De plus en plus de gens recherchent des maisons de type intergénération à vendre, des plans de logement multigénération, ou même à construire de nouveaux bâtiments pour vivre avec ses proches sous un même toit. Vivre en intergénération offre bien des avantages : resserrement des liens familiaux, aide à un proche dans le besoin, économies, partage des tâches et contrer l’isolement. La maison multigénération offre donc une solution à ces problématiques. Ces maisons qui nous rapprochent au lieu de nous isoler (telle la tendance des dernières décennies) vivent un réel regain de popularité.

Qu’est-ce qu’une maison intergénérationnelle ou bigénérationnelle?

Une maison intergénérationnelle (aussi appelée bigénérationnelle) est conçue pour accueillir plusieurs générations d’une même famille, tout en préservant un certain niveau d’indépendance. Bien que chaque municipalité ait ses propres dispositions et conditions particulières, les maisons abritant plusieurs générations sont généralement conçues de manière à ce que chacun ait son espace : entrées séparées, balcons indépendants, cuisine et salle de bain non partagées… on reste à proximité, mais avec son intimité. La maison conserve toutefois une seule adresse civique et un seul compte de taxes municipales.

Les configurations possibles varient :

  • deux résidences individuelles, un seul terrain;
  • deux maisons connectées sur le même terrain;
  • une maison, avec deux ou trois logements individuels.

Selon Novoclimat, il s’agit d’« une habitation divisée en deux logements communicants et destinée aux membres d’une même famille ». Revenu Québec parle d’une « maison individuelle avec un logement aménagé pour permettre à plusieurs générations de cohabiter ».

Maison intergénérationnelle
UHA attachée bigénérationnelle © Charles O'Hara photographe

Les nombreux avantages d’une cohabitation intergénérationnelle

Lutter contre l’isolement

Selon Statistiques Canada (2017), un quart des canadiens vivent seuls. Au Québec, une personne sur trois habite seule et les Montréalais sont plus de 41 % à vivre en solo! Mais la solitude nous fragilise, autant sur le plan biologique que psychologique.

Le Dre Nasreen Khatri, Ph.D., psychologue clinicienne agréée, gérontologue et neuroscientifique, affirme que « l’isolement social lié à la solitude augmente les niveaux de cortisol (hormone du stress) chez les individus. » Des niveaux élevés sur une base régulière peuvent augmenter les taux de maladies cardiaques, de stress, d’anxiété, de dépression… Ils peuvent même accélérer le développement de maladies neurodégénératives, tels que l’Alzheimer.

L’isolement et la solitude des personnes aînées sont des phénomènes fréquents qui ont des conséquences néfastes sur leur santé physique et mentale. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ, 2020) mentionne que : « les personnes aînées ont besoin d’interactions sociales et de réseaux de soutien social pour être en santé et ressentir du bien-être et une satisfaction par rapport à la vie. »

Or, en plus d’être plaisant (pour la majorité d’entre nous), vivre en multigénérationnel est donc un remède à l’isolement et par conséquent, au stress. Vivre à plusieurs peut nous aider à faire face aux aléas de la vie et alléger le fardeau du quotidien. L’habitat bigénérationnel facilite l’entraide au quotidien : les grands-parents peuvent épauler les parents débordés, alors que les enfants peuvent assister les aînés dans certaines tâches.

Renforcer les liens familiaux

Les êtres humains sont fondamentalement sociaux. Pour nous épanouir, nous avons grand besoin de tisser et d’entretenir des liens. Partager un espace de vie permet de maintenir des liens étroits entre les générations et d’offrir une présence sécurisante pour les enfants comme pour les aînés.

Le quotidien partagé favorise des moments de complicité spontanés : un repas improvisé, un coup de main au jardin, une histoire racontée avant de dormir. Ces petits gestes simples créent un sentiment d’appartenance, d’ancrage et de continuité familiale. Vivre sous un même toit encourage aussi la transmission de savoirs et de valeurs, en permettant aux plus jeunes de bénéficier de la sagesse et des récits des aînés, tandis que ces derniers se sentent valorisés par leur rôle actif dans la famille.

Dans les moments difficiles, comme la maladie, une séparation ou une perte d’emploi, la proximité familiale agit comme un véritable filet de sécurité.

Faire des économies

Cohabiter, c’est aussi partager les frais. En vivant en bigénération, vous économisez certainement sur les frais annuels récurrents comme l’hypothèque, l’électricité, l’entretien du terrain et des espaces communs, ainsi que les taxes municipales. Certains équipements et appareils coûteux peuvent être partagés, tels qu’une tondeuse, un barbecue, une piscine ou des électroménagers (laveuse, sécheuse).  

Il est aussi possible d’économiser sur les frais de garde d’enfants puisque la présence des grands-parents permet souvent de réduire, voire d’éliminer, les frais de garderie ou de service de garde. La cohabitation peut aussi représenter moins de dépenses en résidence pour aînés. Les personnes âgées qui vivent avec leur famille peuvent retarder, voire éviter, l’entrée en résidence privée ou en CHSLD, ce qui représente des économies considérables à long terme. À eux deux, ces aspects représentent alors une économie majeure, autant pour les jeunes familles que pour les aînés.

L’habitation bigénérationnelle permet aussi de réaliser des économies concrètes au quotidien, notamment sur les repas et les déplacements. En planifiant les repas ensemble, les familles peuvent acheter en plus grande quantité, ce qui réduit les coûts à l’unité et limite le gaspillage alimentaire. Du côté des transports, vivre sous le même toit évite de nombreux déplacements, ce qui signifie moins d’essence et moins d’entretien pour les véhicules!

Flexibilité évolutive

Ce type d’habitation permet d’adapter les espaces au fil des changements dans la structure familiale. Par exemple, une jeune famille peut élever les jeunes enfants dans la plus grande section de l’habitation, pour ensuite emménager dans la plus petite section du bâtiment lorsque les enfants auront quitté le nid, en louant la grande section à une autre famille.

Densification douce

Les habitations multigénérationnelles et les unités d’habitation accessoires (UHA) jouent un rôle clé dans la densification douce. Elles permettent d’ajouter de nouveaux logements sur des terrains déjà urbanisés, contribuant ainsi à réduire l’étalement urbain, à préserver des terrains agricoles et naturels, ainsi qu’à favoriser l’implantation du transport en commun. C’est donc une solution écologique efficace sur plusieurs plans!

En s’intégrant discrètement dans les quartiers existants, elles préservent le caractère résidentiel, tout en augmentant la capacité d’accueil et en valorisant les infrastructures en place (services, égouts, aqueducs, rues).

La densification douce offre également une solution durable et humaine pour répondre à la crise du logement et renforce la vie de quartier ainsi que la vitalité des communautés locales.

Acheter une maison intergénérationnelle : ce qu'il faut savoir

L’achat d’une maison intergénérationnelle peut poser certains défis : l’offre demeure limitée sur le marché, particulièrement dans les grands centres urbains. Il est donc essentiel de s’entourer d’un courtier immobilier familier avec ce type de propriété et des règlements municipaux qui s’y appliquent.
Voici quelques éléments à vérifier lors de vos visites :

  • Le logement est-il reconnu comme intergénérationnel par la municipalité?
  • Les unités sont-elles réellement autonomes?
  • L’état général du bâtiment permet-il une cohabitation durable (insonorisation, ventilation, accès adaptés)?
  • Les espaces communs sont-ils bien définis pour assurer une bonne gestion au quotidien (buanderie, stationnement, cour, etc.)?

N’oubliez pas les aspects fiscaux et les assurances : certaines compagnies exigent des polices distinctes pour chaque unité et la fiscalité peut varier en fonction de l’usage (location, occupation par un membre de la famille, etc.). Côté financement, vérifiez si votre prêteur accepte ce type de propriété pour l’hypothèque et renseignez-vous sur la valeur de revente, qui peut fluctuer selon la demande dans votre secteur. Enfin, pensez à la flexibilité future : la maison pourra-t-elle s’adapter si la configuration familiale change?

Construire sa maison intergénérationnelle : bien planifier

Aides financières et subventions disponibles

Il n’existe pas d’aide pour la construction de maisons bigénérations à proprement parler, mais vous pouvez profiter des aides existantes pour les nouvelles constructions. Du côté des aidants naturels, ou bien pour héberger une personne de plus de 70 ans (ou 60 ans dans le cas d’une personne à mobilité réduite), des crédits d’impôt sont disponibles, au Canada et au Québec.

Défis courants et règlementations

Si le concept vous intéresse, l’essentiel est que toutes les parties s’entendent sur leurs besoins et désirs. Quels espaces seront séparés et lesquels seront communs? Quel sera le partage des biens et des tâches? Y aura-t-il une porte communicante par l’intérieur?

Pour s’aider à planifier le tout convenablement, il est conseillé de faire appel à un architecte, en plus de déterminer avec sa municipalité les conditions et les règlementations en vigueur. Chaque municipalité possède ses propres permissions et règlementations en ce qui a trait aux bâtiments bigénérationnels et il est primordial de bien en prendre compte dans votre planification.

Exemples inspirants au Québec d’habitations multigénérations

Voyez par vous-même les choix qui ont été faits et les avantages de la planification par l’exemple.

1. TERGOS | Construction d’une maison bigénérationnelle à Stoneham-et-Tewkesbury  

Construire maison intergénérationnelle
UHA attachée bigénérationnelle © Charles O'Hara photographe

Dessinée et construite par la firme Tergos Architecture + Construction, cette maison prévue pour accueillir deux générations est située en banlieue de Québec, à Stoneham-et-Tewkesbury. Conçue en respect des principes du design solaire passif, l’habitation maximise les gains solaires et permet l’accumulation de chaleur dans la masse thermique de la chape de béton, en hiver. Avec son revêtement extérieur en bois et son enveloppe performante, la maison est aussi certifiée Novoclimat.

La jeune famille habite dans la section sur deux étages alors que la portion de plain-pied accueille les grands-parents. Pour ce faire, la volumétrie du bâtiment a été réfléchie afin de favoriser l’intimité des deux familles, tout en prévoyant des espaces partagés dans l'entrée et au sous-sol. En somme, ce projet est un excellent exemple d‘unité d’habitation accessoire (UHA) attachée bigénérationnelle, un type d’habitation qui gagnera sans nul doute en popularité avec le vieillissement de la population québécoise!

Pour en savoir plus sur la maison bigénérationnelle de TERGOS Architecture

2. Quinzhee Architecture | Triplex indivise dans Limoilou

Maison intergénération règlement
Projet intergénérationnel et multifamilial © TrYo

Ce duplex transformé en triplex n’accueille pas moins d’une « famille » par étage! Projet intergénérationnel et multifamilial, il a nécessité l’ajout d’un étage, d’un escalier intérieur et d’une terrasse sur le toit. Il constitue un excellent exemple d’agrandissement résidentiel : l’UHA attenante répond aux besoins des ménages, tout en s’intégrant dans le cadre bâti actuel et en densifiant le secteur de manière douce et respectueuse de son caractère architectural.

« Nous avons choisi de carrément mettre en valeur l’ancien duplex, qui avait un beau fronton, une belle corniche. […] Notre parti pris pour ce projet-là a été de mettre en valeur le passé avec une solution très contemporaine. » L’architecte Guillaume Fafard, de la firme Quinzhee architecture, en résume ainsi l’esprit.

Pour en savoir plus sur le Triplex multifamilial de Quinzhee Architecture

3. Quinzhee Architecture | Projet Cantin-Tobin dans la région de Québec

Maison intergénération subvention
Maison bigénérationnelle © Quinzhee Architecture

Pour s'adapter à la forme atypique du terrain qui ne pouvait recevoir une maison type préusinée et pour répondre à la fois aux besoins de la jeune famille et des grands-parents, cette maison bigénérationnelle construite dans la région de Québec a nécessité l'implication de la firme Quinzhee Architecture.

Travaillant de près avec les clients qui désiraient avoir une section à étage pour la jeune famille et une section de plain-pied pour les grands-parents, Quinzhee a proposé un plan original qui permet de conserver l'intimité tout en favorisant la proximité des familles. Côté design écologique, en tablant sur une grande fenestration qui fait face au sud, la firme a aussi su optimiser le design pour maximiser les gains solaires passifs en hiver tout en évitant la surchauffe estivale grâce à des pare-soleils, une terrasse et une pergola.

Pour en savoir plus sur le projet Cantin-Tobin de Quinzhee Architecture

4. Cohabitat Québec | Milieu de vie intergénérationnel

plan logement bigénération
Cohabitat multigénérationnel © environnementparlant.com

Un village urbain qui regroupe 42 ménages aux valeurs communes sous le modèle de vivre ensemble : partage, entraide et bon voisinage forment la base de ce projet unique au Québec. Les familles, les couples et les personnes seules de tous âges possèdent leur unité, à leur image, et peuvent également se regrouper dans l'un des nombreux espaces communs.

Une solution adaptée au Québec : le Kit écologique multigénération d’Écohabitation

Compte tenu de la demande élevée, il est très difficile pour le moment de trouver ce type de propriété à vendre. Pour répondre à la rareté de l’offre, Écohabitation propose des modèles préfabriqués et écologiques.

Fabriqués au Québec, pour le climat d'ici, les kits allient matériaux locaux et architecture reflétant la nordicité québécoise. En attendant votre kit intergénérationnel, nous vous invitons à consulter nos autres maisons d'architectes préfabriquées écologiques, ou encore, à planifier la construction de votre maison multigénération. 

Maisons intergénérationnelles : une tendance durable à encourager

Miser sur la cohabitation intergénérationnelle, c’est choisir une solution humaine, accessible et pleine de sens. Les maisons intergénérationnelles offrent une réponse concrète à de nombreux défis : logement, isolement, coûts et écologie. Avec une planification soignée et un bon accompagnement, elles peuvent devenir une norme pour les familles d’aujourd’hui… et de demain.

Sur le plan environnemental, vivre sous un même toit permet de réduire les constructions, les déplacements et de mutualiser les ressources. Certaines maisons intergénérationnelles s’inscrivent d’ailleurs dans une démarche d’éco-construction, certifiée Novoclimat ou intégrant un design solaire passif.

Vous avez envie d’explorer cette voie? Visitez notre section Maisons préfabriquées écologiques ou prenez rendez-vous avec un conseiller Écohabitation pour discuter de votre projet.

Vous en savez maintenant plus sur les projets de maison bigénérationnelles. Trouvez plus de pages sur le sujet ci-dessous et dans nos guides de la construction écologique.

Pour en savoir plus

Sources