Le revêtement de sol peut prétendre à des atouts verts tout en présentant divers impacts négatifs. Aux matériaux qui peuvent présenter de forts impacts sur l’environnement et la santé viennent s’ajouter les peintures, produits d’obturation et autres adhésifs nécessaires à certains matériaux. Il peut être un grand facteur de pollution de l’air intérieur, et encombrer les sites d’enfouissement. Selon une étude réalisée par Quantis en 2009, les planchers sont même les éléments avec le plus grand impact climatique sur le cycle de vie d’une maison!

Plusieurs revêtements de planchers sont connus pour avoir une très bonne durabilité tout en étant sains et pas nécessairement plus dispendieux: les planchers de bois franc, bien sûr (du bois franc local, certifié FSC ou encore issus de l'abattage d'arbres urbains en fin de vie), mais aussi le marmoléum, le béton, les ardoises. Mais que choisir?

Avant de remplacer un plancher existant, on pense à le remettre à neuf si possible, c'est beaucoup plus écologique! Les planchers de bois francs peuvent être sablés plusieurs fois avant d'être remplacés. Règle générale, si on souhaite installer un plancher neuf, on tente de trouver un matériau de source locale, sain, durable et de provenance recyclée (ou à tout le moins FSC). 

ATTENTION ! Il ne faut pas sous-estimer l’importance du sous-plancher. Créer un plan structurel solide permet de niveler une surface irrégulière ou peu solide et de fournir une surface plane sur laquelle déposer les couches de revêtement. Un sous-plancher permettra aussi de séparer le revêtement d’une dalle de béton humide et ainsi éviter des problèmes d’humidité et de moisissure.

Études comparatives

*Les prix datent de 2019. Ces prix ont augmenté, mais tous de la même façon, cela n’affecte donc pas la conclusion.

 

Revêtements de planchers

Superficie = 1m2

Bois franc huilé

Liège

Marmoléum

Bois stratifié

Durée de vie (années)

+ de 60 ans

25

30

20

$/p2 (installation incluse)

 10

7

10

7

Consultez l'étude ANALYSE PREVISIONNELLE DE DIFFÉRENTS CHOIX DE REVÊTEMENTS, réalisée par Écohabitaton. Les prix dates de 2019. 

 

tableau revêtements plancher

*Notez que les coûts d'entretien, sur une base d'environ 10 ans, sont négligeables pour le bois huilé.

Détail des différents revêtements

Le bois massif

Un bois embouveté qu’on utilise tel quel. D’une grande beauté naturelle, le bois est confortable et très durable. Il est facile d’en trouver du régional et sain (chêne, érable, merisier, frêne, hêtre, noyer), voire certifié FSC. Mais outre la provenance du bois, il faut porter beaucoup d’attention au lieu de fabrication: certaines essences locales sont transformées en Chine... Le bois fait donc un long aller-retour. À éviter: les essences issues des forêts tropicales, telles que le merbau ou l’acajou.

Il se pose facilement et est facile d’entretien. Il peut être entretenu par sablages à répétition et durer des décennies. Le nec plus ultra? Le plancher de bois massif récupéré, offert chez plusieurs fournisseurs.

Très important : on préférera un fini à l’huile plutôt qu’un vernis. Il est possible de poncer, sabler et huiler soi-même (avec une huile naturelle) un plancher de bois usé pour lui redonner toute sa splendeur. Il est également possible de réparer de petites sections ou de remplir des trous. Les spécialistes possèdent généralement des inventaires de planches en prévision de ces travaux, bien qu'il soit assez difficile de retrouver la même teinture. Consultez notre vidéo pour plus de détails sur l'application d'une huile de finition.

P.S. Pour le bambou, faites attention aux colles d’urée-formaldéhyde souvent posées dessous, et optez encore une fois pour un fini huilé plutôt que vernis.

Le liège

Incroyable mais vrai: les planchers de liège sont fabriqués grâce aux déchets de la production des bouchons du même nom. Naturel, à croissance rapide et souvent fait de matière recyclée, le liège est confortable pour les pieds, isolant, insonorisant, résistant aux chocs, aux taches, facile d’entretien, hypoallergénique, ignifuge, imputrescible et facile à poser. Le liège peut être traité avec une huile naturelle ou avec un vernis à base d’eau de qualité.

Il faut rechercher les revêtements de liège faits de liants naturels (et éviter ceux à base de PVC ou d’urée-formaldéhyde) et s’assurer que le liège choisi provient bien de l’écorce d’un chêne-liège (et qu’il n’est pas un substitut à base de plastique).

Attention ! Le plancher de liège est souvent vendu sous forme de plancher flottant avec endos en panneaux de fibre haute densité (HDF) qui contient des COV. Bref, il faut choisir un liège pur, non pas flottant !

Le linoléum

Le linoléum, souvent connu sous le nom de Marmoleum (produit de la compagnie FORBO) est fait d’une toile de jute imperméabilisée à l’huile de lin, à la poudre de bois ou au liège, qui se fixe au sol grâce à une colle (attention aux colles utilisées, choisir les modèles à très faibles émanations de COV). La matière première du linoléum est donc à croissance rapide, et le produit souvent fait de matières recyclées.

Il résiste aux chocs, aux bosselures et à la moisissure. Il est facile d’entretien, anti-allergène et antibactérien. Par contre, il n’est jamais régional et nécessite une couche de protection. Sa pose en rouleaux doit être réalisée par un spécialiste. Il est aussi possible de le poser en carreaux (plus facile pour le bricoleur averti).

Attention ! À ne pas confondre avec les tuiles de vinyle ou le prélart, en polychlorure de vinyle (PVC).

Le béton

Autant structural que de finition, le béton est idéal si notre maison a un fondation de type dalle sur sol! Polyvalent, le béton fourni une bonne masse thermique très résistante, facile d’entretien et recyclable.

Il est toujours mixé régionalement, et comme ce matériau est inerte, il n’émet pas d’émanations toxiques. Avec une bonne finition, il est donc très sain! Faites un pas de plus et optez pour du béton plus écologique (béton ternaire) dans lequel des rebuts post-industriels remplacent environ 30 % du ciment.

Il peut être protégé et teint grâce à un densificateur ou encore à une huile naturelle pour planchers de bois. Ils suffisent à sceller le béton tout en créant un fini très intéressant.

Le bois d'ingénierie (contrecollé)

Le bois d’ingénierie est composé de plusieurs couches de bois mince collées ou de fibres haute densité, assorties d’une mince couche de bois franc en surface. Il est facile à installer, solide, stable et résistant à l’humidité. On peut en trouver du régional, de provenance recyclée ou FSC.

La version saine est plus difficile à trouver puisqu’elle contient des colles à base d’urée-formaldéhyde. Il faut se méfier des sous-couches, souvent un contreplaqué provenant de Chine ou de Russie, et opter pour un contreplaqué (plywood) domestique. Dans tous les cas, optez pour une version certifiée CARB Phase II, ou sans ajout d’urée-formaldéhyde (NAUF).

Comme la couche de vrai bois franc est mince, le plancher ne survivra pas plusieurs ponçages dans le temps. Pour cette raison, on choisit les planchers d’ingénierie pré-huilés plutôt que pré-vernis. La plupart sont embouvetés pour être des planchers flottants fixés sans clous.

Il faut éviter les bois d’ingénierie avec HDF à l’endos. Ce dernier contient beaucoup d’urée formaldéhyde et sera susceptible au gonflement.

LA CÉRAMIQUE ET LE CARRELAGE

Les carreaux (céramique, porcelaine, grès, ardoise, granite, travertin, limestone - pierre calcaire) sont naturels et sains. Très durables, polyvalents et résistants à l’usure, à l’humidité, à la moisissure, aux égratignures, aux taches et aux bosselures, les carreaux présentent aussi une bonne masse thermique.

Toutefois, les carreaux de céramique exigent beaucoup d’énergie pour la cuisson, peuvent être froids pour les pieds et peuvent se démoder rapidement. Il est aussi très difficile d’en trouver composés de matières recyclées.
La pierre naturelle ne requiert pas d’énergie pour la cuisson, donc le bilan énergie grise est souvent plus favorable que la céramique. Par contre, l’ardoise et le travertin, par exemple, nécessitent la pose d’un scellant en plusieurs couches et l’utilisation de scies à eau pour la coupe, ce qui augmente le prix de la pose de façon importante.

Préférez les produits provenant d’un fabricant régional, tel que l’ardoise du Bas-St-Laurent ou du Vermont, et utilisez du ciment-colle en mortier enrichi et du coulis à faible teneur en COV.

Attention ! Nous déconseillons le marbre. Il existe des choix locaux plus intéressants et moins chers.

ON NE POSE JAMAIS

Stratifié (plancher flottants)

Le coeur des planchers flottants (aussi appelés laminés) est fait de fibres de bois très peu durables collées ensemble avec une résine qui peut renfermer de l’urée-formaldéhyde. Sur ces coeurs sont collées des couches décoratives qui sont elles-mêmes recouvertes de vinyle. Ce genre de sol n’est pas durable (difficile, voire impossible, à réparer en cas de bris), émet des COV et n’est pas recyclable.

Tapis mur à mur (moquette)

Souvent faite de produits pétroliers ou de fibres synthétiques non biodégradables, la moquette contient généralement de nombreuses substances chimiques toxiques: teintures, liants, agents antitaches, adhésifs et produits ignifuges. Moins durable que les autres revêtements, elle est peu recyclable.

Vinyle

Ce matériau de polychlorure de vinyle (PVC) est parmi les plus répandus dans l’industrie de la construction et constitue l’ingrédient principal de nombreux revêtements de sol. Peu coûteux, plusieurs l’adoptent, mais il présente une très forte énergie grise, est polluant, non durable, toxique lors de sa fabrication ou son incinération, et est difficilement recyclable.

Bois tropical

Le bois tropical est synonyme de déforestation des forêts primitives… Son bilan carbone est très lourd et ses impacts sur la biodiversité sont majeurs et irréversibles. Vraiment, il faut s’en passer!

Le bon plancher au bon endroit

Sous-sol

Un sous-sol présente des risques de plus hauts taux d’humidité, voire d’inondations. On opte donc pour un plancher particulièrement durable et résistant à l’humidité et à l’eau. On évite les planchers en matière organique (bambou, bois) en privilégiant les planchers à base minérale ou encore le liège et le marmoléum (ils sont 100 % végétal mais très résistants).

Le nec plus ultra au sous-sol? Le béton ! Sous le revêtement choisi, on n'oublie surtout pas le pare-vapeur de polyéthylène ou autre pare-gaz et bris capillaire.

Salle de bain et cuisine

Même si c'est à la mode, on évite de poser du bois dans ces pièces qui affichent de hauts taux d’humidité et des éclaboussures fréquentes. Le couvre-plancher à base minérale s’avère être le meilleur choix.

Pièces de vie

Aux étages, tout se met ! On choisit le plus écolo et le plus durable.

Entrée

Ce n'est pas pour rien que la pièce d'entrée de côté est appelé mud room, en anglais ! Le plus pertinent est d’opter pour les revêtements minéraux. Ils résisteront mieux aux débris et traces d'eau, aux passages fréquents et aux changements de température.