La Maison productive House est un ensemble de condos et maisons de ville érigé sur un site d’anciens appartements condamnés. Le projet, réalisé par le studio de design Produktif, est conçu afin de permettre à ses résidents de réduire de 50 % leur empreinte écologique. MpH est en cours de certification LEED Canada pour les habitations et devrait obtenir le niveau Platine.

Basée sur le principe ZED (Zero emission development) — qui vise un bilan neutre d’émission de carbone — la Maison productive est située à quelques minutes du centre-ville et du marché Atwater. Elle est composée de 5 appartements, 3 maisons de ville, 1 studio de design, 1 boulangerie, des serres productives, des jardins de végétaux et plantes et des équipements communs. Les résidents peuvent accéder librement aux aires communes, à la salle de yoga et au sauna sur le toit qui fournit une partie de l’énergie nécessaire au chauffage des serres.

Le concepteur, Rune Kongshaug, a tout d’abord introduit le projet au forum Urbain UN-Habitat qui eut lieu à Vancouver en 2006. Son idée; construire une expérience confortable dans un environnement écologique et social. Kongshaug voulait ainsi démontrer qu’il était possible de construire une maison sous forme d’écosystème qui produit plus que ce qu’elle consomme, où chaque consommateur devient producteur.

Avec l’aide de Blouin Tardif Architecture Energie, la conception a été pensée afin de faire de la maison un modèle d’autonomie reproductible de par le monde. La Maison productive étant de la sorte un prototype, les projets futurs devraient voir leurs coûts de production réduits de plus de 30 %. Ceci pourrait élargir l’éventail des acheteurs potentiels.

L’eau et les jardins

En règle générale, les gens n’aiment pas payer pour les biens et les lieux communs. L’environnement est dès lors vu comme étant la responsabilité d’autrui. Dans la Maison productive, plus de 30 % des espaces représentent des lieux communs. Chacun est libre de s’approprier les lieux selon ses besoins, et ce, dans le respect des autres et des différents environnements. 

Parmi ces espaces se retrouvent les serres qui produisent des fruits, légumes et végétaux sur quatre saisons. Cette forme d’agriculture urbaine aide à revitaliser les cités, permet une certaine sécurité alimentaire tout en augmentant la valeur du terrain.

Pour assurer une récolte écologique, les eaux de pluie, tout comme les eaux grises sont récupérées, filtrées et recyclées afin d’assurer l’irrigation et les besoins hydriques des jardins productifs. 48 % du terrain est perméable, ce qui permet un bon drainage des eaux de pluie.

En plus de donner un accès illimité à une vaste gamme d’aliments frais, les jardins contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre dus au transport d’aliments.

Autonomie énergétique

Afin de minimiser les besoins énergétiques et d’assurer entre 60 et 80 % d’autonomie à la Maison productive, le concepteur devait assurer un excellent apport en solaire passif et isoler la maison au-delà des normes. Ainsi;

  • La maison est orientée sud / sud-ouest avec seulement 15 % de la façade au Nord.
  • Les fenêtres sont en panneaux doubles avec argon ce qui limite les pertes énergétiques.
  • Les murs ont une isolation R-20 et les plafonds R-40.
  • Tous les appareils sont homologués Energy Star.
  • Les planchers sont de béton, ce qui donne une excellente masse thermique à l’ensemble.
Il est ainsi prévu que la maison de 9 unités consommera, annuellement, 251.4 GJ.
  • L’électricité assume entre 20 et 40 % des besoins, soit 70 000 kWh/an.
  • 3 pompes géothermiques génèrent un total de 150 245 kWh/an.
  • 9 panneaux solaires hydrauliques produisent 26 552.5 kWh/an pour le chauffage des eaux domestiques, (95 593.5 MJ par année)
  • 9 ventilateurs récupérateurs de chaleur sont installés dans les salles de bain afin de fournir un air intérieur de qualité tout en évitant des pertes de chaleur. Couplés avec un échangeur de chaleur central ultra performant, les 9 VRC fournissent un total de 21 384 kWh/an.
  • La récupération de la chaleur provenant des eaux usées se fait grâce à 5 drains de récupérations qui produisent plus de 17 940 kWh/an.
  • Finalement, en plus de générer un intérieur confortable, des planchers radiants posés dans toutes les unités font économiser plus de 2 000 kWh par année.

Ainsi, les résidents pourront économiser jusqu’à 80 % sur leurs coûts de chauffage.

Transport

Alors que le secteur des transports est le plus grand producteur de GES au Québec, il n’est pas toujours pris en compte pour concevoir des projets résidentiels « verts ». Pour contrecarrer cet oubli habituel, La Maison productive tente de réduire la dépendance aux voitures individuelles et d’encourager les déplacements actifs :

  • Au lieu de consacrer les terrains vacants à l’usage exclusif du stationnement, une fontaine, des jardins et une terrasse commune y sont aménagés. Deux stationnements sont prévus sur le site, mais sont réservés à des voitures Communauto (partage de véhicule).
  • La maison est située à moins de 3 min à pied d’une station de métro.
  • Des écoles, commerces, services de santé et autres sont facilement accessibles par voie pédestre.
  • La piste cyclable mène les locataires au centre-ville de manière sécuritaire en moins de 15 minutes. 

Une des familles résidant dans la Maison productive a déjà vendu ces deux voitures !

Autres aspects écologiques

  • Le bâtiment est construit avec du bois certifié FSC et du bois recyclé
  • Les vernis utilisés sont sans COV
  • Des filtres au charbon sont posés sur les robinets
  • Des BBQ sont mis à disposition dans les espaces communs cela facilite les moments sociaux entre les occupants.
  • Un foyer de masse dessert la boulangerie et permet un apport supplémentaire en chauffage.
  • Un espace pour le compostage est aménagé sur le site. 

Sélectionnée pour le World Sustainable Building Conference

La Maison Productive fut sélectionnée pour paraître sur les posters de l’équipe canadienne au World Sustainable Building Conference qui se tiendra à Helsinki, Finlande, du 18 au 21 octobre 2011.

L’équipe canadienne tentera, sous la supervision de l’ingénieur et chef d’équipe Gordon F. Shymko, de contribuer au développement d’un instrument d’évaluation international pour les bâtiments. L’événement favorisera le partage des savoirs acquis dans toutes les sphères de l’industrie, et permettra de promouvoir la conception d’habitations vertes et durables.

Les conférences Sustainable Building (SB) représentent une opportunité de partager des connaissances novatrices internationales, ainsi que de trouver de nouvelles solutions afin de favoriser des façons durables de vivre et de travailler à l’intérieur des environnements bâtis.

Cette démarche de coopération internationale a lieu tous les 3 ans. La première conférence se déroula en 1998 à Vancouver. En 2000 la conférence eut lieu à Maastricht, en 2002, à Oslo, puis à Tokyo en 2005, et se tenut finalement en Australie en 2008. Elle accueille des milliers de délégués et s’adresse principalement aux architectes, ingénieurs, développeurs commerciaux et propriétaires. C’est l’occasion, pour les nombreux pays invités, de présenter les principales réalisations développées à l’intérieur de leurs frontières.