Le Québec dispose a lui seul de près de 3% de l’eau douce renouvelable de la Terre. Un million de lacs et pas moins de 130 000 cours d’eau alimentent ce vaste réseau aquatique, qui de ce fait nous semble illimité. C'est justement ce mythe que le documentaire La Goutte de trop, sorti récemment sur les plateformes de Télé-Québec, déconstruit. Certes, le cycle de l'eau est infini, et l'eau potable gratuite dans la plupart des municipalités, mais le gaspillage dont nous faisons preuve collectivement menace la qualité de l'eau.

Pollution de l'eau : une menace pour la santé et la biodiversité

L'eau potable domestique recèle de nombreuses traces de substances chimiques, comme des hydrocarbures, métaux lourds, pesticides, mais aussi perturbateurs endocriniens et microplastiques... Même s'ils ne dépassent par les normes, ces composés altérant la qualité de l'eau peuvent représenter un risque pour la santé des écosystèmes, voire la santé humaine.

Traiter les eaux usées : un grand enjeu financier

Évidemment, il existe un encadrement pour faire en sorte que l'eau qui approvisionne nos habitations provienne d'une source de la meilleure qualité possible et qu'elle reste potable, de son traitement jusqu'au robinet.

Mais les réseaux d'eau potable et d'égoût, les stations de pompages et les usines d’épuration des municipalités québécoises sont soumis à rude épreuve. Les activités industrielles et agricoles sont largement en cause dans la pollution de notre or bleu, mais les rejets domestiques et les surverses des réseaux d'égouts des municipalités urbaines comptent aussi pour beaucoup. Et le traitement de l'eau pèse lourd sur les budgets municipaux : alors que les citoyens sont facturés 50 centimes par m3, le coût réel pour les municipalités dépasse souvent ce tarif avantageux.

Soulignon aussi que malgré les efforts collectifs, le déversement des égouts dans des cours d'eau est encore une réalité : à la fin de l'année 2020, 81 municipalités du Québec déversaient encore leurs eaux usées dans le fleuve ou dans des rivières, en partie ou en totalité, et ce, avec peu de traitement au préalable. La plupart sont des petites municipalités qui n'ont pas le moyens de déployer de telles infrastructures.

une station d'épuration des eaux usées
une station d'épuration des eaux usées

Quels sont les effets de l'eau polluée sur la biodiversité ?

Les conséquences de la pollution des milieux aquatiques sont multiples. L'un des principaux risques est l'eutrophisation de l'eau : la chute du taux d'oxygène dissout provoqué par certaines pollutions entraîne la prolifération de végétaux aquatiques et des mortalités massives d’espèces animales. La biodiversité s'amenuise, les écosystèmes sont débalancés, et l'eau devient de plus en plus difficile à traiter pour la consommation humaine...

Quels sont les effets de l'eau polluée sur la santé ?

Bien que l'eau du robinet soit propre à la consommation, les effets combinés de toutes les substances polluantes sur le long terme ne sont pas pris en compte. Et les effets de ce mélange sur la santé ne sont pas connus.

Un documentaire pour sensibiliser à la préservation de l'eau potable

Sorti ce mois-ci, le film documentaire La goutte de trop, réalisé par Jérémie Battaglia, vient nous rappeler ces enjeux d'une manière passionnante et informative. Nathalie Lasselin, exploratrice et réalisatrice de films documentaires du monde sous-marin, en est la narratrice et le personnage principal. Son exploration nous emmène suivre le voyage des eaux usées dans le réseau d'eau potable montréalais jusqu'au fleuve Saint-Laurent. Une unique occasion de sensibiliser sur notre impact sur l’eau du fleuve, tout en inspirant le changement.

Écohabitation est fier d'avoir contribué au propos du film ! Le documentaire a été l'occasion de filmer Sandrine Terrault, chargée de projet pour le Défi Je consomme moins d'eau, au cours de son travail d'information des citoyens. Dans La goutte de trop, elle accompagne quatre familles dans leur démarche d’économies de grandes quantités d’eau à la maison. Et les résultats sont probants! C'est donc vérifié : l'approche ludique et déculpabilisante a fait ses preuves pour économiser l'eau potable.

Découvrez la bande-annonce du documentaire La goutte de trop, diffusé sur Télé-Québec (en ligne et à la télévision).

Stop au gaspillage : des solutions simples pour réduire sa consommation d'eau

Depuis vingt ans, les Québécois réduisent régulièrement leur consommation d'eau potable : dans notre bilan sur les efforts réalisés au Québec en 2018, on a constaté une baisse de la consommation de 29 % entre 2000 et 2015. Et la Stratégie québécoise d'économie d'eau potable 2019-2025 vise à réduire de 20 % la quantité d'eau distribuée par personne, par rapport à 2015.

Mais les Québécois affichent le record du monde de la consommation d'eau: il fait font couler 424 litres tous les jours, en moyenne, c'est-à-dire qu'il rejettent l'équivalent en eau de 5 piscines olympiques dans les réseaux d'égoûts ou leur installation septique. Et saviez-vous que seuls 10 % de cette quantité nous sert à boire et à cuisiner? Le reste se divise en parts à peu près égales entre l’entretien ménager, les douches et les bains, ainsi que les toilettes.

Pomme de douche efficace
Une pomme de douche efficace pour économiser l'eau et l'énergie

Nous pouvons tous un rôle à jouer pour contribuer à préserver la qualité de l'eau et de nos écosystèmes, que nous soyons propriétaires ou locataires. Comment ? En changeant nos vieilles toilettes, en réduisant les surfaces imperméables sur nos terrains urbains, oui, mais aussi en changeant ses habitudes de consommation. C'est très simple et cela a une réelle influence sur l’utilisation de l’eau et l’énergie.

Pour les gestionnaires de bâtiments, Écohabitation a mis sur pied un guide d'accompagnement et une trousse d'animation pour la sensibilisation à la réduction de la consommation d'eau.

Et aussi : voir le documentaire La goutte de trop, diffusé sur Télé-Québec.