La Maison productive House (MpH) est un ensemble de condos et maisons de ville érigé à Montréal sur un site d’anciens appartements condamnés, à quelques pas du marché Atwater. Réalisé par le studio de design Produktif, le projet a été conçu afin de permettre à ses occupants de réduire de 50 % leur empreinte écologique, de minimiser les besoins énergétiques des ménages et d’assurer entre 60 et 80 % d’autonomie à la MpH. En avril dernier, M. Kongshaug, concepteur et designer de la maison,  a gagné son pari en obtenant le niveau Platine de la prestigieuse certification LEED© Canada pour les habitations.

S’il a atteint un tel niveau de certification, c’est notamment grâce à la technologie installée dans le bâtiment. Par contre, selon M. Kongshaug : « La technologie est un moyen, le concret dans une belle vision, mais pour la rendre efficace, il faut savoir s’en servir correctement ». Et au Québec, les lacunes sur les bâtiments intelligents sont bien réelles.

Optimiser les systèmes pour réduire la consommation

M. Kongshaug a frappé un mur lorsqu’est venu le temps d’optimiser les technologies. Car, pour qu’un bâtiment soit efficace sur le plan énergétique, il ne suffit pas de bien l’isoler et de le rendre bien étanche. Effectivement, une des clés pour réduire la consommation réside dans « l’intelligence» du bâtiment.

Un concept qui, comme le souligne M. Kongshaug, est encore trop peu connu en Amérique du Nord; « Nous avons perdu une année dans la réalisation du projet uniquement pour faire le suivi des technologies en matière de bâtiment intelligent. Des systèmes performants existent en Europe et en Asie, mais il est très difficile d’importer ces technologies au Québec. Et, au lieu de se baser sur un savoir qui existe outre-mer, les gens tentent ici de réinventer le roue, ce qui prend du temps et de l’argent ». M. Kongshaug espère donc, pour son prochain projet de grande envergure où il tentera d’atteindre les normes du Living Building Challenge, être en mesure de bénéficier plus facilement des technologies existantes.

Des maisons intelligentes – smart homes

L’intelligence dans les bâtiments est apparue tout récemment, il y a de cela près de 10 ans. Le concept: relier toutes les technologies – éclairage, climatisation, sécurité, protection incendie, fenêtres, multimédia, communication, électroménager, géothermie, panneaux solaires, récupération des eaux, etc. – d’une maison, d’un bâtiment ou d’un groupe de bâtiments à l’aide de puces qui permettent d’échanger des messages entre elles. Le contrôle centralisé des interactions entre les informations provenant de ces technologies, des infrastructures et des comportements des humains dans le bâtiment permet alors;

  • De répondre à des questions essentielles telles que : - Où et quand consommons-nous ? - Comment réduire ? - Quels sont nos modes de consommation? - Comment anticiper les pics d’utilisation ? Etc.
  • D’optimiser la production, la consommation et la distribution de l’énergie, d’éviter le gaspillage et donc de réduire la consommation totale et … les gaz à effet de serre !

En effet, d’après une enquête effectuée par l’Energy Efficiency Indicator (EEI) auprès de 857 dirigeants du secteur public et privé, l’amélioration de l’efficacité dans le bâtiment représente la meilleure arme pour réduire l’empreinte carbone et l’efficacité des bâtiments verts passera nécessairement par l’optimisation de la consommation d’énergie. Des exemples d’outils existants :

Portées par différents groupes, plusieurs innovations émergent outre-mer afin d’assurer le bon fonctionnement des bâtiments. Une excellente piste de réflexion pour les industries québécoises.

  • Le programme HOMES de Schneider Electric : HOMES est le plus important programme européen de recherche dans le domaine de l’efficacité énergétique dans le bâtiment. Initié par Schneider Electric en 2008, il regroupe des entreprises privées qui disposent de technologies complémentaires ainsi que des laboratoires de recherche publics. L’objectif est de proposer des solutions pour permettre à chaque bâtiment d’atteindre la meilleure performance énergétique. Le programme est doté d’un budget de 88 millions d’euros. 
  • BnextEnergy : Leur but est de développer des solutions de pilotage énergétique pour les bâtiments en captant de l’information sur la consommation et la présentation des données en temps réel. L’outil de sensibilisation interne vise à sensibiliser les gens à leur consommation tout en offrant une prise de contrôle du bâtiment. 
  • Le projet RIDER (Réseau et Inter connectivité Des Énergies Classiques et Renouvelables) : une plateforme intelligente pour la gestion des différentes sources d’énergies dans le bâtiment. L’entreprise vise des économies d’énergies, au niveau des villes, pouvant aller jusqu’à 30 %.
  • Cisco : de nouvelles technologies qui aident les consommateurs et les entreprises à mieux maîtriser et mieux gérer leur consommation d'énergie. Les logiciels de gestion d'énergie de l'habitat Cisco® Home Energy Management Solution proposent un baromètre énergétique ainsi que des services de gestion énergétique. 
  • Soft4Energy : La jeune société d’édition de logiciel pour le secteur de l’énergie travaille, entre autres, au développement d’une solution pour interconnecter les systèmes de productions – PV, éolien solaire thermique – au marché de l’électricité. 
  • Le label Bâtiment Basse Consommation Effinergie© (BBC) : Le niveau d’exigence exigé par cette certification européenne a pour objectif de limiter la consommation, pour les constructions résidentielles neuves, à 50 kWh/m²/an, pour le chauffage, le rafraîchissement, la ventilation, l'eau chaude sanitaire, les auxiliaires de chauffage et l'éclairage. 
  • Open Source : revient sur le standard « Open ADR » (Automated Demand Response) qui est un protocole pour interconnecter et gérer la consommation énergétique de toutes sortes d’appareils (smart Home, smart Buildings, smart Grid).