C'est au moment décisif de la construction de sa maison qu'on détermine la quantité d'énergie qu'elle consommera tout au long de sa vie.

Il existe beaucoup de solutions abordables pour construire de façon écoénergétique : implantation de la maison par rapport au soleil, ouvertures supplémentaires côté sud, isolation performante, choix du système de chauffage, choix des matériaux, etc.

En plus, Hydro Québec encourage ces modes de construction écoénergétique en allouant chaque année de grosses sommes aux programmes d'efficacité énergétique tel Novoclimat. Dans le cadre de ce programme, des maisons qui économisent généralement 25 % d'énergie par rapport à une maison classique se voient offrir jusqu'à 2 000 dollars de primes.

Cette aide financière a donné un bon coup de pouce à Novoclimat et environ 2 200 maisons unifamiliales ont été construites selon les exigences du programme Novoclimat en 2007/2008.

Si Hydro-Québec subventionne les actions qui permettent de faire baisser les consommations d'énergie, c'est parce que c'est rentable : en fait, chaque kilowattheure économisé par les québécois peut être exporté et vendu trois fois plus cher que s'il avait été consommé sur place.

Ainsi, moins les québécois consomment d'électricité, plus Hydro-Québec est gagnant!

Cela s'explique par le fait que le prix de vente au Québec est fixé par la Régie de l'énergie tandis que le prix de vente à l'exportation suit le cours du marché. Ainsi un kilowattheure vendu au Québec rapporte 2,79 cent à Hydro-Québec alors que le même kilowattheure vendu à l'extérieur du pays en rapporte environ 10.

Actuellement la part exportée représente environ 20 %. Le reste est consommé au Québec. Comme Hydro Québec ne peut exporter que la part d'électricité qui n'est pas consommée au Québec, seules les économies d'énergie québécoises peuvent lui permettre d'augmenter les exportations, et donc son profit. Du coup, l'argent investi pour subventionner les programmes d'efficacité énergétique est rentabilisé par les parts d'exportation qu'ils permettent de gagner.

Paradoxalement, malgré les énormes profits qu'il pourrait faire gagner à Hydro Québec, le programme de certification LEED™ for Homes n'est pas subventionné. C'est aberrant puisque les maisons LEED permettent des économies d'énergie encore plus importantes que les maisons Novoclimat : les maisons certifiées LEED for Homes économisent 30 % à 70 % d'énergie, voir parfois 100 % dans le cas des maisons à consommation énergétique nette zéro.

Les deux programmes Novoclimat et LEED sont en fait complémentaires : les exigences fixées par chacun d'eux sont différentes et le but recherché aussi. Au niveau de la performance énergétique, les différences de résultats s'expliquent par le fait que Novoclimat impose des niveaux d'isolation et d'étanchéité avec des seuils fixes tandis que LEED se base sur la consommation finale de la maison. Concrètement, pour répondre aux exigences Novoclimat il faudra par exemple installer un mur d'une résistance thermique fixe et des fenêtres double vitrage (faible émissivité / argon). Dans le programme LEED, les constructeurs sont plutôt poussés à dépasser les performances énergétiques standards car chaque action visant l’amélioration de ces performances est récompensée.

En fait, tous les projets qui visent la certification LEED sont modélisés à l'aide d'un programme informatique qui évalue la consommation énergétique finale du projet. Ainsi, dans le système LEED, ce sont les résultats et non pas les moyens qui comptent pour gagner des points. C’est pourquoi, les constructeurs qui visent la certification LEED font baisser leur consommation d’énergie à l’aide de toutes sortes de techniques : hyperisolation, solaire passif, systèmes mécaniques (chauffage, ventilation, plomberie, etc) à haute performance, énergies renouvelables, etc. Le programme n'impose pas une technique en particulier mais attribue tout simplement plus de points aux maisons qui consomment réellement moins d'énergie. Le résultat : les projets certifiés LEED ont de trés bonnes performances énergétiques.

Hydro Québec aurait donc tout à gagner à aider financièrement les projets qui répondent aux exigences de la certification LEED, tout comme cela se fait pour les projets Novoclimat. Si Hydro Québec payait par exemple les frais liés à la vérification des projets LEED, ce programme deviendrait plus accessible et le nombre de projets certifiés LEED augmenterait en flèche faisant diminuer du même coup la consommation d'électricité au Québec... L'investissement en vaudrait la chandelle car la part des exportations d'électricité pourrait doubler, voire tripler entraînant ainsi la hausse des profits d'Hydro! Tout le monde serait gagnant : un bel exemple de boucle d'action positive. Une des conséquences d'un tel programme de subvention serait aussi de créer un mouvement de masse pour la construction verte et de donner à ce marché toute l'expansion qu'il mérite.

L'objectif fixé par le Conseil du Bâtiment Durable du Canada est de certifier ou d'inspirer un million de maisons sur les bases du programme LEED for Homes d'ici 2015. Ramené à l'échelle du Québec cela reviendrait à attribuer la certification LEED for Homes à une maison neuve sur quatre, soit un bastion de 12 000 maisons par an. Soyons clair : cet objectif ne pourra pas être atteint sans un coup de pouce financier des institutions gouvernementales.