foresterie digne du 21ème siècle qui respecte les droits et ambitions des Premières Nations. Avec plus de 90% de son territoire disponible à l’industrie forestière déjà coupé ou fragmenté, le Québec a un retard embarrassant quant à la protection de ses écosystèmes et c’est donc un immense défi que de renverser cette tendance. Le lobby forestier continuant à faire pression pour éviter que ce dernier 10% encore vierge soit protégé, il devient urgent de rétablir un équilibre entre protection et exploitation de nos forêts publiques et ainsi assurer une économie forestière viable basée sur des communautés et des écosystèmes forestiers en santé.
 

Écohabitation : Est-ce qu’il y a des aspects difficiles à réconcilier entre votre position chez Greenpeace et votre vie au quotidien? Avez-vous des failles en tant qu’écolo militant?

NM – Bien sûr! Je dirais que le plus difficile est par rapport aux déplacements exigés par le travail. Je suis un gars de terrain et je dois me déplacer souvent, en forêt québécoise, dans le reste du pays ou à l’international. Bien que j’utilise le plus possible les transports actifs, le train et d’autres transports en commun, je dois tout de même parcourir de grandes distances pour me rendre en forêt et parfois prendre l’avion pour aller à l’international. Un dilemme qui n’est pas évident à enrayer! 

 
colloque 2015 Ma maison en santé

Venez entendre Nicolas Mainville et de nombreux autres experts au colloque Écohabitation 2015 : Ma maison en santé.

Vous êtes soucieux de vivre dans un environnement bâti sain et écologique qui favorise le bien être de votre famille? Écohabitation vous invite à son colloque du 25 avril 2015, qui aura lieu au collège Jean-Eudes, à Montréal.

 

Venez en apprendre plus sur les principaux risques et solutions pratiques pour une maison en santé, réseauter, rencontrer nos exposants et entendre nos conférenciers, chefs de file et experts sur ce thème incontournable. Inscription et plus d’informations ici : http://www.ecohabitation.com/colloque/2015/inscription