Détourner 70% de ses déchets de démolition, rénovation et construction, qui est l’objectif gouvernemental québécois, permet de diminuer de façon significative la part des gaz à effet de serre (GES) découlant de l’enfouissement et de l’incinération de nos déchets au Québec 1Vous contribuerez non seulement à la réduction de l’enfouissement des résidus de chantier et de l’émission mais également à la réduction de la contamination de l’environnement par une élimination sécuritaire des résidus domestiques dangereux (RDD).

Confier la gestion des déchets de rénovation à une compagnie de recyclage

Une compagnie spécialisée dans la gestion des déchets de démolition, construction et rénovation (transporteur, conteneur) peut vous aider à détourner les matières résiduelles liées à un chantier de rénovation. Vous participerez ainsi à réduire de façon substantielle les émanations globales de GES.

Durant la phase de planification :

  • Identifiez les matériaux dont vous aurez besoin pour votre projet;
  • Évaluez les résidus ou débris qu’engendreront les travaux de démolition et de rénovation;
  • Recensez les ressources de gestion des matières résiduelles dans votre région.

Engagez une compagnie de recyclage (transporteur, conteneur) qui assure le transport des déchets de rénovation vers un centre de tri et qui garantit un taux de recyclage minimum (idéalement plus de 60%). Saviez-vous que plusieurs compagnies qui louent des conteneurs remettent, à la demande du client, un certificat indiquant le taux de recyclage des matériaux qui s’y trouvent?

Ces compagnies offrent un service clé en main qui inclut la livraison du conteneur et le transport des matières vers leur centre de tri. Prenez le temps de bien magasiner afin de trouver une entreprise qui puisse garantir un taux minimum de 80 % de matières générées recyclées. 

Consultez notre répertoire d'entreprises de recyclage et de professionnels de tri et revalorisation des déchets de chantiers pour trouver un service dans votre région. 

Apporter les déchets de rénovation dans un centre de tri, un écocentre ou chez un recycleur

Les ressources sont nombreuses afin de vous aider à détourner les matières résiduelles liées à un chantier de rénovation. Si cela est possible pour vous, évitez d'engager un professionnel pour la gestion de vos déchets en allant vous même les porter au centre de tri le plus près de chez vous. Cette option est plus économique mais vous demandera une charge de travail et du temps supplémentaires. De plus, vous devrez penser à l'espace nécessaire à l'entreposage des déchets en attendant le transport  au centre de tri ou à l'écocentre.

Pour connaître le centre de tri le plus près de chez vous ou celui rattaché à votre municipalité, contactez directement la municipalité concernée ou consultez notre répertoire pour trouver un recycleur ou un service de location de conteneurs.Certains matériaux peuvent également donner à un fournisseur de matériaux récupérés tel que RÉCO.

Conteneurs à déchets
Trier les déchets de construction                      Photo  Écohabitation

Pourquoi trier les déchets?

Chaque tonne de déchet acheminée au site d’enfouissement est responsable de l’émission de près d’une tonne et demie de gaz à effet de serre! L’un des moyens les plus efficaces de réduire son empreinte écologique consiste donc à détourner les divers matériaux de rénovation des dépotoirs.

À titre d’exemple, la rénovation intégrale d’un triplex peut générer près de 55 tonnes de matières résiduelles – béton, bitume, ciment, pierres et briques, métaux ferreux et non ferreux, bois, panneaux de gypse, bardeaux d’asphalte, emballages de plastique, papiers et cartons, etc. En adoptant une bonne gestion des déchets de rénovation, il serait possible de diminuer d’environ 43 tonnes les émissions de GES attribuables aux matières résiduelles d’un tel chantier de rénovation. 

En allant plus loin, on peut citer aussi l’exemple du projet de déconstruction en Gaspésie qui a permis de réemployer 70% des matériaux d’un ancien bâtiment, réduisant énormément les quantités envoyées à l'écocentre et à l'enfouissement.

Saviez-vous que l’enfouissement d’une matière organique comme le bois contribue aux changements climatiques? La décomposition du bois en forêt est très différente de sa décomposition dans un site d’enfouissement. Le manque d’oxygène qui caractérise ce milieu encourage une décomposition dite anaérobique (sans oxygène) ce qui résulte en une forte émission de méthane. Or, le méthane engendre un impact sur le réchauffement climatique qui est quarante fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2).

La décomposition des plaques de plâtre est tout aussi problématique, puisqu’elles peuvent contaminer la nappe phréatique et causer des émanations de sulfure d’hydrogène, un composé toxique à odeur d’œufs pourris. Certains résidus comme les solvants, les peintures ou les colles sont très toxiques. Malgré leur petit volume, ceux-ci doivent être éliminés de manière sécuritaire pour éviter qu’ils ne contaminent l’environnement.

Finalement, les déchets représentent de grandes possibilités de développement technologique et de création d’emploi. Selon le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, une tonne de matière récupérée crée dix fois plus d’emplois qu’une tonne de matière éliminée. 

La réutilisation des matériaux sur place

Préservez les éléments intéressants et récupérables de la maison: le cachet et l’attrait d’éléments réemployés sont inégalés. Portes et moulures d’époque, armoires, planchers de bois franc, vitrail, fer forgé de garde-corps et balcons. Si vous avez la chance d’avoir dans votre maison des éléments d’architecture intéressants, évaluez l’intérêt de les conserver.

Une mise en garde importante s’impose: la présence du plomb dans la vieille peinture est un problème sérieux qui devrait orienter vos efforts de réemploi. Vous ne voulez pas perdre vos belles boiseries? Envoyez-les dans un atelier de décapage. Les pièces conserveront un charme d’époque.

Le détournements des matières résiduelles

  • Plaques de plâtre (gypse): remettez-les au centre de tri municipal ou chez Recyc-Gypse. Le plâtre est valorisable dans la fabrication de fertilisant, de litière, de scellant acoustique et d’isolant thermique.
  • Plâtre sur lattes de bois: s’il s’agit d’une maison construite avant 1975, le plâtre est très probablement recouvert de peinture, qui peut contenir du plomb, et ne pourra donc être récupéré. En cas de doute, séparer le bois du plâtre et le bois pourra être recyclé. 
  • Bois (pièces et retailles, panneaux de contre-plaqué, panneaux, arbres, branches): amenez le bois en vrac au centre de tri municipal. Il sera acheminé à des compagnies qui le transformera en panneaux de contreplaqué, palettes d’aggloméré moulées, de briquettes pour les foyers, de litière, de granules combustibles, de paillis ou encore de panneaux acoustiques.  
  • Agrégats (brique, gravier, béton, asphalte)et bardeaux d'asphalte: acheminez les agrégats en vrac au centre de tri municipal. Chaque année, entre 170 000 et 200 000 tonnes de bardeaux d’asphalte sont retirées des toitures et disposées dans des sites d’enfouissement. Bellemare recyclage fait la revalorisation des agrégats.  Éviter aux bardeaux d’asphalte de se retrouver au dépotoir représente un bénéfice environnemental non négligeable.
  • Résidus domestiques dangereux (RDD): Les lampes fluocompactes et les fluorescents - dans les écocentres, les magasins IKEA, Home Depot, Réno-Dépôt et RONA. Les restes de peinture et leurs contenants; dans les dépôts municipaux, les écocentres, chez les détaillants de matériaux de construction.  Pour les autres RDD et matériaux électroniques, consultez l’aide mémoire de RECYC-QUÉBEC.

Malheureusement, il est normal que tous les déchets ne puissent pas être revalorisés (la moquette moisie par exemple...) et qu'ils doivent donc prendre le chemin du site d'enfouissement. 

Statistiques intéressantes

En ce moment, la production de déchets issus des résidus de construction, de rénovation et de démolition augmente au Québec, tout comme la production de déchets résidentiels. Environ la moitié des résidus de CRD du secteur du bâtiment générés annuellement est acheminée vers un centre de tri, soit 1 846 000 tonnes en 2021. Cette proportion est passée de 55% en 2018 à 53% en 20212. La quantité totale de résidus de CRD éliminés est quant à elle estimée à 1 666 000 tonnes en 2021. 

Chantier typique de rénovation : 78 tonnes de GES

Chantier écologique de rénovation : 35 tonnes de GES

Ressource:

  • Recyc-Québec, le portail de la récupération et du recyclage 

TROUVER UN CENTRE DE TRI DANS MA RÉGION 

Vous pouvez consulter la liste des centres de tri municipaux, les centres de tri privés (communément appelés « cour à scrap ») et les compagnies de démolition. Ces derniers entreposent vos matières pour les revendre ou les recycler. Des frais peuvent parfois s’ajouter. Informez-vous de leur politique de récupération avant de vous y rendre.

ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

- Production d’environ 30 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 15 000 tonnes récupérées, pour un taux de récupération d’environ 50 %. La région accueille également la compagnie Uniboard qui recycle une quantité importante du bois récupéré au Québec.

- On y retrouve trois centres de tri pour une capacité totale d’environ 30 000 tonnes.

BAS SAINT-LAURENT

- Production entre 30 000 et 40 000 tonnes de débris de CRD, dont environ 23 500 tonnes, soit 65 % des débris produits, auraient été récupérées par les centres de tri de la région.

- Le marché de la récupération des débris de CRD dans cette région est fragile dû au coût de transport des matières vers les marchés éloignés. C’est ce qui explique que certaines matières plus légères, comme les plastiques, sont problématiques dans la région.

- Rimouski et Rivière-du-Loup, sont chacune dotée d’un centre de tri des débris de CRD en exploitation pour une capacité d’environ 50 000 tonnes.

CAPITALE-NATIONALE

- Production de près de 200 000 tonnes de débris de CRD non agrégats dont 150 000 tonnes de matières récupérées, soit un taux de récupération d’environ 80 %.

- Débouchés pour le bois, métal et les agrégats assez développés. Les matières fines, les plastiques durs (incluant le PVC) et le gypse n’ont pas pour l’instant de débouchés dans la région.

- Trois centres de tri représentant une capacité globale de 200 000 tonnes.

CENTRE-DU-QUÉBEC

- Production de 50 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 27 500 tonnes récupérées, pour un taux de récupération de près de 60 %.

- La région du Centre-du-Québec est un leader provincial en gestion des matières résiduelles; Le bois est utilisé comme agent structurant dans le compost municipal, le béton est réutilisé dans la construction de routes et de stationnements, le métal est vendu aux ferrailleurs locaux, le carton est recyclé ou valorisé, les bardeaux d’asphalte et le gypse sont enfouis.

- On y trouve trois centres de tri d’une capacité annuelle globale d’environ 40 000 tonnes.

CHAUDIÈRE-APPALACHE

- Production d’environ 90 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 21 500 tonnes récupérées, pour un taux de récupération de 25 %.

- Le bois est broyé et utilisé par les agriculteurs de la région comme litière. Le métal est vendu à AIM à Québec.

- On y retrouve trois centres de tri pour une capacité globale de tri d’environ 45 000 tonnes.

CÔTE-NORD

- Production de 15 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 2 500 tonnes récupérées, pour un taux de récupération d’environ 20 %.

- La récupération des débris de CRD dans cette région est limitée par le manque de débouchés et le coût élevé du transport des matières. Pour l’instant, le métal est la seule matière pour laquelle les débouchés sont stables.

- On retrouve trois lieux d’enfouissement sanitaire ou technique dans la région de la Côte-Nord qui enfouissent entre 5 000 et 10 000 tonnes de débris de CRD chaque année.

- Pas de centre de tri.

ESTRIE

- Production estimée de 70 000 tonnes de débris de CRD non agrégats dont 38 500 tonnes de matières récupérées, soit un taux de récupération d’environ 60 %.

- Trois centres de tri sont présentement en opération en Estrie (l’une des zones de récupération de bois les plus importantes au Québec), pour une capacité totale d’environ 100 000 tonnes. Dans la région de Mégantic, les plastiques souillés sont les seules matières problématiques, mais le succès de cette région est partiellement attribuable à une volonté politique locale de la MRC et de la municipalité.

GASPÉSIE ÎLES-DE-LA-MADELEINE

- Production estimée de 15 000 tonnes de débris de CRD, dont 2 000 tonnes récupérées, pour un taux de récupération d’environ 10 %. Il n’y a aucun centre de tri en Gaspésie, la majeure partie des débris de CRD est éliminée dans les lieux d’enfouissement.

LANAUDIÈRE

- Production d’environ 130 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 7 000 tonnes récupérées, pour un taux de récupération de 5 %, soit le plus faible de la province.

- Dans la région de Joliette, les entrepreneurs utilisent les écocentres lorsqu’ils ont des chargements de bois, mais si les matières ne sont pas triées, ils les dirigent à l’enfouissement.

- On y retrouve une seule plateforme de tri manuel des débris de CRD d’une capacité annuelle d’environ 20 000 tonnes.

LAURENTIDES

- La plus forte production de débris de CRD non agrégats par habitant dans la province pour un total de 200 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 17 500 tonnes récupérées, pour un taux de récupération d’environ 9 %, soit l’un des plus faibles de la province.

- On y retrouve un centre de tri pour une capacité annuelle d’environ 60 000 tonnes. 

LAVAL

- Très forte production de débris de CRD non agrégats produits par habitant ; 130 000 tonnes de débris de CRD non agrégats y sont générées chaque année, dont 60 000 tonnes récupérées, pour un taux de récupération de 45 %.

- Trois centres de tri de capacité importante opèrent sur le territoire pour une capacité annuelle de 300 000 tonnes.

MAURICIE

Production d’environ 60 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, pour un taux de récupération supérieur à 100 %.

- La quantité de matières qui y est récupérée annuellement est supérieure à la quantité de débris de CRD produit. La région est dotée d’infrastructures d’enfouissement importantes qui importent également des débris de CRD non agrégats d’autres régions, le taux de récupération réel est plutôt de 75 % à 85 %, notamment grâce aux activités de Bellemare Recyclage, qui est par ailleurs un des seuls centres du Québec à valoriser le bardeau d’asphalte.

- Deux centres de tri représentent au total une capacité annuelle d’environ 100 000 tonnes.

MONTÉRIGIE

- Production d’environ 400 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, faisant de cette région la première productrice de débris de CRD non agrégats au Québec. C’est également la région avec le plus grand nombre de centres de tri et 130 000 tonnes des résidus de CRD non agrégats récupérées, pour un taux de récupération d’environ 35 %.

- La région accueille plusieurs entreprises qui se spécialisent dans la valorisation de matières uniques tels le gypse, le béton ou l’asphalte, mais Le bardeau d’asphalte et les plastiques sont problématiques dans la région.

- Les nombreux centres de tri de cette région représentent une capacité annuelle d’environ 500 000 tonnes.

MONTRÉAL

- La deuxième plus importante productrice de résidus de CRD non agrégats après la Montérégie, avec un total généré d’environ 275 000 tonnes, dont 68 500 récupérées pour un taux de récupération d’environ 25 %.

- Les marchés pour le bois et le métal dans la région sont compétitifs et diversifiés, mais le marché pour le béton récupéré reste à développer

- On retrouve sur l’île même trois centres de tri et un centre de transbordement pour une capacité totale de 100 000 tonnes. Les débouchés pour les matières y sont diversifiés et la compétition est forte.

NORD-DU-QUÉBEC

- Production estimée de 3 500 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont environ 1 000 tonnes récupérées, presque exclusivement des métaux, pour un taux de récupération d’environ 18 %.

- La gestion des rebuts de construction est un problème important pour plusieurs communautés ; les débris de CRD occupent des espaces importants dans les lieux d’enfouissement locaux et l’ouverture de nouveaux sites est complexe vu la nature locale des sols. Aucune infrastructure de récupération n’est disponible sur le territoire, mais une certaine quantité importante de métaux est récupérée via un service de location de conteneur dans chacune des communautés Cris et jamesiennes (Écobois). Il y a aussi la possibilité que certains récupérateurs d’Abitibi-Témiscaminque équipés d’unités de broyage mobile puissent se déplacer dans les communautés du Nord-du-Québec pour valoriser certains matériaux (ex. : bois ou béton).

OUTAOUAIS

- Production estimée de 90 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 40 000 tonnes récupérées, pour un taux de récupération d’environ 45 %.

- Plusieurs matières sont problématiques dans la région dont les plastiques, le gypse, les bardeaux d’asphalte, le bois accumulé et les matières fines incapables d’écouler chez les valorisateurs énergétiques locaux. Le béton est vendu à des entreprises de la région ou bien utilisé pour les activités des centres de tri et le métal est vendu aux ferrailleurs locaux.

- On y retrouve deux centres de tri d’une capacité totale d’environ 100 000 tonnes.

SAGUENAY LAC-ST-JEAN

- Production d’environ 80 000 tonnes de débris de CRD non agrégats, dont 15 000 tonnes avaient été récupérées, soit un taux de récupération d’environ 20 %.

- Les marchés pour les matières principales comme le bois, le métal et le béton sont assez développés, mais peu de débouchés locaux pour les plastiques, les bardeaux d’asphalte et le gypse.

- Deux centres de tri sont en opération dans la région avec une capacité totale de 150 000 tonnes.

(données 2008, Jean-François L. Vachon) 

Vous en savez maintenant plus sur l'importance de la gestion des déchets lors d'une construction ou d'une rénovation. Trouvez plus de pages sur le sujet ci-dessous et dans notre guide de la construction écologique.

Trouvez des professionnels et des produits ainsi que des projets de maisons écologiques exemplaires dans notre répertoire de l'habitation durable.

1 Gouvernment du Québec, 2020. Répartition des émissions annuelles de gaz à effet de serre au Québec en 2020, par secteur et sous-secteur.

2 RECYC-QUÉBEC, 2023. Bilan 2021 de la gestion des matières résiduelles au Québec.