Dans un récent article d’Écohabitation, on vous informait sur les différents éléments à prendre en compte afin de bien choisir son terrain... C’était sans compter l’option des terrains gratuits. 

Pour contrer l’exode rural, de nombreuses municipalités à travers tout le Canada ont choisi de mettre en place d'anciennes politiques de revitalisation: donner des terres à des familles afin que celles-ci les cultivent. Plusieurs territoires à travers le pays ont ainsi été peuplés! Des décennies plus tard, on voit un regain de cette pratique: les terrains sont donnés ou cédés à des coûts dérisoires (souvent 1 $) pour faciliter le retour des familles dans les petits villages.

Les opérations séduction réussies

Le cas de Saint-Louis-de-Blandford, une petite municipalité d’environ 900 habitants située dans la région du Centre-du-Québec, a été mis en vedette dans un article sur le portail Radio-Canada. En réponse à l’exode des jeunes vers les centres urbains, la Capitale de la Canneberge (son centre d'interprétation est réputé) a acquis une terre en 2013, puis divisé en 40 lots. Les terrains ont été offerts gratuitement aux familles qui acceptaient d’y construire leur maison d’une valeur minimale de 125 000 $. Le succès a été si grand qu’un CPE a dû ouvrir ses portes!

Même chose du côté d’Aston-Jonction. En 2007, la municipalité qui comptait 450 habitants a offert une dizaine de terrains prêts à construire a des familles et jeunes couples. La menace de fermeture de l’école primaire a motivé cette démarche. Même problématique du côté de East Hereford: en 2015, le déclin de la population menaçait de fermer l’établissement d'éducation, le maire avait donc décidé d’offrir 5 terrains pour accueillir de nouvelles familles et repeupler les bancs de l'école.

Municipalité de East Hereford, en Estrie © easthereford.ca

Ailleurs, des municipalités tel que Reston, au Manitoba, ont offert des terrains à bas prix. Cette dernière a vendu ses terrains 10 $, ce qui a permis de faire gonfler sa population de 10 % en moins de deux ans ! 

La municipalité régionale de Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse © Dan Maclean

Sur la côte Atlantique, c'est la communauté de Whycocomagh, dans la municipalité régionale de Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, qui s'est illustrée. Les deux propriétaires d'un commerce local, The Farmer's Daughter Country Market, offraient en 2016 des emplois de boulanger, cuisinier, rénovation, caissier... ainsi que deux acres de terre à chacun! L'originalité de cette opération séduction a attiré plus de 70 000 candidatures du monde entier. Jusqu'à ce jour, trois familles sont arrivées. Les conseillers municipaux ont bien sûr été très enthousiastes par cette initiative privée, et espèrent que cette idée pourra inspirer d'autres entreprises pour maintenir le tissu économique régional.

Un succès appréciable

La plupart des municipalités citées a rapidement légué tous ses terrains, et chacune a pu mesurer l'ampleur du bénéfice. Car pour une municipalité qui compte moins de 500 habitants, l’arrivée de quelques nouvelles familles est énorme! Maintenir des classes, ou même les écoles ouvertes, faire survivre des petits commerces, ainsi que renflouer les caisses municipales pour offrir des services adéquats aux citoyens... Autant de réussites très enviables pour beaucoup.

L’augmentation de la population permet aussi de réduire les coûts de services municipaux, et donc les taxes par habitant. Et si le retour dans les centres ruraux perdure, le redéploiement économique local peut s'en faire ressentir positivement.

Pas non plus une recette magique

Cependant, selon Bill Reimer, professeur à l’université Concordia, cette tactique pourrait jouer des tours. Tel qu’il le soulignait dans l’article de Radio-Canada cité plus haut « les maires ne devraient pas dépendre sur ces nouveaux revenus à long terme […]. La plupart des études qui examinent les effets à long terme pour les communautés indiquent que ces politiques finissent par être plus coûteuses que ce qu’elles rapportent ». La prudence est donc de mise lors de la stratégie de ces opérations de revitalisation.

Enfin, il faut prendre en compte le fait qu'un terrain gratuit n'est pas pou autant synonyme de liberté complète. Les municipalités ont chacunes leurs exigences et particularité: certaines demandent la construction de maisons avec une certaine valeur, dans l’année, d'autres exigent que ce soient des familles qui s'installent. Et si parfois les lots sont raccordés à l’aqueduc et aux égouts, ce n'est pas le cas pour toutes ; un des nobreux facteurs à prendre en compte pour les nouveaux arrivants!

 

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